Foire & Salon

Art contemporain

Art Brussels dans la classe mi-lourds

Par Alain Quemin · Le Journal des Arts

Le 10 avril 2013 - 724 mots

La foire belge annonce une 31e édition sérieuse à laquelle fait toutefois encore défaut la présence de grands noms du marché.

BRUXELLES - La nouvelle Jérusalem. Voilà l’image qui vient à l’esprit quand on discute de la capitale belge avec les collectionneurs français. Ils sont nombreux à avoir décidé de s’installer en Belgique pour fuir les rigueurs de la fiscalité française à l’égard des plus fortunés, et certaines galeries parisiennes n’ont pas manqué de les accompagner en ouvrant une antenne à Bruxelles, à l’instar d’Almine Rech ou de Nathalie Obadia. Avec un bel ensemble de musées, dont certains programment des expositions d’art contemporain, un centre d’art, le Wiels, de plus en plus en vue, un réseau de galeries sérieuses qui travaillent dans la durée et une foire, Art Brussels, reconnue internationalement, Bruxelles fait beaucoup plus que tenir son rang.
La structuration de l’offre proposée par Art Brussels est très lisible, puisque la foire est divisée en trois ensembles : les galeries établies ; la section « Young talent » pour celles qui promeuvent essentiellement des artistes « émergents » et, enfin, la section « First call » composée de quatorze jeunes galeries participant à la foire pour la première fois et desquelles est attendu un programme particulièrement audacieux.

Ce qui frappe le plus lorsque l’on examine la liste des 187 participants, c’est la réelle diversité des pays représentés et l’équilibre entre ceux-ci. Contrairement à nombre de foires dites internationales qui peinent à se détacher de leur propre pays, les galeries belges ne pèsent que pour 25 % des participants (14 % pour la seule ville de Bruxelles). En termes d’effectifs représentés, la foire apparaît très européenne et ouverte à la diversité parmi les différents pays importants du marché. La France cependant, avec pas moins de 26 galeries participantes, soit 14 % des effectifs, l’emporte nettement parmi les pays étrangers, devant l’Allemagne (la plupart des galeries viennent de Berlin) et l’Italie (8,5 % des galeries chacune), la Grande-Bretagne (5 % des galeries) suivie, à égalité, de la Suisse, de l’Espagne et de l’Autriche (4 % chacune). Ajoutons un contingent de cinq galeries néerlandaises, d’autres venues de Suède, de Grèce, du Luxembourg et encore d’autres pays d’Europe, et la dimension continentale est franchement affirmée. Seule réelle exception, la présence des États-Unis est élevée avec 21 galeries, soit 11 % des participants. Une réserve en la matière tient à la difficulté à attirer les poids lourds du marché : certes, les new-yorkaises Marian Goodman et Barbara Gladstone sont bien là, mais c’est parce qu’elles possèdent également des antennes en Europe – à Paris pour la première, à Bruxelles pour la seconde – qui leur permettent d’amoindrir le coût d’une participation à une foire en Europe qui n’est pas celle de Bâle, ni même Frieze à Londres ou la Fiac à Paris. Par les temps qui courent, faire participer plus de vingt galeries américaines constitue toutefois une prouesse, lorsque l’on compare, par exemple, cette performance avec la dernière édition d’Arco, à Madrid, où elles ne se comptaient guère que sur les doigts d’une main.

Attirer les poids lourds
Parmi les galeries influentes, on citera les français Perrotin (implanté aussi à Hongkong et bientôt à New York), Daniel Templon (Paris) ou Lelong (Paris, New York, Zurich). Ce dernier, outre une présentation importante d’œuvres de Jane Hammond, montrera un bronze de Jaume Plensa, tandis que Nathalie Obadia amorce à cette occasion sa collaboration avec la peintre afro-américaine Mickalene Thomas. Relevons également la présence du milanais A arte Studio Invernizzi ou encore de l’autrichienne Krinzinger. Gageons que la galerie Marlborough (Londres, New York…), qui a connu son heure de gloire mais dont les récents stands sont devenus des plus décevants, saura se ressaisir. Plus que sur l’équilibre entre pays participants, c’est désormais sur la réputation des galeries que doit porter l’effort des organisateurs d’Art Brussels pour attirer plus de poids lourds du marché, américains, allemands, britanniques et suisses en particulier.
La foire de Bruxelles est connue pour la qualité de l’accueil sur les stands. Celle des œuvres proposées et les transactions seront-elles à l’avenant ? Réponse dans quelques jours.

ART BRUSSELS

Directrice artistique : Katerina Gregos
Nombre de visiteurs en 2012 : 31 631

Du 18 au 21 avril, Brussels Expo, palais 1 et 3, place de Belgique 1, Bruxelles, 12h-22h le 18 avril, 12h-19h du 19 au 21 avril, www.artbrussels.com

Légende photo

La foire Art Brussels, lors de son édition 2012 - © Photo Art Brussels.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°389 du 12 avril 2013, avec le titre suivant : Art Brussels dans la classe mi-lourds

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