Art antique et ancien

Tefaf consolide sans éclat

Par Armelle Malvoisin · Le Journal des Arts

Le 10 avril 2013 - 779 mots

De belles ventes ont été conclues, mais la foire a été plus difficile pour de nombreux exposants.

MAASTRICHT - Après un vernissage contrarié par la neige qui a empêché la venue d’un certain nombre d’amateurs d’art, les organisateurs de Tefaf (The European Fine Art Fair) se sont malgré tout réjouis d’une édition, organisée du 15 au 24 mars, auréolée de belles ventes. « Il est extrêmement satisfaisant de constater que, malgré le contexte économique défavorable, les ventes, et en particulier celles des plus belles œuvres présentées ici, sont conséquentes », a conclu le président Ben Janssens.

La peinture ancienne a marqué des points avec Les Trois Sorcières (1785-1787) de Johann Heinrich Füssli, variante du tableau accroché au Musée d’Orsay à Paris, emportée en fin de foire sur le stand de Noortman (Londres) par un particulier européen pour 1,4 million de dollars (1 million d’euros). Chez Otto Naumann (New York), la vente pour 4,9 millions de dollars de la toile monumentale La Naissance de la Vierge (vers 1681-1682) signé Carlo Marrata s’est confirmée dans les derniers jours. Achetée 2 millions de livres sterling (2,5 millions d’euros) quatre mois plus tôt à Londres chez Christie’s, La Rencontre d’Ulysse et Nausicaa de Jacob Jordaens a trouvé preneur pour 4,2 millions de livres sterling (4,9 millions d’euros) chez Johnny Van Haeften (Londres), qui a également vendu un Paysage de montagne avec saint Jérôme (1592) de Paul Bril au musée hollandais Mauritshuis de La Haye pour 1,1 million d’euros.

Le Met fait son marché
Un amateur a dépensé plus d’un million d’euros chez Jean-Luc Baroni (Londres) pour décrocher Cléopâtre et le serpent (début XVIIIe) par le Vénitien Sebastiano Ricci. À la galerie Koetser (Zurich), l’huile sur bois Alexandre et Roxane par Pierre Paul Rubens a été cédée pour un montant non communiqué – mais assurément élevé, tout comme la composition romantique illustrant La Tombe de Virgile au clair de lune (1779) par Joseph Wright of Derby, exposée par la galerie Matthiesen (Londres) et partie au Metropolitan Museum of Art à New York.
Dans la section moderne, la galerie bruxelloise Odermatt-Vedovi a vendu tous les jours, notamment un tableau de Christopher Wool de la série des « Fleurs » qui fut demandé par plusieurs amateurs, une sculpture en céramique de Lucio Fontana, un mobile Blanc et noir (1962) de Calder et une gouache de René Magritte.
Le collectionneur américain Ronald Lauder a acquis le tableau Homme au chapeau (1964) de Pablo Picasso chez Van de Weghe Fine Art (New York), qui a aussi cédé un paysage de Vallauris de 1953 du peintre et l’œuvre majeure The Den (1962) de Roy Lichtenstein. Pour la galerie parisienne Applicat-Prazan, le salon a été correct grâce à des œuvres signées Serge Poliakoff, Pierre Soulages et Hans Hartung.

Plusieurs exposants de la section design ont aussi tiré leur épingle du jeu, notamment la galerie new-yorkaise Sebastian Barquet qui s’est séparée de pièces du designer américano-japonais George Nakashima auquel elle consacrait un solo show. La galerie Downtown (Paris) s’est quant à elle dessaisi de meubles de Charlotte Perriand, de luminaires de Serge Mouille ainsi que de rares créations de Carlo Mollino (un porte-bûches en marbre et un grand plafonnier).
La galerie L’Arc en Seine (Paris) présentait l’un des plus beaux stands de la foire, aménagé avec du mobilier Art déco de Jean-Michel Frank (un bureau et une table basse gainés de galuchat), de Pierre Chareau (une paire de fauteuils et un tabouret) et de Paul Dupré-Lafon (une grande console au plateau paré de cuir rouge Hermès), qui ont tous trouvé preneurs. Par ailleurs, Bernard De Grunne (Bruxelles) a fait forte impression avec sa vingtaine d’ivoires Lega du Congo, la plupart historiques et référencés, dont il a cédé rapidement la moitié des pièces. Mais les 265 exposants sont loin d’avoir tous bien travaillé. Beaucoup indiquaient un niveau de ventes très moyen.

Conquérir la Chine
Pendant la foire, les organisateurs ont officiellement annoncé étudier « la possibilité de s’étendre en Chine, grâce à un partenariat avec la joint venture de Sotheby’s à Beijing », une stratégie de développement qui a surpris et inquiété nombre de marchands tant sur le fond que sur la forme. « Je leur souhaite bon courage pour gérer les 25 % de frais de douane en Chine, la question de la législation sur les importations qui n’est pas au point et le problème de l’exportation de l’argent qui est limitée, sans compter le port franc qui n’est pas encore construit ! », nous a déclaré le marchand d’art chinois Christian Deydier, président du SNA (Syndicat national des antiquaires) qui organise la Biennale des antiquaires à Paris et souhaite créer des antennes à New York, Moscou et Hongkong en 2014

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°389 du 12 avril 2013, avec le titre suivant : Tefaf consolide sans éclat

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