Portrait d'objet - La coiffeuse « Chandlo »

Né(e) coiffé(e)

Par Christian Simenc · Le Journal des Arts

Le 13 mars 2013 - 446 mots

Il suffit de prononcer le mot « coiffeuse » pour être aussitôt relégué au rayon de la suprême ringardise. Détrompez-vous, ce vocable n’est pas aussi désuet qu’il en a l’air.

Cette « petite table de toilette munie d’une glace devant laquelle les femmes se coiffent, se fardent… » (dixit Le Grand Robert), peut au contraire être un meuble bien actuel. À preuve : ce nouveau modèle baptisé Chandlo et imaginé pour la firme espagnole BD Barcelona par les designers Nipa Doshi (Bombay, Inde) et Jonathan Levien (Elgin, Écosse).

Ladite coiffeuse arbore un plateau sur lequel sont disposés, telles des sculptures, trois éléments géométriques autonomes : un miroir teinté de biais, un miroir circulaire et un cylindre bas en noyer, qui fait office de coffre à bijoux. Mais le plus étonnant, dans ce meuble, c’est qu’il n’affiche ni avant, ni arrière. L’objet a, en effet, été pensé pour être regardé de tous les côtés. « Notre intention était de créer une composition entre les divers éléments de ce projet, sans toutefois qu’ils soient en contact les uns avec les autres, expliquent Doshi et Levien. Pour conserver cette simplicité, nous avons dissimulé les différents procédés techniques qui permettent de maintenir droit chacun de ces éléments. Là est le grand défi de ce meuble. »

Selon les deux designers, les formes abstraites ainsi que les couleurs de Chandlo leur ont également été influencées par certains travaux du Bauhaus et du groupe De Stijl, citant volontiers des artistes comme Hans Richter, Max Burchartz, Theo Van Doesburg et El Lissitsky. La pièce maîtresse est à n’en point douter ce grand miroir circulaire central. Pour peu, il semblerait pouvoir rouler sur la tranche à tout moment. Celui-ci s’inspire du fameux bindi, ce point fait de poudre rouge – curcuma ou safran – que les Hindouistes dessinent sur le front, entre les sourcils, et qui symbolise, notamment, Lakshmi, la déesse de la prospérité. Le mot Chandlo signifie également « en forme de Lune », que l’on imagine pleine évidemment.

Nipa Doshi, 41 ans, et Jonathan Levien, 40 ans, se sont rencontrés à Londres, au Royal College of Art, puis ont ouvert en 2000, toujours dans la capitale anglaise, leur propre agence, baptisée tout simplement « Doshi/Levien » (www.doshilevien.com). Depuis, les projets s’enchaînent. Pour le chausseur espagnol Camper par exemple, le tandem vient d’agrandir la collection « Twins Artista » pour cette saison printemps/été 2013. Les trois nouveaux modèles – deux femmes et un homme – qu’ils ont créés mixent avec subtilité effets métallisés, détails estampés et imprimés géométriques. Comme pour la coiffeuse Chandlo, ils usent du graphisme avec un art certain.

Doshi/Levien, coiffeuse Chandlo, BD Barcelona Design, 7 226 € (TVA non incluse).

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°387 du 15 mars 2013, avec le titre suivant : Portrait d'objet - La coiffeuse « Chandlo »

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