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La culture avec un petit T

Par Daphné Bétard · Le Journal des Arts

Le 12 février 2013 - 558 mots

La chaîne de télévision Public Sénat vient de lancer une nouvelle émission dédiée à la création d’aujourd’hui. Le résultat n’est pas à la hauteur des ambitions affichées.

L’accroche de la nouvelle émission de la chaîne de télévision Public Sénat était pour le moins alléchante : une émission de « tous les arts, dans tous les Territoires », d’où son nom, « Culture T ». Présenté par Jean-Philippe Lefèvre, ce programme quinzomadaire conçu comme une escale dans une ville de France pour y rencontrer ses artistes et créateurs n’est pas vraiment à la hauteur des ambitions affichées. L’émission se concentre sur deux ou trois personnalités seulement, sans évoquer la scène artistique locale dans son ensemble. Elle reprend le créneau horaire et s’inscrit dans la lignée de la précédente émission de Jean-Philippe Lefèvre qui s’arrête après huit années d’existence, et était entièrement consacrée à la bande dessinée. Mais là où « Un monde de bulles » innovait en donnant la parole à des auteurs de BD quasiment absents du petit écran, « Culture T » répète la formule précédente quand il aurait fallu en élargir les horizons.
 
Les deux premiers numéros, enregistrés au Havre puis à Strasbourg, font la part belle au monde du graffiti et à celui de la bande dessinée. Au Havre, l’émission propose une rencontre avec l’auteur de BD Riff Reb’s, le groupe de rock Little Bob et le graffeur Jace, connu pour ses petits personnages, les « gouzous », qui ont envahi les murs du monde entier. À Strasbourg, la parole est donnée au pâtissier Pierre Hermé, au graffeur Rensone et au dessinateur Cyril Bonin, auteur de la série Fog. Choisi pour plateau d’enregistrement, le Musée d’art moderne et contemporain de la Ville sert de décor au lancement des reportages sans que la caméra ne s’arrête un instant sur les œuvres présentées. L’établissement, qui vient de renouveler l’accrochage de ses collections permanentes, aurait pourtant constitué le cadre idéal pour évoquer la scène strasbourgeoise et citer des artistes comme Sarkis ou le peintre Daniel Schlier, liés à l’histoire de l’École des arts décoratifs de Strasbourg…

« Coups de cœur »
Il faut cependant saluer le format de cette émission qui prend le temps de laisser s’exprimer ses invités, dans une ambiance conviviale et intimiste, sans les interrompre ou les couper au montage pour les besoins de formats conçus comme des spots publicitaires. En conclusion de cette demi-heure culturelle, une personnalité politique est invitée, dans la rubrique « Politiqu’Art », à donner son « coup de cœur » pour une œuvre. Fabienne Keller, sénatrice du Bas-Rhin, a choisi les espaces conçus en 1928 par Jean Arp et son épouse Sophie Taeuber à l’Aubette, tandis que la sénatrice de Seine-Maritime Catherine Morin-Desailly a retenu le Livre des Fontaines (1525), conservé à la bibliothèque de Rouen. Mais les questions basiques qui leur sont soumises – « qu’aimez-vous dans l’art ? » ou « la politique est-elle un art ? » – ne permettent pas aussi facilement de sortir des sentiers battus. Il aurait été plus intéressant de poser des questions d’actualité. Gageons que les émissions suivantes creusent un peu plus les multiples possibilités qu’offrent les scènes artistiques de nos Territoires...

Culture T, (30 min), sur Public Sénat, un vendredi sur deux à 23 heures. Prochaine émission le 22 février (accès gratuit 24 heures après la première diffusion sur www.publicsenat.fr).

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°385 du 15 février 2013, avec le titre suivant : La culture avec un petit T

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