Musée

Cité muséale

Le Musée du Septennat voit l’avenir en rose

Par Jean-Christophe Castelain · Le Journal des Arts

Le 12 février 2013 - 796 mots

CHÂTEAU-CHINON

À l’approche de la célébration du centenaire de la naissance de François Mitterrand, le Département de la Nièvre voudrait donner un nouveau souffle au Musée du Septennat.

Le musée du Septennat à Château-Chinon. © Photo E. Darnault / CG58
Le musée du Septennat à Château-Chinon.
© Photo E. Darnault / CG58

CHATEAU-CHINON -  L’avenir du musée qui abrite les cadeaux présidentiels de François Mitterrand à Château-Chinon (Nièvre) va-t-il s’éclaircir ? C’est en tout cas ce qu’espère son conservateur, François Martin, qui travaille depuis des années sur l’idée d’une « cité muséale » dont le projet scientifique et culturel vient enfin d’être validé par la direction des Patrimoines du ministère de la Culture. Voulu par l’ancien président de la République quatre ans après son arrivée à l’Élysée, le Musée du Septennat, logé dans un ancien couvent du XVIIIe siècle rénové par l’architecte Jean-Jacques Fernier, attirait pourtant dès son ouverture en 1986 près de 100 000 visiteurs par an, avant d’enregistrer une baisse continue de sa fréquentation. Celle-ci s’élevait ainsi à 16 000 entrées en 2012 (et non pas à 5 400 comme nous l’avions publié par erreur dans le Palmarès des musées).

En cause, de multiples raisons, à commencer par la disparition de François Mitterrand en 1996 (cette année-là, le musée recevait encore 78 000 visiteurs). La figure historique de celui qui fut aussi maire de la ville de 1959 à 1981 compte naturellement pour beaucoup dans l’afflux des touristes. Car ce n’est pas sur la population locale, totalisant environ 2 000 habitants, que peut compter le musée. Une population qui diminue à mesure que les entreprises locales ferment. Les moyens alloués au musée, géré par le Département, sont dérisoires. François Martin doit se partager entre le Musée du Septennat, celui du Costume, adjacent, et le service des musées et du patrimoine du conseil général de la Nièvre. L’enveloppe budgétaire de quelque milliers d’euros permet à peine d’organiser des expositions-dossiers.

Château-Chinon et les environs proches drainent pourtant 200 000 touristes, principalement l’été, un tourisme populaire de campeurs. Ce bassin de visiteurs potentiels monte à 1,4 million de personnes si l’on prend en considération le Morvan. Mais encore faut-il améliorer l’attractivité du musée. D’où l’idée de la « Cité muséale de Château-Chinon », qui regrouperait les deux musées et l’actuelle Maison du Morvan. L’acquisition de ce troisième bâtiment permettrait l’aménagement d’un site d’accueil, ouvert vers le centre historique, alors que l’entrée des deux musées « tourne le dos à la ville », selon François Martin. Le positionnement des collections serait revu avec un double fil conducteur, d’une part apparat (les cadeaux présidentiels) et apparence (le costume), de l’autre la biographie de l’illustre donateur.

Cadeaux protocolaires
L’intention est d’évoluer d’un musée d’arts décoratifs vers un musée d’histoire. La scénographie ne serait pas fondamentalement bouleversée mais devrait mieux servir le nouveau propos. Il s’agit en particulier de répondre aux nombreuses questions que posent les visiteurs sur les cadeaux protocolaires. Il ne faut pas se méprendre sur la nature des objets exposés, ce n’est pas une collection de beaux-arts mais d’objets de curiosités, certains étant d’ailleurs très kitsch malgré une sélection opérée parmi les 4 300 numéros. François Mitterrand avait réparti ses cadeaux (diplomatiques mais aussi venant de particuliers) entre Château-Chinon, Jarnac (Charente) pour les maquettes d’architecture, la médiathèque de Nevers (Nièvre) pour les 18 000 livres et le Musée d’art et d’histoire Romain-Rolland de Clamecy (également dans la Nièvre) pour les tableaux reçus.
Le public, toujours fasciné par le pouvoir, devrait donc avoir un éclairage sur le protocole des cadeaux ainsi que sur les quelque 200 voyages à l’étranger de l’ancien président, ceci à l’aide de dispositifs numériques et audiovisuels dont serait nouvellement doté le musée.
 
Rattachée un peu artificiellement, la section costumes, forte de 5 000 numéros, constituée à partir de l’acquisition de la collection Dardy et abritée dans un hôtel particulier du XVIIIe siècle ouvert au public en 1992, n’est pas sans intérêt et satisfait le public populaire. Le projet envisage également le réaménagement des lieux afin de gagner un espace de 150 m² dévolu à des expositions temporaires. Le coût global, qui n’a pas encore été chiffré exactement, se situe entre 2,5 et 4 millions d’euros. Une somme raisonnable, qui reste dans l’esprit de son instigateur, lequel, contrairement au Grand Louvre, avait exigé pour Château-Chinon un budget économe. Le financement n’est pas encore établi, mais selon François Martin, « il y a une conjonction propice des astres », puisque le président du conseil général, Patrice Joly, son vice-président en charge de la culture et la Ville de Château-Chinon, propriétaire des murs, sont favorables au projet. Un autre facteur devrait aider la « Cité muséale » : on célébrera en octobre 2016 la naissance de François Mitterrand, l’occasion parfaite pour, de nouveau, attirer les projecteurs sur Château-Chinon et son musée.

MUSÉE DU SEPTENNAT

6, rue du Château, 58120 Château-Chinon, tél. 03 86 85 79 23, jours et horaires variables selon saison.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°385 du 15 février 2013, avec le titre suivant : Le Musée du Septennat voit l’avenir en rose

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