3 questions à Robert Fohr

« Un mouvement ascendant depuis dix ans »

Par Jean-Christophe Castelain · Le Journal des Arts

Le 31 janvier 2013 - 378 mots

Robert Fohr dirige depuis 2006 la mission du mécénat au ministère de la Culture et de la Communication/département de l’Information et de la Communication.

Jean-Christophe Castelain : Quel a été l’apport principal de la loi du 1er août 2003 ?
Robert Fohr : Il y en a beaucoup, mais le plus immédiat a été, pour les entreprises, la possibilité de déduire 60 % du montant de leurs dons, et pour les particuliers 66 à 75 %, non plus du revenu imposable comme c’était le cas auparavant, mais de l’impôt dû proprement dit. Ces avantages, nettement accrus par rapport au régime antérieur, sont un véritable levier pour le développement du mécénat, même si cette démarche n’est évidemment pas motivée par la seule fiscalité, encore que la notion d’« impôt choisi » soit en elle-même attractive.

J.-C.C. : Comment expliquer la hausse continue du mécénat ?
R.F. : Il y a incontestablement un mouvement ascendant, régulier et solide depuis dix ans. Aujourd’hui plus de 25 000 entreprises et plus de 5,5 millions de foyers fiscaux recourent aux dispositions en vigueur. Pour les entreprises, ce n’est plus seulement une affaire d’image, c’est l’affirmation de valeurs et une ouverture au monde qui ont une forte résonance en interne comme dans le public… Un point essentiel pour l’avenir du mécénat est l’évaluation des projets soutenus. Nous devons être très attentifs à ce que l’intérêt général, le bien commun, soit au cœur de ces démarches.

J.-C.C. : S’agissant, spécifiquement du mécénat culturel, après la baisse de 2008, êtes-vous confiant pour l’avenir ?
R.F. : Il faut relativiser cette baisse car dans les établissements du ministère elle a été momentanée et n’a pas dépassé 20 %. En régions, les PME sont de plus en plus nombreuses à soutenir des projets de proximité, souvent en mécénat collectif. Et s’agissant des particuliers, le « mécénat populaire » se développe beaucoup, notamment dans le domaine du patrimoine. Sans oublier l’attrait grandissant exercé, via les réseaux sociaux, par le crowdfunding [financement alternatif, qui fait appel à la générosité collective des internautes] sur des sites spécialisés, et l’émergence des « jeunes mécènes ». J’y crois beaucoup pour la création et le spectacle vivant comme pour les musées. Sous réserve qu’on ne fragilise pas la législation, le mécénat culturel a de très beaux jours devant lui.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°384 du 1 février 2013, avec le titre suivant : 3 questions à Robert Fohr

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