Ventes aux enchères

Tableaux anciens

New York ouvre le bal des grandes ventes

Par Armelle Malvoisin · Le Journal des Arts

Le 15 janvier 2013 - 811 mots

Pour séduire de nouveaux riches acheteurs outre-Atlantique, les maisons de ventes ont tendance à gonfler les prix de la peinture ancienne.

NEW YORK - La saison new-yorkaise des ventes de tableaux anciens s’annonce particulièrement riche. Sotheby’s présentera les 29 et 30 janvier la collection de l’antiquaire italien Giancarlo Baroni, décédé en 2007, qui a transmis à trois de ses six enfants sa passion de marchand : Jean-Luc Baroni (Londres), Jean-François et Jean-Marc Baroni (Paris). « Nous aurions pu vendre sa collection nous-mêmes. Mais, afin d’éviter les conflits d’intérêts, nous avons pensé qu’une vente aux enchères était la solution la plus transparente », explique Jean-Luc Baroni.

La collection Baroni, qui se caractérise par le goût raffiné d’un homme très attentif à l’état de conservation des œuvres, devrait faire mouche. On notera un rare tableau de jeunesse du Greco, une Mise au tombeau influencée par le séjour du peintre à Venise, estimée 1 million de dollars (765 000 euros) ; une superbe vue de Venise par Bernardo Bellotto, estimée 800 000 dollars ; ou une belle toile caravagesque par le « pensionnaire de Saraceni » représentant un garçon pincé par une écrevisse, estimée 300 000 dollars. « Nous avons fixé des estimations attractives, mais pas dérisoires », précise Jean-Luc Baroni. Ce n’est pas le cas de la vente de prestige du 31 janvier où certaines estimations atteignent des niveaux de prix très élevés, appuyés par un marketing très offensif de Sotheby’s.

L’objectif est apparemment de toucher de nouveaux acheteurs fortunés dans ce domaine. Dans sa vente, Sotheby’s met en avant un spectaculaire tableau de Pompeo Batoni illustrant Susanne et les vieillards, estimé 6 à 8 millions de dollars et promu un peu à la manière d’un Munch ou d’un Rothko. « Connu pour ses portraits, Batoni est un bel artiste, mais il n’a jamais été un peintre majeur. Sa peinture n’a jamais atteint de tels sommets de prix », s’étonne un spécialiste du secteur. Signalons aussi un tableau monumental de Pietro Testa figurant Énée traversant le fleuve Styx, estimé 3 à 5 millions de dollars. « Ce prix est une pure folie, d’autant plus que le sujet est difficile ! », s’exclame un connaisseur. Estimé 6 à 8 millions de dollars, un portrait par Goya représentant le petit-fils de l’artiste semble également avoir été évalué au-delà du raisonnable. Reste un Christ bénissant de Hans Memling, pas vu sur le marché depuis sa vente à Drouot en 1859, estimé très correctement 1 million d’euros, peut-être parce que les œuvres de dévotion sont peu commerciales.

Un baron contesté
Moins spéculative, la vente du 30 janvier chez Christie’s comprend un superbe tableau de Jean Siméon Chardin figurant une Brodeuse, sur une estimation tout à fait justifiée de 3 à 5 millions de dollars, ainsi qu’une très belle Annonciation d’Annibal Carrache, estimée seulement 1,5 à 2,5 million(s) de dollars, et dont le prix final pourrait s’envoler au-dessus de 3 millions de dollars. On remarquera également un Portrait du maréchal Michel Ney par baron Gérard, estimé 250 000 à 350 000 dollars. Ce tableau a été vendu 87 500 euros à Drouot (SVV Binoche et Giquello), le 20 juin 2012, parmi d’autres souvenirs cédés par les descendants du maréchal d’Empire, mais sous l’attribution « école française du XIXe siècle » établie par l’expert René Millet. Ce dernier réaffirme que le tableau ne serait pas de la main de baron Gérard, même s’il a été exposé près de quarante-quatre ans sous cette attribution au Musée de l’armée à Paris.

« Bien que ce tableau soit d’une très belle facture, on n’y retrouve pas les caractéristiques picturales de l’artiste », argumente-t-il. Il le voit de la main d’un élève de Jacques Louis David qui pourrait être Jean Sébastien Rouillard. Christie’s ne semble pas partager cet avis. Dans sa vente « Renaissance », la maison offrira quelques joyaux du genre, à l’instar d’un rondo illustrant une scène intime touchante de Vierge à l’Enfant par Fra Bartolomeo, sur une estimation de 10 à 15 millions de dollars. On y trouve également pour 600 000 dollars un joli panneau du peintre primitif italien Taddeo di Bartolo représentant une scène de la vie des saints martyrs Côme et Damien. L’œuvre a été achetée 356 250 à Drouot le 15 décembre 2011 (SVV Binoche et Giquello, expert : René Millet), présentée alors comme un panneau d’« école italienne du XIXe siècle, dans le goût du XVe siècle » et estimée 1 200 à 1 500 euros.

TABLEAUX ANCIENS (PARTIE I) ET RENAISSANCE

Le 30 janvier à New York, Christie’s, tél. 01 40 76 85 88, www.christies.com

CHRISTIE’S, TABLEAUX ANCIENS
Expert : Nicholas Hall
Estimation : 19 à 30 millions de dollars (14,5 à 23 millions d’euros)
Nombre de lots : 42

CHRISTIE’S, RENAISSANCE
Expert : Alan Wintermute
Estimation : 43 à 66 millions de dollars (33 à 50,5 millions d’euros)
Nombre de lots : 52

COLLECTION GIANCARLO BARONI ET IMPORTANTS TABLEAUX ANCIENS (PARTIE I)

Les 29, 30 et 31 janvier à New York, Sotheby’s, tél. 01 53 05 53 05, www.sothebys.com

SOTHEBY’S, COLL. BARONI
Expert : George Wachter
Estimation : 8 à 12 millions de dollars (6 à 9 millions d’euros)
Nombre de lots : 214

SOTHEBY’S, TABLEAUX ANCIENS
Expert : George Wachter
Estimation : 60 à 90 millions de dollars (46 à 69 millions d’euros)
Nombre de lots : 103

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°383 du 18 janvier 2013, avec le titre suivant : New York ouvre le bal des grandes ventes

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