Ventes aux enchères

Business as usual

Par Éric Tariant · Le Journal des Arts

Le 15 janvier 2013 - 778 mots

À l’image de Frieze qui plante ses banderilles à New York et d’Art Basel qui investit Hongkong, les grandes foires d’art contemporain, devenues de véritables marques, ont passé sans encombre l’année 2012.

Dans un livre paru en 2004, Le Double Jeu de l’art contemporain (éd. Favre), Patrick Barrer dénombrait une quarantaine de foires d’art contemporain éparpillées sur toute la planète. Qu’en est-il près de dix ans plus tard ? Si on se limite, aux salons jouissant d’un rayonnement international comme Art Basel, ou continental comme Art Paris, on décompte dix-huit manifestations. Ces grands rendez-vous sont implantés en grande majorité en Europe (ainsi Artissima à Turin, Art Basel à Bâle, Arte Fiera di Bologna à Bologne, Art Brussels à Bruxelles, Art Cologne en Allemagne, la Fiac à Paris, Frieze Art Fair à Londres, Viennafair en Autriche). Ils se situent loin devant l’Asie (Art Basel Hongkong, India Art Fair, Art Stage Singapore, SH Contemporary Art Fair à Shanghaï), les États-Unis (The Armory Show, Art Basel Miami Beach, Frieze Art Fair New York) et le Moyen-Orient (Art Dubaï, Abu Dhabi Art).

Faut-il déplorer cette offre pléthorique qui conduit le collectionneur à se transformer en marathonien de l’art ? Ou au contraire se féliciter de ce large éventail de choix à même de satisfaire les goûts les plus divers ? « Plus il y aura de foires de qualité, plus les galeries seront armées pour tenir tête aux salles de ventes », soutient un galeriste parisien.

Les collectionneurs boudant de plus en plus les galeries, nombre de marchands d’art contemporain ne pourraient plus aujourd’hui économiquement se passer des foires, lors desquelles ils réalisent une part croissante de leur chiffre d’affaires.

« Il est devenu très rare de vendre lors d’une exposition, ou le jour d’un vernissage à des clients qui viennent à la galerie, observe Jean Frémon, directeur associé de la Galerie Lelong. C’est sur les foires que se réalise l’essentiel des transactions et que se nouent les contacts qui conduiront, par la suite, à des ventes qui se feront par téléphone, par courriel, ou lors de rendez-vous ultérieurs, mais très rarement à la galerie. »

Des Chinois à Art Basel Miami
Si l’on se fie aux résultats annoncés par les organisateurs de foires et au lancement de nouveaux salon en période de ralentissement économique, l’année 2012 a été un bon cru. À Art Basel, cette édition fut même meilleure que celle de 2011 en raison d’un accroissement du nombre des acheteurs venus d’Asie. En décembre dernier, Art Basel Miami Beach a surfé sur la vague des collectionneurs issus des pays émergents, Chinois et Russes en tête, mais aussi d’Amérique du Sud, cœur de cible de la foire floridienne, qui ont assuré de bons résultats aux exposants. Plus mature, Frieze London a enregistré pour sa dixième édition un rythme de transactions moins effréné que d’ordinaire. Pour sa mise en orbite outre-Atlantique, Frieze New York a réuni plus de 180 galeries à Manhattan. Celles-ci ont réalisé d’importantes transactions à l’exemple de cette œuvre de Martin Kippenberger vendue 1 million de dollars à un collectionneur américain par la galeriste Gisela Capitain (Cologne). À New York toujours, les résultats de la 18e édition de l’Armory Show ont été plutôt convaincants et finalement rassurants pour l’avenir de la foire new-yorkaise confrontée à la concurrence de Frieze. À Paris, les transactions sont allées bon train à l’occasion de la 39e édition de la Fiac que certains ont qualifiée de meilleur cru depuis la création de la foire. Art Paris, qui se positionne comme un salon européen, a réussi sa mue malgré un commerce très inégal.

À l’est
Au Moyen-Orient, nanties de leurs pétrodollars, Art Dubaï (6e édition) et Abu Dhabi Art (4e édition) avancent imperturbablement leurs pions. Mais les deux petits émirats peinent à recruter hors des cercles restreints des nationaux, des expatriés occidentaux et des conservateurs de musées en création venus faire leurs emplettes.

Quid du marché asiatique ? C’est vers l’est que tous les regards se tournent en cette période de ralentissement de la croissance en Europe et aux États-Unis. Un an avant de passer sous la coupe d’Art Basel, la foire de Hongkong Art HK, qui s’est tenue en mai 2012, a enregistré un niveau de transactions satisfaisant, en progression par rapport aux éditions précédentes. « Le marché de l’art est encore émergent en Asie, observe Lorenzo Rudolf, le fondateur d’Art Stage Singapore qui soufflera sa troisième bougie fin janvier (lire p. 25). Mais il est évident qu’Art Basel ne s’implanterait pas à Hongkong si l’Asie n’était pas un continent porteur d’avenir. La Chine sera de toute façon, dans un futur plus ou moins proche, le premier marché de l’art de la planète. »

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°383 du 18 janvier 2013, avec le titre suivant : Business as usual

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