XVIIe

Architecture de l’ambition

Les éditions Picard publient le premier volet d’une monographie complète dédiée à Louis Le Vau

Par Daphné Bétard · Le Journal des Arts

Le 15 janvier 2013 - 487 mots

Auteur de monuments emblématiques tels l’hôtel Lambert, à Paris, les châteaux de Raincy ou de Vaux-le-Vicomte, Louis Le Vau (1612-1670) a joué un rôle de premier plan dans l’essor de l’architecture privée parisienne et d’Île-de-France au XVIIe siècle puis comme premier architecte de Louis XIV.

Les éditions Picard publient le premier tome d’une monographie consacrée à l’architecte, fruit de deux thèses soutenues pour la première à l’École nationale des chartes en 2000, pour la seconde à l’université de Paris-Sorbonne en 2011, par Alexandre Cojannot, archiviste paléographe, conservateur à la direction des Archives du ministère des Affaires étrangères et membre de la Commission nationale des monuments historiques.

« Le point de départ du présent ouvrage se situe dans l’étude des liens spécifiques qui unissent, chez Louis Le Vau, vie privée, relations sociales, activités professionnelles et production artistique », explique l’auteur. Ses recherches visent à comprendre « pourquoi et selon quelles modalités la création architecturale fut tout à la fois l’instrument des ambitions personnelles de Le Vau » et celles de ses maîtres d’ouvrage, mais aussi, plus généralement, celles de la société française du milieu du XVIIe siècle. Pour en rendre compte, les édifices ne sont pas analysés formellement, l’un après l’autre, mais sont intégrés dans le récit biographique et dans une histoire plus large des mutations architecturales du Grand Siècle. Selon une trame chronologique, l’ouvrage évoque les premiers succès remportés par Le Vau, avec des éléments comme la chambre à alcôve pour l’hôtel de La Vrillière, avant de se concentrer sur l’île Saint-Louis où fut construit l’hôtel Lambert, dont la restauration projetée en 2009 avait ému les défenseurs du patrimoine. Architecture inédite privilégiant la dynamique nouée entre les espaces intérieurs et extérieurs, l’hôtel, avec son jardin suspendu, marque un véritable « bouleversement conceptuel » pour la discipline à l’âge classique. Avec les hôtels Hesselin et d’Astry (aujourd’hui disparus), Le Vau bouleverse les formes traditionnelles de l’hôtel particulier. Il travaille aussi aux aménagements de décors intérieurs, à Paris, à l’hôtel de Villequier sis place Royale, ou à Conflans pour la marquise de Senecey.

Documents d’archives, plans restitués des édifices et photographies permettent de s’immiscer au cœur de compositions complexes. Entreprise en 1642, la construction de l’imposant hôtel Tambonneau au Pré-aux-Clercs est une nouvelle étape dans sa carrière. Une restitution en plan et en élévation de cette bâtisse perdue à jamais est ici proposée pour la première fois. Son grand escalier à palier en tribune matérialise à lui seul l’inventivité et la singularité dont fit preuve Le Vau dans l’édification de cette demeure que l’auteur considère comme une œuvre majeure, à l’égal de l’hôtel Lambert. Douze ans plus tard, en 1654, Le Vau fait son entrée au service du roi, date à laquelle s’achève ce premier volet, auquel doit bientôt succéder Louis Le Vau, le temps des grands desseins, 1654-1670.

Alexandre Cojannot, Louis Le Vau et les nouvelles ambitions de l’architecture française, 1612-1654, éd. Picard, 2012, 364 p., 67 €.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°383 du 18 janvier 2013, avec le titre suivant : Architecture de l’ambition

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