Pliage

Laissez parler les p’tits papiers

Par Sophie Trelcat · Le Journal des Arts

Le 2 janvier 2013 - 415 mots

Sculpter, plier, découper le papier, c’est tout un art que cinq designers présentent à travers leur constructions réelles ou imaginaires.

PARIS - Dans un autre siècle, en 1965, Serge Gainsbourg avait rendu inoubliables Les P’tits Papiers. Aujourd’hui, a contrario, l’ère dédaigneuse du tout numérique n’a de cesse de chroniquer la mort annoncée du support de la transmission écrite de l’histoire des civilisations, qui remonte – pour le moins – au IIIe siècle avant notre ère. Aussi, la mise à l’honneur du papier à travers une modeste mais délicate exposition est-elle sans conteste une page rafraîchissante. Pour la première fois dans le cadre des expositions ateliers, destinées principalement au jeune public, cinq artistes de renommée internationale ont été invités à présenter leur travail. Stéphanie Beck, Peter Callesen, Béatrice Coron, Mathilde Nivet et Ingrid Siliakus se distinguent par leur technique particulière dans l’art de découper et de plier, mais tous partagent la thématique de l’architecture et de la ville et sont les héritiers d’une tradition de sensibilisation à l’art de construire, diffusée dès la fin du XVIIe siècle en Europe, et telle que l’enseignaient dans la première moitié du XXe siècle par exemple Josef Albers et László Moholy-Nagy à l’école du Bauhaus.

Une histoire contée de toutes pièces
Difficile de ne pas s’émerveiller devant les monuments en volume qu’avec son scalpel fait émerger l’artiste danois Peter Callesen, à partir de prélèvements de formes sur un simple papier pour photocopieuse laissant apparaître deux figures en miroir : la sculpture à la verticale et sa découpe à plat qui en représente la trace en creux. Il en est de même devant l’interprétation de bâtiments iconiques par la Néerlandaise Ingrid Siliakus qui allie avec finesse les techniques de l’origami – l’art du pliage japonais – à celui du découpage, le kirigami. Une trentaine de prototypes sont nécessaires pour aboutir à la sculpture finale naissant du découpage et du pliage d’une feuille unique qui nous rappelle les livres animés, dits pop up de notre enfance, où des éléments de l’illustration se déploient à l’ouverture d’une page. Au-delà de la fascination qu’éveillent ces mondes en modèles réduits et la maîtrise technique nécessaire à leur mise en forme, les pièces exposées affirment la richesse de l’architecture comme source d’inspiration de la création contemporaine et sont autant de moyens d’illustrer la fragilité des créations humaines.

Architectures de papier

Jusqu’au 17 mars 2013, Cité de l’architecture et du patrimoine, 1, place du Trocadéro, 75116 Paris, tel. 01 58 51 52 00, tlj sauf mardi, 11h-19h, www.citechaillot.fr

Voir la fiche de l'exposition : Architectures de papier

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°382 du 4 janvier 2013, avec le titre suivant : Laissez parler les p’tits papiers

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