MP 2013

Marseille lancée dans son « année capitale »

Le Journal des Arts

Le 2 janvier 2013 - 980 mots

Si la plupart des équipement ne seront ouverts qu’en mai-juin, le week-end de lancement du 12 janvier en donnera un avant-goût.

MARSEILLE - En décembre, la capitale phocéenne n’était qu’un grand chantier à ciel ouvert, où les voitures circulaient avec la plus grande difficulté. La ville la plus embouteillée de France en 2012 (selon un classement de la société Tomtom) devrait souffler un peu en janvier, lorsque l’aménagement du Vieux-Port sera terminé.

Le nombre de projets culturels insufflés par l’année capitale de Marseille-Provence 2013 donne le vertige, surtout dans une ville où le secteur culturel était en déshérence depuis près de trente ans.

Au J4, les travaux se terminent dans une effervescence peu coutumière. Les bulldozers et les grues n’ont pas tout à fait disparu, occupés à aménager un grand escalier monumental qui descendra de la cathédrale Major pendant l’année 2013 si tout va bien. Trois bâtiments animeront l’endroit, autrefois inaccessible aux Marseillais.

Le MuCEM ouvrira en juin
Le MuCEM, bien sûr, conçu par l’architecte Rudy Ricciotti, sera l’événement majeur de l’année capitale. Inauguré en juin, le bâtiment dévoile déjà ses espaces intérieurs. Pour l’instant, les œuvres arrivent par camions au Centre de conservation et de restauration du MuCEM, dans le quartier de la Belle de Mai, livré en août dernier. Ce lieu de réserve sera accessible au public sur demande, avec un « appartement témoin » de 800 m2 illustrant les différentes sections des réserves, et une petite surface d’exposition, parfaite pour une « relecture de la collection avec un regard nouveau, peut-être décalé », selon la responsable des collections Émilie Girard.  À deux pas du MuCEM, la Villa Méditerranée, avec sa spectaculaire avancée en porte-à-faux de 40 mètres au-dessus de l’eau, sera « un lieu de rendez-vous, un lieu de travail, de réunion, de dialogue, dédié à la coopération en Méditerranée », selon son directeur François de Boisgelin. Uniquement porté par la région Provence-Alpes-Côte d’Azur et son président Michel Vauzelle pour un coût de 70 millions d’euros, le bâtiment abritera des expositions, des conférences et une salle de spectacle de 400 places. Le futur lieu inauguré le 15 mars est encore peu connu des Marseillais : « on a été un peu défaillant sur le plan de la communication », soupire un acteur du projet. Le geste architectural devrait créer l’événement dans Marseille, qui manque cruellement d’architectures contemporaines.

De l’autre coté de la route, la Fondation Regards de Provence, créée en 1997 par un couple de collectionneurs marseillais, trouve enfin son écrin dans la station sanitaire Fernand Pouillon, un édifice construit en 1948 dont la façade, labélisée « Patrimoine du XXe siècle », a permis la sauvegarde du bâtiment, squatté depuis des dizaines d’années. Ce nouveau musée exposera les œuvres majeures de la collection Regards de Provence sur un fonds de 850 œuvres, de la fin du XVIIe siècle à nos jours. Avec 1 200 m2 de surface d’exposition, le musée représente le plus important équipement culturel privé des nouveaux chantiers marseillais.

Un nouveau Palais Longchamp
Mais les efforts ne se concentrent pas uniquement sur le front de mer de la Joliette. Dans la ville, le chantier du Palais Longchamp – le Musée des beaux-arts de Marseille fermé depuis sept ans – avance. Les travaux ont pris du temps, entre un premier projet au budget pharaonique avorté, et une totale remise aux normes du bâtiment, notamment en termes de sécurité. Au final, le musée restera plutôt exigu – seulement 1 500 m2 de surface d’exposition – mais avec la volonté de « restituer la qualité des espaces originaux », selon Luc Georget, conservateur en chef. Une mezzanine installée dans les années 1980 a été enlevée pour rendre au lieu son éclairage zénithal. Autres gros chantiers de la ville : le nouveau Musée d’histoire de Marseille, au centre Bourse, qui double sa superficie et refond intégralement une muséographie poussiéreuse en s’ouvrant sur la ville. Près des plages, la municipalité se dote d’un nouveau Musée d’arts décoratifs au château Borély. « Aujourd’hui, on rattrape le retard », explique pudiquement Daniel Hermann, adjoint à la culture de Marseille. Tous ces équipements seront ouverts entre mai et juin prochains.

Lors du week-end d’ouverture, le 12 janvier, deux lieux nouveaux seront heureusement inaugurés (le nouveau Frac vient de déclarer forfait pour janvier et n’ouvrira qu’en mars) : au J1, un hangar prêté par le Port maritime, un espace d’exposition de 2 500 m2 présentera « Méditerranées. Des grandes cités d’hier aux hommes d’aujourd’hui », une exposition fleuve où le périple d’Ulysse sera revisité. À la Friche de la Belle de Mai, la nouvelle Tour-Panorama accueille « Ici Ailleurs », une exposition d’art contemporain autour de 39 artistes, dont Kader Attia, Jean-Luc Moulène ou encore ORLAN et Djamel Tatah.

La programmation du week-end d’ouverture s’annonce festive et populaire. À Aix-en-Provence, un grand parcours d’art contemporain, « L’Art à l’endroit », réuni quelques grands noms dans l’espace public : Yayoi Kusama, Ugo Rondinone… Une « grande clameur » est prévue à Marseille, une chasse aux trésors sur l’ensemble du territoire de Marseille-Provence, un grand feu d’artifice à Arles. Le MuCEM sera ouvert à la visite le 13 janvier. « On attend entre 400 000 et 800 000 personnes », indique fièrement Renaud Muselier, délégué spécial de la mairie de Marseille pour l’année capitale, ravi d’annoncer 3 300 bénévoles recrutés et 250 millions d’euros investis dans le domaine culturel par la capitale phocéenne. Comme souvent à Marseille, certains sujets restent encore dans le flou : peu d’informations sur le renforcement des effectifs de police, dans une ville minée par la petite criminalité bien plus que par le grand banditisme, sur la gestion de la propreté et des déchets, sur la circulation et le stationnement. Il manque des dizaines de milliers de places de parking pour l’ouverture. « On est en train d’y travailler », répondait-on à la mairie courant décembre. En janvier, l’approximation ne sera plus permis.

Légende photo

Chantier pour la piétonnisation du Vieux Port de Marseille. © Ville de Marseille.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°382 du 4 janvier 2013, avec le titre suivant : Marseille lancée dans son « année capitale »

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