La fierté marseillaise

Par Jean-Christophe Castelain · Le Journal des Arts

Le 2 janvier 2013 - 314 mots

Guimarães, Maribor, Kosice, ces noms vous disent-ils quelque chose ? Guimarães au Portugal et Maribor en Slovénie ont été les deux capitales européennes de la culture en 2012, tandis que Kosice en Slovaquie partage ce titre avec Marseille pour 2013.

Il nous faut bien admettre que la notoriété de ces villes-capitales n’a pas beaucoup franchi les frontières de leurs pays et peu atteint les salles de rédaction. Pourtant, lorsque Melina Mercouri et Jack Lang, alors tous deux ministre de la Culture dans leur pays, s’unissent et proposent dans les années 1980 le programme de capitale culturelle, ils avaient en tête que celui-ci « contribue à créer une citoyenneté européenne » en rapprochant « des peuples européens par la connaissance de leur culture respective ». Au fond, ce label et les manifestations qu’il fait naître contribuent davantage à renforcer l’estime de soi des habitants des villes concernées qu’à bâtir une citoyenneté européenne.

En l’espèce, à Marseille, dans cette ville cosmopolite, des quartiers nord aux Goudes, les habitants se sentent avant tout Marseillais. Ils s’amusent pour certains ou s’agacent pour d’autres de l’image d’insécurité et d’indiscipline que leur renvoient les médias. Marseille-Provence 2013 est donc une formidable opportunité de modifier l’image de leur ville et ainsi, indirectement participer à la fierté marseillaise. Même s’ils seront moins nombreux à visiter le Palais Longchamp rénové qu’à descendre la Canebière le 12 janvier pour écouter la « grande clameur » des sirènes des bateaux et des cloches d’église, ils seront flattés d’être aux 20 heures de TF1 pour autre chose qu’un nouveau meurtre. L’enjeu est aussi une citoyenneté régionale. Dans MP 2013, il y a la Provence et les 90 communes qui entourent la cité phocéenne. Le gouvernement qui pousse fortement les élus locaux, très réticents, à constituer une métropole marseillaise élargie afin de mutualiser les services publics à une échelle régionale a bien compris l’intérêt du levier culturel.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°382 du 4 janvier 2013, avec le titre suivant : La fierté marseillaise

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