Ventes aux enchères

Collection

Le salaire de l’attraction

Les œuvres réunies par Clouzot et dispersées chez Christie’s ont attisé les enchères

Par Armelle Malvoisin · Le Journal des Arts

Le 12 décembre 2012 - 555 mots

PARIS - Dispersée le 1er décembre au profit du Secours catholique, « la collection Henri-Georges et Inès Clouzot a rencontré un grand succès », s’est félicité François de Ricqlès, président de Christie’s France à l’issue de la vente.

On peut en effet parler de succès commercial, avec 95 % de lots vendus et un total de 4,4 millions de recette, dans la fourchette des estimations. La vacation a aussi bénéficié d’un succès populaire, avec plus de 2 000 visiteurs reçus pendant l’exposition. Les collections d’artiste – en l’occurrence un réalisateur –, suscitent toujours la curiosité. Le lot phare, Femina dulce malum, tableau de 1950 de Jean Dubuffet issu de la série des « Corps de dame », apparaît dans le film de Clouzot La Prisonnière (1968) dans lequel les œuvres d’art jouent un rôle à part entière. Il a été adjugé 1,5 million d’euros (son estimation haute) à un collectionneur européen. Saluons les beaux prix obtenus pour une rare œuvre sur papier de Robert Delaunay intitulée Football, projet pour un décor de ballet emporté à 319 000 euros, doublant son estimation basse ; pour la sculpture Royal Tide II (1960) de Louise Nevelson, partie à 271 000 euros, le double de son estimation haute, et pour Léautaud Général d’Empire (1946), un fusain de Dubuffet estimé au maximum 60 000 euros et envolé à 169 000 euros. L’effet collection a joué sur une vingtaine de lots estimés moins de 1 000 euros qui ont vu leurs prix multipliés par deux ou trois.

Reste peu compréhensible le fait que les spécialistes de Christie’s ont surévalué certaines œuvres de cette succession confiée sans mise en concurrence, c’est-à-dire sans aucune négociation sur les prix de réserve. L’importance de la provenance et de la fraîcheur d’une œuvre d’un artiste coté devient relative dès lors que la qualité n’est pas au rendez-vous.

« Le marché, qui est excessivement sélectif, est capable de détermination pour une œuvre substantielle. Mais il ne se battra pas pour une pièce de qualité moyenne », explique un professionnel qui estimait que le tableau Peinture 65 x 92 cm, 9 février 1960 de Pierre Soulages était « une œuvre sans grande envergure ». Estimée ambitieusement 200 000 à 300 000 euros, la toile dans laquelle l’expert Edmond Francey voyait après coup « une composition compliquée », et finalement « pas commerciale », est péniblement montée à 193 000 euros. Les amateurs ne se sont pas non plus enflammés pour L’Expansion de l’incendie (1958) signée André Lanskoy et Août (1961) de Maria Helena Vieira da Silva, deux tableaux d’un intérêt très moyen, attendus au minimum respectivement pour 100 000 et 200 000 euros, mais adjugés 91 000 et 157 000 euros. Un très beau Relief gris. No V (1956) d’Antoni Tàpies, estimé 400 000 à 600 000 euros, a été emporté pour 433 000 euros par un marchand qui estime avoir fait une très bonne affaire. Christie’s a laissé partir pour 223 000 euros une œuvre de 1958 beaucoup moins attrayante de l’artiste catalan décédé en 2012, une toile qu’elle avait pourtant estimée 300 000 à 400 000 euros.

COLLECTION CLOUZOT CHRISTIE’S, LE 1er DÉCEMBRE

Estimation (hors frais) : 3 à 4,6 millions d’euros

Résultats (frais compris) : 4,4 millions d’euros

Nombre de lots vendus/invendus : 57/3

Lots vendus : 95 %

Pourcentage en valeur : 99 %

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°381 du 14 décembre 2012, avec le titre suivant : Le salaire de l’attraction

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