Baroque

Cent ans de peinture flamande

Les collections des Musées royaux des beaux-arts de Belgique s’invitent au Musée Marmottan

Par Suzanne Lemardelé · Le Journal des Arts

Le 11 décembre 2012 - 717 mots

PARIS - Une fois n’est pas coutume, jusqu’au 3 février prochain l’art ancien est convié à la maison de l’impressionnisme.

Quarante et un tableaux des anciens Pays-Bas méridionaux ont en effet fait le voyage depuis Bruxelles et retracent, dans les espaces du sous-sol, cent ans de peinture flamande. À l’origine du projet se trouve un accord de partenariat, signé entre le Musée Marmottan Monet et les Musées royaux des beaux-arts de Belgique. Leur collaboration débouchera en 2014-2015 sur une exposition, « Claude Monet et le japonisme », qui sera présentée successivement dans les capitales belge et française.

Afin de célébrer cette nouvelle coopération, les deux établissements ont désiré présenter dès cet automne un aperçu des collections bruxelloises au public parisien. « Le choix du siècle d’or de la peinture flamande s’est imposé assez naturellement, explique la commissaire de l’exposition, Sabine van Sprang. C’est une période qui permet de raconter une histoire cohérente autour de nos œuvres, notamment à propos des différents genres. » Une partie des salles du Musée d’art ancien de Bruxelles étant par ailleurs actuellement fermée, certains tableaux du XVIIe siècle avaient déjà rejoint les réserves et ce choix permettait de n’amputer l’accrochage permanent que de onze toiles.

Un parcours cohérent mais peu original
À son entrée dans l’exposition, le visiteur est accueilli par les archiducs Albert et Isabelle de Habsbourg, peints par Rubens en 1635. Sous le gouvernement de ces amateurs d’art, eux-mêmes collectionneurs, les Pays-Bas du Sud se relèvent de quarante années de guerres de religion. La trêve de Douze ans (1609-1621), signée avec les provinces rebelles du Nord, permet au pays de retrouver une paix provisoire et une nouvelle prospérité. La création en bénéficie, comme elle profite quelques années plus tard de l’arrivée au pouvoir de Léopold Guillaume de Habsbourg, lui aussi collectionneur. Devenu conservateur des peintures du souverain, le peintre David Teniers le Jeune témoigne de cette passion dans son tableau représentant l’archiduc dans sa galerie de peinture italienne (vers 1650), parfaite illustration d’un cabinet d’amateur.

Passé cette introduction historique, les cimaises rouges virent au gris clair. Peinture d’histoire, portraits, scènes de genre, paysages, natures mortes…, les tableaux y sont alignés par genre, un parti pris peu original mais qui a le mérite de brosser un rapide aperçu général de la production picturale du XVIIe siècle. « Il était difficile d’organiser autrement ces œuvres issues d’une collection unique, qui, n’ayant pas d’origine princière, ne permettait pas une approche ciblée sur l’histoire des collections », explique la commissaire. Principal intérêt d’un accrochage du reste un peu succinct, certains tableaux sont exposés à Paris pour la première fois. C’est le cas du très beau Portrait du père Jean-Charles della Faille (1627-1632), par Van Dyck. Le regard intense de ce mathématicien jésuite, immortalisé avec ses instruments scientifiques alors qu’il s’apprête à quitter son pays natal pour l’Espagne, vaut à lui seul le déplacement. Dans un tout autre genre, le truculent Le roi boit (vers 1640), thème de prédilection de Jordaens où se mêlent tous les excès réprouvés par la morale, est également fascinant. Au chapitre des paysages, on contemple avec plaisir une marine idyllique de Paul Bril, synthèse du paysage flamand et italien, ou encore la végétation enneigée et les ciels menaçants de Jacques d’Arthois.

Comme l’indique son titre, l’exposition insiste sur les artistes du XVIIe siècle moins connus du public français, tels Cornelis Schut, Jacob van Oost l’Ancien, Gillis van Tilborch, David Ryckaert, ou encore Karel Philips Spierinck (1600-1639). On ne connaît aujourd’hui qu’une dizaine de tableaux de ce suiveur précoce de Nicolas Poussin. La dernière acquisition de la section peinture ancienne des Musées royaux, le Silène ivre et endormi attaché par la nymphe Eglé et des putti, est l’un d’entre eux. Il offre l’occasion de découvrir l’œuvre de ce peintre oublié, apprécié des collectionneurs de son temps et qui fut à Rome le colocataire du sculpteur François Duquesnoy.

Rubens, Van Dyck, Jordaens et les autres, Peintures baroques flamandes aux Musées royaux des Beaux-arts de Belgique

Jusqu’au 3 février 2013, Musée Marmottan Monet, 2, rue Louis-Boilly, 75016 Paris, tél. 01 44 96 50 33, www.marmottan.com, du mardi au dimanche, 10h-18h, le jeudi jusqu’à 20h.

Catalogue, coéd. Musée Marmottan/Hazan, 224 p., 29 €.

Voir la fiche de l'exposition : Rubens, Van Dyck, Jordaens et les autres - Peintures baroques flamandes aux Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique

Peintures baroques flamandes

Commissariat : Sabine van Sprang, conservatrice de la peinture flamande des Musées royaux des beaux-arts de Belgique ; Antonin Macé de Lépinay, coordinateur de l’exposition

Nombre d’œuvres : 41

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°381 du 14 décembre 2012, avec le titre suivant : Cent ans de peinture flamande

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