Artistes et galeries à travers le monde (2 mars 2001)

L’actualité de l’art contemporain

Par Daphné Bétard · Le Journal des Arts

Le 2 mars 2001 - 1006 mots

LONDRES
Anthony d’Offay présente un important ensemble de neuf nouvelles peintures de l’Américaine Agnes Martin, sa première exposition à la galerie mais aussi l’unique occasion à Londres de se confronter à son travail depuis la grande monographie organisée en 1993 par la Serpentine Gallery. Son austérité poétique est opposée à trente nouvelles aquarelles de Francesco Clemente. Ces dernières comprennent notamment ses inévitables autoportraits.

Anthony d’Offay Gallery, 9, 21, 23 & 24 Dering Street, Londres, tél. 44 20 7499 4100, jusqu’au 6 avril

Enzo Cucchi, qui a fait partie dans les années 1980 du mouvement italien de la Trans-avant-garde, présente ces travaux ce mois-ci à la Timothy Taylor Gallery, à Londres, quelques semaines seulement après avoir bénéficié d’une présentation chez Enrico Navarra à Paris. Cette première exposition de l’artiste sur les rives de la Tamise depuis près de quinze ans comprend huit immenses peintures qui associent des hommes et des images emblématiques, invitant à la fois à des lectures pessimistes et optimistes.

Timothy Taylor Gallery, 1 Bruton Place, Londres, tél. 44 20 7409 1316, jusqu’au 27 mars


NEW YORK
En Italie, toute demeure chic se doit d’avoir aujourd’hui sa petite tapisserie d’Alighiero e Boetti. Mais, en contraste, le travail de cet artiste a très peu été vu aux États-Unis depuis sa mort en 1994. Aussi, rien ne pouvait être plus opportun que la manifestation que lui consacre aujourd’hui la Gagosian Gallery, un ensemble comprenant des cartes et ses fameux camouflages datant des années 1960. Cette présentation marque la première collaboration entre les Archivo Boetti, à Rome, et une galerie commerciale. Le fait que cet honneur revienne à Gagosian est révélateur du changement récent de statut de l’Italien. En fait, Boetti est sûrement prêt à devenir aux États-Unis l’un de ces artistes perçus comme des perturbateurs, mais qui atteignent sur le marché, de façon posthume, une cote élevée de grand maître, à l’exemple de Klein ou de Manzoni. Comme ces derniers, Boetti a été un conceptuel engagé, mais teinté de romantisme et de sensualité, loin de tout « conceptualisme aride ».

Gagosian Gallery, 555 West 22nd Street, New York, tél. 1 212 228 2828, jusqu’au 31 mars

Après la Fondation Cartier pour l’art contemporain, à Paris (lire JdA n°120, 2 février 2001), Thomas Demand expose à la 303 Gallery ses environnements en carton méticuleusement photographiés et représentés. À l’exemple d’un James Casebere, mais sans sa poésie ni sa mélancolie, Demand réalise des images froides d’un cruel monde moderne, sa réputation de perfectionnisme dans la construction révélant même d’une sensibilité « BMW » très germanique. Cette exposition laisse apparaître ses intérêts politiques, faisant référence à la propagande stalinienne et à Albert Speer, ce qui rend ce travail formellement élégant presque amoral. L’artiste présente encore son film 35 mm basé sur un escalier roulant du métro de Londres.

303 Gallery, 525 West 22nd Street, New York, tél. 1 212 255 1121, jusqu’au 7 avril

Depuis qu’Andy Warhol a été classé parmi les maîtres de l’art moderne, trois heures après son décès, un nombre incalculable de galeries commerciales ont présenté des expositions spécialement dédiées à des séries dans son travail. Ainsi ont été présentés ses dessins de jouets, ses « shadow paintings », ses portraits tirés de photographies, ses dollars signés et ainsi de suite de tous les sujets qu’il traita plus d’une fois. La dernière de ces déclinaisons concerne ses « couteaux » chez Sperone Westwater, une série de dessins et peintures datant des années 1981 et 1982. La galerie annonce fièrement qu’il s’agit de la « première présentation raisonnée de ces ‘couteaux’ à New York », comme le disent toutes les galeries à propos de leurs propres séries. Tous ceux qui ont visité ce monument de l’archivo-manie qu’est le Warhol Museum de Pittsburgh peuvent en attester : il existe encore suffisamment de matière pour alimenter des expositions thématiques de l’artiste une décade de plus.

Sperone Westwater, 121 Greene Street, New York, tél. 1 212 431 3685, jusqu’au 4 avril


PARIS
Remarqués pour leur projet On Holiday, dans lequel, utilisant, le temps d’une exposition, les frais de production qui leur étaient alloués, ils étaient partis en congés en laissant simplement un panneau indiquant les dates de leurs vacances, Svetlana Heger et Plamen Dejanov préparent une nouvelle expérience pour la galerie Air de Paris. Cette fois-ci, il s’agira moins de temps libre, que de l’aménagement du temps de travail : celui des artistes mais aussi des galeristes… Air de Paris, 32 rue Louise-Weiss, 75013 Paris, tél. 01 44 23 02 77, du 10 mars au 21 avril.

Pour sa quatrième collaboration avec Fabienne Leclerc, Gary Hill éveillera notre regard à travers deux installations récentes, Cabin Fever et Remembering Paralinguay, ainsi qu’une pièce de 1991, Core Series : Glasses. Celle-ci se perçoit par un jeu de lumière et tente d’hypnotiser le spectateur en le plongeant dans un état à mi-chemin entre la fascination et la répulsion. Utilisant des objets du quotidien projetés sur les murs, les images de synthèse de Cabin fever (1999) sont systématiquement interrompues par des flashs stroboscopiques, tandis que des bribes de phrases brouillent notre vision, mêlant des extraits de Celui qui ne m’accompagnait pas de Maurice Blanchot et des écrits de Gary Hill. La troisième installation est une projection murale où il est question d’émergence et de réminiscence.

& : in SITU, 10 rue Duchefdelaville, 75013 Paris, tél. 01 42 80 15 42, du 10 mars au 21 avril.

Bernar Venet dévoile, à la galerie Jérôme de Noirmont, ses peintures Murales/Équations, grands aplats de couleur franche sur lesquels sont peints des signes mathématiques, des équations complexes ou des formules d’astrophysique. « Si je choisis des symboles mathématiques, c’est pour des raisons bien précises, des raisons directement liées à des questions purement artistiques, notamment au problème de l’identité d’une œuvre d’art et à sa spécificité. […] Il s’agit d’un langage radicalement nouveau, d’un système de signes qui propose des structures conceptuelles et formelles inexplorées, refoulées jusqu’à présent », explique l’artiste, dont le véritable but est « de tout remettre en question ».

Galerie Jérôme de Noirmont, 38 avenue Matignon, 75008 Paris, tél. 01 42 89 89 00, jusqu’au 22 mars

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°122 du 2 mars 2001, avec le titre suivant : Artistes et galeries à travers le monde (2 mars 2001)

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