New York

Des ventes sans conviction

Par Jean-Christophe Castelain · Le Journal des Arts

Le 13 novembre 2012 - 543 mots

Il n’y a pas eu de « feu des enchères » lors des ventes d’art impressionniste et moderne chez Christie’s et Sotheby’s.

NEW YORK - Les acheteurs avaient manifestement la tête ailleurs lors des grandes ventes d’art impressionniste et moderne de Christie’s et Sotheby’s, qui se sont tenues à New York les 7 et 8 novembre. Entre l’ouragan Sandy qui avait désorganisé la ville (Sotheby’s a dû retarder sa vacation), la réélection d’Obama et les turbulences de la Bourse, ils n’avaient pas le cœur à l’ouvrage. D’autant que l’ouvrage en question manquait de pièces d’exception, ces œuvres inédites, de qualité muséale et de la meilleure période des grands maîtres qui excitent les appétits.

Si le total des recettes du soir, (368 millions de dollars, soit 288 millions d’euros frais compris, [1]) est supérieur de 8 % à celui de l’an dernier, il reste loin des ventes de 2010 (459 millions de dollars) et surtout de 2007 (664 millions de dollars), avant une autre tempête, financière celle-ci. Les maisons de ventes espéraient réaliser au moins 430 millions de dollars. Les pièces importantes ont souvent été adjugées dans la fourchette basse des attentes, à l’instar d’Étude pour improvisation 8 de Kandinsky, un tableau des débuts de l’abstraction, parti à 23 millions de dollars alors que Christie’s en espérait entre 22 et 34 millions de dollars, se référant à une toile de 1914, Fugue, adjugée 21 millions de dollars en 1990 (soit 37 millions en dollars constants).

De même Nature morte aux tulipes, de Picasso, a été vendue par Sotheby’s 41,5 millions de dollars pour une estimation basse de 39 millions de dollars. La toile était passée en vente il y a une petite douzaine d’années chez son concurrent et avait été cédée pour 28,6 millions de dollars (soit 38,4 millions en dollars constants).

Picasso reste une valeur sûre. Mis à part quatre pièces parmi lesquelles un Coq en bronze de 1932 restées invendues car surestimées, ce ne sont pas moins de douze toiles du recordman des enchères qui ont changé de main, pour un total constituant près du tiers des ventes du soir.
Seule une Nymphéa de Monet a été adjugée par Christie’s, à un chiffre situé au milieu de son estimation, soit 43,7 millions de dollars, bien loin cependant des 80 millions de dollars obtenus en 2008 à Londres pour un autre bassin aux nymphéas. Ces résultats contrastés n’allument pourtant aucun signal jaune ou rouge sur l’état du marché de l’art. Ils sont la conséquence d’une offre insuffisante plus que d’une désaffection des collectionneurs. Il faut ainsi mettre la baisse de 11 % de l’action Sotheby’s, après l’annonce de résultats trimestriels en repli, sur le compte de la nervosité des boursiers, plutôt que sur la crainte d’un retournement du marché. Cette histoire comporte en définitive au moins deux heureux : la Fondation Volkart, qui va pouvoir aider un plus grand nombre de démunis dans le monde grâce à la vente du Kandinsky qui lui appartenait, et les Apprentis d’Auteuil, bénéficiaires des 2,6 millions d’euros obtenus pour un tableau de Caillebotte présenté par Piasa, qui pensait en tirer un meilleur prix à New York via son concurrent que chez elle à Paris.

Notes

(1) comme tous les montants indiqués dans cet article, y compris les estimations.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°379 du 16 novembre 2012, avec le titre suivant : Des ventes sans conviction

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