Art moderne

Abstraction

Herbin à la lettre

Par Francine Guillou · Le Journal des Arts

Le 13 novembre 2012 - 409 mots

LE CATEAU-CAMBRÉSIS

Le Musée Matisse au Cateau dédie une rétrospective soignée et éclairée à Auguste Herbin et son alphabet.

LE CATEAU-CAMBRÉSIS - En 2012, le Musée Matisse, au Cateau Cambrésis (Nord), fête les 10 ans de sa réouverture et consacre, en association avec le Musée d’art moderne de Céret (Pyrénées-Orientales), une large rétrospective à Auguste Herbin (1882-1960), l’autre enfant du pays avec Matisse.

Pour sa dernière exposition en tant que conservatrice en chef du musée, Dominique Szymusiak a voulu rendre hommage à la poésie abstraite d’un peintre qui fut prodigue envers sa ville natale, à laquelle il a fait don en 1956 de vingt-quatre œuvres, le noyau de la collection Herbin au musée.

L’exposition retrace une quête forcenée vers un langage propre : l’histoire des avant-gardes est intimement liée à l’évolution picturale et esthétique du peintre. Le parcours chronologique voit défiler les interrogations du peintre pour parvenir, dans les années 1940, à l’élaboration de son langage, de son alphabet abstrait dont il déclinera jusqu’à sa mort en 1960 des variations infinies. De ses débuts cubistes, marqués par Van Gogh et Cézanne, aux premières ébauches abstraites pendant la Première Guerre mondiale, Herbin expérimente vite, progresse dans un chromatisme personnel. Dès le départ, Herbin « maintient la couleur alors que les cubistes l’évacuent », explique Dominique Szymusiak, et se passionne pour les formes géométriques. Dans la Route muletière et maison à Céret (1913, Musée d’art moderne de la Ville de Paris), il joue avec les couleurs complémentaires et amorce une géométrisation extrême qui éclatera après la guerre. Inspiré par les théories de la théosophie, il confonde en 1926 la revue Abstraction/Création. Simultanément, il doit faire face à une fortune critique sévère, et se voit imposer par son galeriste un retour à la figuration, avant, dans les années 1930, de peindre l’abstraction sans entraves. Par le biais de la courbe, puis en élaborant une méthodologie alphabétique, créant des correspondances entre lettre, forme, couleur et son, il peut enfin « écrire ». Avec le monumental Diable (1958, coll. part.), Herbin démontre qu’il est un militant de l’abstraction.

AUGUSTE HERBIN (1882-1960)

Jusqu’au 3 février 2013, Musée départemental Matisse, palais Fénelon, 59360 Le Cateau-Cambrésis,
tél. 03 59 73 38 00, www.cg59.fr, tlj sauf mardi, 10h-19h.

Catalogue : Ed. Bernard Chauveau, 272 p., 34 €.

- Commissaire d’exposition : Dominique Szymusiak, conservatrice en chef et directrice du Musée départemental Matisse

- Nombre d’œuvres : env. 250

- Itinérance : Musée d’art moderne de Céret (2 mars-26 mai 2013)

HERBIN

Voir la fiche de l'exposition : Rétrospective Auguste Herbin

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°379 du 16 novembre 2012, avec le titre suivant : Herbin à la lettre

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