Un personnage de roman

Le Journal des Arts

Le 27 avril 2001 - 401 mots

La personnalité de Guy Hain ne peut laisser indifférent. Cet autodidacte dijonnais, bavard et débordant d’énergie, incapable de tenir en place et de contrôler ses interventions durant le procès, s’est d’abord orienté vers le commerce de produits vétérinaires.

Ses fonctions l’ont amené à visiter des professionnels… et à découvrir chez eux des bronzes animaliers de la fin du XIXe siècle en particulier, et la sculpture en général. Il achète en 1962 un Baiser de Rodin pour 50 000 francs de l’époque (500 francs actuels), puis une sculpture de Barye pour l’équivalent de 100 de nos francs… « Un passionné qui a du flair « , notera l’avocat général. Son manque de rigueur dans l’exercice de son métier lui vaudra cependant les foudres de la profession vétérinaire qui l’interdit d’activité. Il se lance alors dans le commerce de l’art, en ouvrant une galerie au Louvre des Antiquaires sous l’enseigne « Aux ducs de Bourgogne ».

À la fin des années 1980, le marché de l’art s’emballe. Le moment semble opportun à Hain de passer à la vitesse supérieure. Devenu éditeur d’art, il ferme sa galerie en 1988 et entre en contact avec le monde de la fonderie, notamment avec la célèbre famille Rudier, éditrice des bronzes de Rodin. Il rencontre chez Sotheby’s Georges Rudier, qui, avec son fils Bernard, a poursuivi le travail d’Alexis, l’ancêtre, installé à Châtillon-sous-Bagneux. Guy Hain crée de son côté un atelier de ciselure à Nogent-sur-Marne, puis, après avoir travaillé avec quelques fondeurs en Haute-Saône, rachète en 1990 la fonderie Balland de Luxeuil-les-Bains. Solange Jonckheere, son épouse avec laquelle il vit toujours bien que divorcé, gère l’affaire. Guy Hain met aussi en place un véritable réseau d’ateliers indépendants et inconnus les uns des autres dont il tient les commandes.

Les bronzes circuleront alors entre les différents sites afin d’être reciselés et patinés. L’homme fait preuve d’un certain volontarisme.  Après sa condamnation en 1997, il n’hésite pas à reprendre ses activités de faussaire durant ses périodes de libération sous caution. Il envisageait également de créer une fondation de promotion de la marque Rudier et une école de fonderie à Luxeuil. L’éditeur d’art travaillait avec un large éventail de signatures dont Rodin était sans doute la plus lucrative. Le sculpteur, dont l’œuvre est tombée dans le domaine public en 1982, a fait l’objet d’une forte demande à la fin des années 1980, en pleine période d’explosion du marché de l’art.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°126 du 27 avril 2001, avec le titre suivant : Un personnage de roman

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