Artistes et galeries à travers le monde (8 juin 2001)

L’actualité de l’art contemporain

Le Journal des Arts

Le 8 juin 2001 - 886 mots

PARIS
- Dans ses travaux les plus récents Jean-Pierre Raynaud utilise le drapeau comme sujet principal. L’intervention de l’artiste se veut minimale : il ne s’agit pas d’une reproduction à la Jasper Johns, mais d’une simple appropriation. Tendu sur un châssis, l’étendard demeure formellement intact, seul son contenu symbolique se modifie. Sortant du champ du politique pour entrer dans celui de l’art, le drapeau perd sa signification première pour devenir un objet « Raynaud ». Consacrée aux bannières de l’ex-Union soviétique, l’exposition à la galerie Jérôme de Noirmont, intitulée « Sous tension », fait le pari de transformer le regard du spectateur.

Galerie Jérôme de Noirmont, 38 avenue Matignon, 75008 Paris, tél. 01 42 89 89 00, jusqu’au 21 juillet.

- Les œuvres de Tacita Dean empruntent des détours inattendus : entre fiction et documentaire, ses films s’appuient sur des événements mythiques que l’artiste s’ingénie à reconstruire en remontant le fil du récit. Ces pérégrinations l’entraînent dans des lieux insolites. Dans son dernier film, Fernsehturm, elle choisit pour décor la tour de la Télévision, monument emblématique du paysage berlinois, dont le sommet accueille un restaurant panoramique. Tournant lentement sur lui-même comme le feraient les aiguilles d’une montre, l’établissement devient la métaphore de la fuite du temps. Placée dans cet étrange espace clos, la caméra de l’artiste enregistre comme un sismographe les mouvements des clients et les variations de lumière.

Galerie Marian Goodman, 79 rue du Temple, 75003 Paris, tél. 01 48 04 70 52, jusqu’au 16 juin.

- Accueilli dans la cour de la galerie de France par une robe volante, non pas habitée par un corps mais par le souffle d’un ventilateur, le visiteur entre dans l’exposition de Pier Paolo Calzolari comme il pénétrerait dans un songe. Cet univers étrange et poétique se poursuit à l’intérieur : une mystérieuse femme en talons aiguilles, cuisses et sexe dénudés, disparaît derrière sa jupe, soulevée et maintenue en l’air par un bouquet de ballons gonflés à l’hélium. Conçue comme une « maison utopique », l’exposition rassemble une dizaine d’œuvres dont la disposition au sein de l’espace évoque une ambiance domestique. Des sculptures anciennes appartenant à l’époque de l’Arte Povera côtoient des œuvres plus récentes. L’artiste y mélange les matières et les éléments : l’or, le plomb, le givre, le feu et l’eau afin d’aiguiser nos sens.

Galerie de France, 54 rue de la Verrerie, 75004 Paris, tél. 01 42 74 38 00, jusqu’au 7 juillet.

- Comment la peinture peut-elle interagir sur l’espace qui l’entoure ? Cédric Teisseire tente de répondre à cette question en réalisant des œuvres qui ne sont pas seulement des objets picturaux. Faussement monochromes, certaines de ses toiles sont à voir de biais : la couleur s’est réfugiée sur les tranches et diffuse discrètement son éclat sur les cimaises. Sur la face principale du tableau, des coulures de peinture sont réalisées par l’artiste de façon mécanique, presque obsessionnelle, à l’aide d’une seringue. Dans un angle, habituellement délaissé par les regards, l’artiste installe des panneaux de contreplaqué recouverts d’une peinture noire d’aspect goudronné. Fixés aux murs par des roues de skate-boards, ceux-ci évoquent les rampes d’entraînement des fondus de la glisse. Là encore, la couleur joue les seconds rôles : l’œil devine plus qu’il ne voit les reflets colorés des aplats peints sur la surface postérieure des panneaux.

Galerie Évelyne Canus, 2 rue du Roi-de-Sicile, 75004 Paris, tél. 01 42 76 02 48, jusqu’au 30 juin.



LONDRES
- Vito Acconci utilise son corps à la fois comme source d’inspiration et comme matériau. Une sélection de ses performances les plus célèbres ainsi que des photographies réalisées dans les années 1970 sont réunies à la galerie 11 Duke Street, à l’occasion d’une importante rétrospective.

11 Duke St, 11 Duke Street, Londres, tél. 44 20 7976 2733, jusqu’au 14 juillet.

- À l’instar de Robert Louis Stevenson dans L’Île au trésor, Douglas Gordon considère le « point noir » comme un mauvais présage. Pour sa nouvelle série Black Spot, l’artiste utilise sa main droite pour photographier la main, marquée de ce signe néfaste. Agrandies à plus d’un mètre de hauteur et déployées sur un mur noir, les 13 photographies prises au Polaroid évoquent ainsi une impression d’horreur, sentiment renforcé par une vidéo dans laquelle une main frappe et étouffe l’objectif. Par ailleurs, avec The Last Clown de Francis Alÿs, la galerie a choisi de montrer une approche plus légère et absurde de l’art et de ses acteurs. Les peintures, dessins et animation réalisés par l’artiste traitent tous d’un incident unique mettant en scène un homme qui marche accidentellement sur la queue d’un chien, et tombe. L’animation, dans laquelle la chute est répétée à l’infini, est accompagnée d’une musique de cirque, ponctuée de rires préenregistrés.

Lisson Gallery, 52-54 Bell Street, Londres, tél. 44 20 7724 2739, jusqu’au 30 juin.



NEW YORK
- Ellsworth Kelly travaille toujours de la même manière : il élabore des œuvres radicalement abstraites à partir du monde qu’il observe. Inspiré par deux drapeaux rouges de chantier vus à New York, Red over red (rouge sur rouge) rend différentes, par le biais d’un jeu d’optique, deux tonalités pourtant identiques. Le tableau figure parmi les sept Relief paintings exposés à la galerie de West 24th Street, où Alan Charlton présente simultanément Gray, série réalisée vers 1970.

Matthew Marks, 522 West 24th Street, New York, tél. 1 212 24 30 200, jusqu’au 29 juin.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°129 du 8 juin 2001, avec le titre suivant : Artistes et galeries à travers le monde (8 juin 2001)

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