Artistes et galeries à travers le monde (31 août 2001)

L’actualité de l’art contemporain

Le Journal des Arts

Le 31 août 2001 - 1058 mots

PARIS
- Après avoir abordé le thème de la foule dans une de ses dernières séries de tableaux, Philippe Cognée s’intéresse aujourd’hui à celui des villes. Prenant une certaine distance par rapport à son sujet, le peintre abandonne la figure humaine qui habitait la surface entière de ses toiles pour s’attacher à la représentation de cités tentaculaires comme Le Caire ou Mexico. À la différence des villes européennes, dont l’artiste a peint des fragments, ces mégalopoles constituent des corps vivants à la fois monstrueux et fascinants dans leur démesure. Le cadrage choisi – des vues en contre-plongée – renforce cette impression d’immensité. Plus une évocation qu’une description fidèle des lieux, les toiles de Philippe Cognée restituent parfaitement l’atmosphère de ces villes polluées, écrasées par la lumière et la chaleur au sens propre comme au sens figuré : réalisée à l’encaustique, la peinture est partiellement dissoute en surface par l’artiste qui applique un fer à repasser sur la toile.

Galerie Laage-Salomon, 57 rue du Temple, 75004 Paris, tél. 01 42 78 11 71, du 4 au 22 septembre.

- Invité à présenter un projet spécifique pour Site Odéon°5, lieu dédié à l’art contemporain dirigé par Jean-Michel Wilmotte et Georges Verney-Carron, Marin Kasimir a décidé de faire rentrer l’ensemble de la place de l’Odéon dans les modestes locaux de la galerie et d’abolir ainsi les frontières qui séparent les notions d’espace privé et d’espace public, d’intérieur et d’extérieur. Grâce à l’utilisation d’un procédé de prises de vues panoramiques, l’artiste tapisse les cimaises de clichés, qui accolés, recréent le site environnant. Le spectateur, qui entre et franchit le seuil de la galerie, se retrouve paradoxalement à l’extérieur pour une déambulation hors du commun qui lui fait côtoyer immeubles, magasins, automobiles et chaussée. Bâtiment emblématique de la place, le Théâtre de l’Odéon bénéficie d’un traitement de faveur : l’artiste nous fait pénétrer au cœur de celui-ci et provoque une rencontre inattendue avec un personnage bien connu des lieux qui semble surgir du passé : Daniel Cohn-Bendit.

Site Odéon°5, place de l’Odéon, 75006 Paris, tél. 01 44 41 05 05, jusqu’au 15 septembre.



NICE
- Jubilatoires et cruels, les dessins de Béatrice Cussol ont le charme pervers des comptines enfantines : le jeu des formes et des couleurs, le rythme du trait, l’étrangeté des figures, et la « musique » de l’œuvre l’emportent sur la logique du récit. Les personnages, sujets principaux des dessins de l’artiste, ne sont pas les acteurs d’une fiction éclatée que le spectateur aurait pour mission de reconstituer : fruits de l’imagination débridée de leur créatrice, ils s’offrent crûment au regard sur des fonds souvent indéterminés, vierges de tout décor. Réalisées au feutre, au stylo à bille, à l’encre et à l’aquarelle, les œuvres de Béatrice Cussol cultivent les paradoxes : la spontanéité qui s’exprime dans certaines parties à peine esquissées du dessin cohabite sans complexe avec des éléments dans lesquels le sens du détail est exacerbé. Dans l’exposition présentée à la galerie Françoise Vigna, et intitulée avec humour « Sauces et coulis », l’artiste s’ingénie à montrer ce qui appartient habituellement au registre de l’intimité, de la pornographie ou du grand guignol : femme au visage en forme de sexe, personnages mutilés et hybrides qui s’adonnent à des actes de pénétrations en tout genre se succèdent sur un mode complètement dédramatisé.

Galerie Françoise Vigna, 3 rue Delille, 06000 Nice, tél. : 04 93 62 44 71, du 4 au 29 septembre.



LES ARCS-SUR-ARGENS
- Le château Sainte-Roseline, domaine vinicole situé dans le Var, accueille pour la troisième année consécutive une exposition d’art contemporain. Chargée du commissariat de la manifestation, Catherine Issert, dont la galerie est installée à Saint-Paul-de-Vence, présente des œuvres de Bill Culbert réalisées in situ. Les sculptures et installations de l’artiste accompagnent le visiteur, de l’entrée du domaine jusqu’à son centre symbolique situé dans le cloître. Les œuvres du sculpteur, dont les références majeures sont l’énergie et la lumière, sont constituées d’objets issus du quotidien (armoires, lampes, fenêtres, valises, portes) associés à des sources lumineuses : ampoules ou néons. Bancale et le flanc traversé par trois tubes néon, l’armoire de Blue Wardrobe est un de ces arrangements incongrus qui dialoguent avec l’esprit des lieux : son miroir reflète, selon les points de vue par lequel on l’aborde, le bleu monochrome du ciel provençal ou les parois de pierre de la chapelle Sainte-Roseline.

Château Sainte-Roseline, 83460 Les Arcs-sur-Argens, tél. : 04 94 99 50 30, jusqu’au 15 septembre.



MOUANS-SARTOUX
- Assiettes de décoration, tuyaux d’arrosage, poissons, légumes et fruits emballés sous cellophane, les sujets des tableaux d’Ulla Frantzen appartiennent à notre univers familier. Érigés en trophée par l’artiste – qui part d’une photographie photocopiée qu’elle reporte ensuite sur un textile molletonné tendu sur un châssis –, ces motifs, si triviaux et kitsch qu’ils puissent paraître, sont à classer parmi les genres les plus prisés de la peinture classique : nature morte, compositions florales, vanités… À ce déplacement de contexte, la peintre ajoute une dimension supplémentaire en piquant la surface de la toile de dessins géométriques cousus. La pratique de la couture, activité dévolue de façon atavique à la gent féminine, vient renforcer le lien, déjà ébauché, entre haute et basse culture, art populaire, art décoratif et art majeur. À côté des Cibles et Vanités d’Ulla Frantzen sont également présentés les compositions en contreplaqué, bois et pigments de Cynthia Lemesle, et les dessins et peintures de Jean-Philippe Roubaud, qui revisite librement l’histoire de l’art en recyclant avec ironie les œuvres et les techniques de ses illustres aînés.

Galerie Scotto, 6 rue Durand-de-Sartoux, 06370 Mouans-Sartoux, tél. : 04 92 92 23 74, jusqu’au 22 septembre.



NEW YORK
- Avec son délicieux et incompréhensible accent de Glasgow et son look de rockeur indépendant, Jim Lambie est devenu un personnage subversif très coté sur la scène culturelle new-yorkaise. Spécialiste de la découpe du papier et de la carte postale, dont les formes et les fragments abstraits ne sont pas sans évoquer l’esthétique de l’Arte Povera, l’artiste est surtout connu pour ses œuvres réalisées avec du chatterton multicolore. Disposé généralement de façon à créer des motifs sur le mur et sur d’autres surfaces, le Scotch est absent de l’exposition que lui consacre actuellement la galerie Anton Kern. Délaissant son matériau de prédilection, le jeune Écossais présente une nouvelle série d’œuvres espiègles et gaies.

Anton Kern, 532 West 20th Street, New York, tél. 1 212 965 1706, du 6 septembre au 13 octobre.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°131 du 31 août 2001, avec le titre suivant : Artistes et galeries à travers le monde (31 août 2001)

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