Patrimoine

Les Archives dans l’expectative

Sur fond de grogne sociale, la Rue de Valois se penche sur l’avenir du site parisien des Archives nationales

Par Daphné Bétard · Le Journal des Arts

Le 30 octobre 2012 - 608 mots

Depuis l’abandon de la Maison de l’histoire de France, l’avenir du site parisien des Archives nationales est entre les mains de la Rue de Valois. Tandis que les personnels de l’institution, reçus au ministère, demandent à récupérer l’intégralité du quadrilatère des hôtels Rohan-Soubise, la directrice prône plutôt le partage du site avec une autre institution publique.

PARIS - Quel avenir pour le site parisien des Archives nationales de France depuis l’abandon de la Maison de l’histoire de France (MHF) ? Quelle sera la vocation des 15 000 m2 ainsi libérés au sein du quadrilatère des hôtels Rohan-Soubise ? Le site parisien pourra-t-il accueillir l’ensemble des archives notariales comme prévu ? Autant de questions auxquelles la Rue de Valois devra apporter des réponses précises, au risque de voir s’envenimer une situation aujourd’hui tendue au sein de ce temple de la mémoire nationale. Reçue le 26 octobre par les conseillers du patrimoine et du dialogue social de la ministre de la Culture, une délégation intersyndicale des Archives de France a rappelé à ses interlocuteurs la nécessité de restituer à l’institution l’intégralité du site parisien pour pouvoir mener à bien ses missions de conservation et répondre aux besoins des années à venir. C’est ce que préconisait déjà Isabelle Neuschwander dans un projet scientifique enterré avec l’arrivée sur le tapis du projet de la MHF, en même temps qu’elle était limogée sans ménagement. Les conseillers de la ministre ont affirmé que le site parisien resterait entre les mains du ministère de la Culture et ne serait pas sacrifié à une vente à la découpe. En revanche, rien n’est acté quant aux espaces anciennement dévolus à la MHF. Le ministère souhaite qu’une étude soit réalisée courant 2013 pour définir les besoins réels de l’institution. Et c’est Agnès Magnin, l’actuelle directrice des archives, nommée début 2011, qui en serait l’auteur. « Agnès Magnin avait été nommée pour faire cohabiter les Archives nationales avec la Maison de l’histoire de France, il est aujourd’hui aberrant qu’elle soit missionnée pour réfléchir à une révision du travail qu’elle a accompli ! », dénonce un archiviste. Arrivée en remplacement d’Isabelle Neuschwander dans un contexte particulièrement houleux, Agnès Magnin n’est toujours pas parvenue à rétablir de dialogue social. À tel point qu’un avis de vacances au Journal officiel, simple formalité technique pour que son poste de directrice se mue en emploi fonctionnel, s’est transformé en une rumeur de départ – rumeur immédiatement contredite par la directrice. Comme elle nous l’a à nouveau affirmé, elle souhaite qu’une institution publique non concurrente s’installe sur le quadrilatère parisien – le Musée Picasso, établissement voisin en manque de bureaux, serait un candidat idéal.

Les atermoiements et tensions cristallisés autour du site parisien, ont freiné un projet sur les rails depuis seize ans : la restauration et le remontage de la Chancellerie d’Orléans, au rez-de-chaussée de l’hôtel de Rohan. Véritable serpent de mer, ce projet porté par le World Monuments Fund (WMF) avait franchi une étape décisive à l’été 2011 avec la signature d’un protocole entre la Banque de France, le WMF et l’État. Le ministère de la Culture s’était engagé à la rénovation du rez-de-chaussée de l’édifice en vue de l’installation du décor, pour des travaux estimés à deux ou trois millions d’euros. Bertrand du Vignaud, président du WMF commence à s’impatienter et désespère de voir enfin démarrer ces travaux. Il faudrait aussi penser à rénover l’ensemble des bâtiments du site parisien, dont certains sont dans un état de vétusté avancée. Résoudre le cas du quadrilatère des hôtels Rohan-Soubise par petits bouts n’a pas de sens et seule une vision d’ensemble pourra offrir des solutions satisfaisantes quant au devenir de cet ensemble patrimonial exceptionnel.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°378 du 2 novembre 2012, avec le titre suivant : Les Archives dans l’expectative

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