Peinture

L’érotisme selon Driez

Les mises en scènes érotiques et burlesques de Raynald Driez électrisent la galerie Polad-Hardouin

Par Alain Quemin · Le Journal des Arts

Le 30 octobre 2012 - 387 mots

PARIS - Si la qualité de l’offre artistique des galeries de la rue Quincampoix à Paris apparaît contrastée, l’amateur d’art contemporain aurait tort de négliger cette rue qui réserve de belles surprises.

C’est le cas à la galerie Polad-Hardouin qui présente actuellement une exposition de Raynald Driez. L’artiste, âgé de 38 ans, dont les dessins et céramiques pouvaient retenir l’attention lors de précédentes présentations, témoigne dans le cadre du présent accrochage, d’une maîtrise croissante de la peinture, nouvelle étape de son travail.

Si les petits formats de Raynald Driez utilisant ce médium, ou même certaines grandes toiles aux motifs plus sages, apparaissent moins convaincants, les sujets les plus crus, quel que soit le médium retenu, sont toujours excellents. Le trait n’est jamais aussi juste, aussi vif que quand il se donne libre cours pour aborder les thèmes les plus grivois, prenant un plaisir jubilatoire, à dépeindre les détails anatomiques les plus intimes, ne reculant pas même devant la pornographie. Les organes sexuels, les zones érogènes, les scènes d’accouplement sont traités dans un style nerveux qui rappelle le graffiti obscène et son urgence exutoire. Si, du fait de la nervosité, mais aussi de la belle précision du trait, les dessins de Raynald Driez les plus crus sont excellents et peuvent évoquer les meilleurs dessinateurs expressionnistes, la peinture apporte un complément d’autant plus riche que la gamme chromatique apparaît étendue et qu’elle est très justement utilisée. Il apparaît toutefois étonnant d’avoir retenu le thème des chrysalides pour dénommer l’exposition, quand les tableaux qui en relèvent sont peu pertinents, alors que les femmes dénudées, scènes de bordel ou contemporaines Olympias, apparaissent autrement plus captivantes. Les céramiques, elles aussi, se révèlent d’une force plastique remarquable, voyant, pour les premières d’entre elles, de lubriques créatures se lancer à l’attaque de crânes, stupre et vanité s’entremêlant joyeusement. D’autres pièces figurent de très belles madones atteintes d’excroissances qui se hissent, pour leur part, sur des parterres de crânes. Se mêlent ainsi religiosité, invitation au plaisir et promesse d’un funeste destin. Les remarquables couvertes complètent la puissance des volumes et, malgré leur taille limitée, les céramiques se hissent à la hauteur des œuvres sur papier ou des meilleures huiles sur toile. Le prix des œuvres va de 700 à 8 000 €.

Raynald Driez, Chrysalida

Jusqu’au 17 novembre, Galerie Polad-Hardouin, 86 rue Quincampoix, 75003 Paris. www.polad-hardouin.com

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°378 du 2 novembre 2012, avec le titre suivant : L’érotisme selon Driez

Tous les articles dans Marché

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque