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Jammes, bons baisers d’Égypte

Par Henri-François Debailleux · Le Journal des Arts

Le 30 octobre 2012 - 606 mots

À la galerie RX, Louis Jammes renoue avec le collage de rue réalisé au moment des révolutions arabes au Maroc et en Égypte.

PARIS - Louis Jammes a toujours été associé au mouvement de la Figuration libre. Il en fit partie dès le début des années 1980 et il est l’un des cinq de la désormais fameuse exposition « 5/5. Figuration libre. France/USA » qui, de décembre 1984 à février 1985, réunissait à l’ARC-Musée d’art moderne de la Ville de Paris cinq artistes français (Rémi Blanchard, François Boisrond, Robert Combas, les frères Di Rosa et Louis Jammes) et cinq artistes américains (Jean-Michel Basquiat, John Crash, Keith Haring, Tseng Kwong Chi et Kenny Scharf). Mais en même temps Jammes (né en 1958) a toujours été un peu à part, plus réservé. La raison en est sans doute le fait, qu’à côté de ses amis peintres, il a lui toujours été photographe. Un choix qui en a fait un peu le cinquième mousquetaire de cette aventure artistique. Une sorte aussi de témoin, d’accompagnateur par l’image, pendant quelques années tout du moins, puisqu’il a ensuite pris ses distances.

Il a par ailleurs toujours été moins exubérant et moins prolifique que Combas et Di Rosa, par exemple. Sept ans déjà que Louis Jammes n’avait pas fait d’exposition personnelle. Lors de la précédente, dans cette même galerie, il avait montré des photos prises en Irak à la fin de la guerre sur lesquelles il inscrivait directement dessus des dessins et des écritures ; fidèle en cela à l’un de ses thèmes de prédilection.

Pour cette nouvelle série d’œuvres, c’est vers son second axe de travail qu’il s’est tourné, celui qu’il avait notamment réalisé dans la ville assiégée de Sarajevo en 1992-1993. Il avait alors abordé la pratique du collage de rue et de la photo prise dans la foulée. Cette fois c’est surtout en Égypte (et un peu au Maroc) qu’il est intervenu. Là où, en pleine révolution, l’art de la rue, partie prenante du printemps arabe, a trouvé sa raison d’être et sa place. Et notamment place Tahrir au Caire, près de laquelle Jammes a collé des images du Sphynx et de pyramides. À l’arrivée, les grands tirages en noir et blanc comme les photos en couleur qui mettent en scène ces collages de rue jouent de belle manière avec l’irisation, la lumière, en référence à la mythologie égyptienne et au cycle circadien du soleil, autrement dit son parcours dans le ciel avant sa réapparition chaque matin.

On découvre aussi des portraits de jeunes révolutionnaires que Louis Jammes a photographié en prenant pour fonds un grand papier suspendu dans la rue, comme dans un studio. Il retrouve là d’une part un principe équivalent à celui qui le voyait à ses débuts travailler avec les polaroïds qu’il grattait après la prise de vue. Et d’autre part, le même désir de photographier son époque, les événements ou les personnages qui la marquent et auxquels il superpose sa présence et son histoire, avec ses propres empreintes, biffures, écritures, peintures.

Enfin sont également présentés des travaux réalisés, comme dans leur bon vieux temps, avec Robert Combas où ce dernier repeint des photos de ses propres dessins prises par Jammes. Un « à toi à moi » pour un bel échange.

À son image, les prix de Jammes sont discrets. De 1 800 euros pour les petits formats (20 x 25 cm) à 18 000 euros pour les grandes (1,60 x 1,25) photos peintes avec Combas. Une fourchette d’autant plus raisonnable que toutes les photos présentées sont des tirages uniques.

De l’autre côté du monde

Jusqu’au 17 novembre, Galerie RX, 6 avenue Delcassé, 75008 Paris, www.galerierx.com

LOUIS JAMMES

- Nombre d’œuvres : 37

- Prix : de 1 800 à 18 000 €

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°378 du 2 novembre 2012, avec le titre suivant : Jammes, bons baisers d’Égypte

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