American « drip »

Ventes de New York d'art contemporain : records annoncés

Par Armelle Malvoisin · Le Journal des Arts

Le 30 octobre 2012 - 804 mots

Menées par l’Abstraction américaine, les ventes d’art d’après-guerre et contemporain annoncent des montants records grâce à quelques raretés.

NEW YORK - Programmées après les élections présidentielles américaines, les prestigieuses ventes new-yorkaises d’art d’après-guerre et contemporain promettent de marquer un nouveau jalon dans l’histoire des enchères, depuis les 560 millions de dollars (400 millions d’euros) engrangés en novembre 2011. Pas moins de 600 à 840 millions de dollars (460 à 645 millions d’euros) d’estimations cumulées sont annoncées les 13 et 14 novembre, pour un nombre équivalent de lots. Chez Sotheby’s, un groupe d’œuvres expressionnistes abstraites domine la vente, à commencer par la toile Number 4 (1951) de Jackson Pollock, estimée 25 à 35 millions de dollars.

C’est « un vrai drip comme n’en a pas vu le marché depuis une vingtaine d’années », soutient le spécialiste Grégoire Billault qui précise aussi que « le tableau qui appartient au même propriétaire depuis 1974 n’est jamais passé aux enchères ». Issues de la même collection,  deux huiles sur toile, Nirvana (1963) de Hans Hofmann et Transfiguration (1958) d’Adolph Gottlieb, aux estimations (5 à 7 millions et 3 à 5 millions de dollars) également annonciatrices de records pour les artistes. Tandis que des prix soutenus sont attendus pour Abstraction (1949) de Willem de Kooning et 1948-H de Clyfford Still (estimés 15 à 20 millions de dollars chacun), ainsi que pour Impatience (1945) d’Arshile Gorky et une composition de 1959 de Joan Mitchell (est. 6 à 8 millions de dollars chacune). Pour compléter cette sélection, un très grand et beau Rothko de 1954 a été estimé 35 à 50 millions de dollars. Le lendemain, Christie’s prendra la main avec une monumentale composition historique noire et blanche de 1957 de Franz Kline (2 x 2,80 m), estimée 20 à 30 millions de dollars ; un Black Stripe de 1957 de Rothko et une peinture de Clyfford Still (est. 15 à 20 millions de dollars chacun). Seront par ailleurs proposés Accord Bleu (Relief Éponge) (1958), l’un des premiers Relief éponges d’Yves Klein, vendu par le Brooklyn museum sur une estimation de 7 à 10 millions de dollars et Ocean Park # 48 (1971), grande huile sur toile de Richard Diebenkorn attendue pour la somme record de 8 à 12 millions de dollars. Tandis que Sotheby’s présente un exceptionnel Pope de Francis Bacon en 1954 estimé 18 à 25 millions de dollars.

Quatorze Warhol
Réparties entre les deux catalogues, quatorze œuvres d’Andy Warhol marqueront la saison. Un rare et grand Green Disaster de 1963 a été estimé autour de 12 millions de dollars chez Sotheby’s. Chez Christie’s, Statue of Liberty (1962) figure l’un des premiers essais de peinture en 3D (à voir avec des lunettes spécifiques), ce qui constitue une innovation pour l’époque. 35 millions de dollars sont attendus pour ce sujet utilisant l’image répétitive de la statue symbole du rêve américain. « C’est l’une des plus importantes déclarations d’amour qu’Andy Warhol ait faite à l’Amérique », commente Brett Gorvy, directeur international du département d’art d’Après-guerre et contemporain. Estimée 20 millions de dollars, le très glamour Marlon (1966) pour lequel Warhol a repris l’affiche du film l’Equipée Sauvage (The Wild One) de 1953, appartient à sa série des portraits de célébrités hollywoodiennes. Exécutée sur toile de lin brut non préparée, l’œuvre dégage une matérialité faisant écho à la masculinité du sujet. Christie’s n’a pas non plus hésité à placer le curseur très haut pour un tableau de Jean-Michel Basquiat de 1981, estimé 20 millions de dollars, soit l’actuel prix record pour l’artiste. « Présenté dans toutes les rétrospectives majeures de l’artiste, au Whitney Museum of American Art, à la fondation Beyeler et au Musée d’art moderne de la ville de Paris, ce tableau réunit tous les éléments que l’on recherche dans une œuvre de l’artiste : l’énergie, la liberté et l’audace », soutient le spécialiste Loïc Gouzer qui rappelle également que « l’œuvre avait établi un record aux enchères en 1988 sur une adjudication de 110 000 dollars ».

Quelques autres blockbusters sont présents dans la section plus contemporaine, telle une des cinq versions de la sculpture monumentale Tulips (1995-2004) de Jeff Koons, estimée 20 à 30 millions de dollars, toujours chez Christie’s. La maison de ventes propose aussi un vibrant tableau Abstraktes Bild de Gerhard Richter, réalisé en 1992 et estimé 12 à 18 millions de dollars, en compétition avec celui présenté par Sotheby’s, un grand format de 1990 estimé 16 millions de dollars.

SOTHEBY’S LE 13 NOVEMBRE

Art d’après guerre et contemporain

- Expert : Tobias Meyer
- Estimation : 290 à 400 millions de $ (223 à 307 millions d’€)
- Nombre de lots : 71


CHRISTIE’S LE 14 NOVEMBRE

Art d’après guerre et contemporain

- Expert : Koji Inoue
- Estimation : 310 à 440 millions de $ (238 à 338 millions d’€)
- Nombre de lots : 74

Légende photo

Jackson Pollock - Number 4 (1951) - Huile, émail et peinture aluminium sur toile - 76.5 x 63.5 cm - vente du 13 novembre 2012 chez Sotheby's New York - Estimation 25.000.000 / 35.000.000 $ - Photo www.sothebys.com 

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°378 du 2 novembre 2012, avec le titre suivant : Ventes de New York d'art contemporain : records annoncés

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