Florilège des écoles du Nord

Dessins anciens d’Europe du Nord à la galerie Haboldt, à Paris

Le Journal des Arts

Le 7 décembre 2001 - 641 mots

L’exposition vente de dessins anciens et esquisses à l’huile des écoles du Nord, organisée par le marchand Bob Haboldt à New York, est présentée jusqu’au 15 décembre dans sa galerie parisienne, 70 rue du Faubourg Saint-Honoré. La sélection très rigoureuse des 83 œuvres présente plus de trois siècles de dessins anciens, aperçu assez exhaustif de la diversité des techniques et de la variété de l’iconographie. Toutefois, à force de purisme – plusieurs pièces semblent dignes d’intégrer des collections publiques –, le choix des œuvres gagne en qualité ce qu’il perd en accessibilité. La sélection apparaît presque glacée, enfermée dans la vitrine de la tentation encyclopédique.

PARIS - Si Bob Haboldt a choisi d’exposer des dessins anciens et esquisses des écoles du Nord, ce n’est ni un effet du hasard, ni celui d’un engouement ponctuel. Marchand de tableaux et de dessins anciens, il avoue une prédilection pour les Écoles du Nord, et particulièrement pour le Siècle d’Or hollandais. Sans s’y consacrer pour autant totalement, c’est par goût personnel qu’il privilégie ce genre, les œuvres qui nous sont aujourd’hui présentées sont en quelque sorte sa « collection permanente ». Elles représentent plusieurs années d’acquisitions et de recherches, elles sont le « fonds » de la galerie.

Présentée dans un premier temps à New York, l’exposition prend place à Paris pour trois semaines. Bien que déjà proposées à la vente, la plus grande partie des œuvres restent disponibles pour les collectionneurs parisiens, ce qui justifie l’aspect itinérant de la manifestation. La sélection de 83 dessins et esquisses est remarquable. La plupart des thèmes iconographiques chers aux écoles nordiques y sont présentés – depuis les paysages et les planches miniaturistes, jusqu’aux sujets bibliques et religieux, en passant par les planches botaniques et animalières –, illustrés par un nombre important de techniques précises et virtuoses.

Une grande liberté d’exécution
La pièce la plus exceptionnelle de cette exposition est œuvre d’Hendrick Goltzius et s’envisage dans une série de trois dessins dédiés aux femmes des Patriarches. Rébecca, femme d’Isaac, au puits, 1597, présente, dans l’élongation des formes et la composition sinueuse, les grandes caractéristiques du Maniérisme. Initialement dessiné à l’encre et au lavis bruns, le dessin a ensuite été gravé, avant d’être rehaussé de blanc et de sanguine. Cette technique extrêmement raffinée rend le dessin particulièrement fini, et donne à la carnation du personnage une chaleur presque palpable. Parmi les œuvres très originales, il nous faut également citer une planche d’études de Bruegel l’Ancien consacrée aux cerfs (30 000 euros, 196 787 francs). Le motif y est très esquissé, il a vraisemblablement été exécuté d’après nature dans une ménagerie bruxelloise et en garde une grande liberté d’exécution. Ce genre d’étude est suffisamment rare chez Bruegel l’Ancien pour être souligné, il s’agit de plus d’un travail préparatoire à la toile, Adam et Ève au Paradis, réalisée en collaboration avec Rubens.

Le reste de l’exposition explore de manière systématique les grands genres du dessin nordique. Les miniatures décoratives sont présentées grâce à un ensemble de trois œuvres circulaires. Très prisées au XVIIIe siècle, ces compositions florales, minutieuses et très raffinées, étaient destinées à orner des poudriers. En témoigne l’œuvre de Jan Frans van Dael, peinte à même le métal (20 500 euros, soit environ 134 471 francs). Plusieurs paysages hollandais du XVIIe siècle sont évidemment présentés, œuvres d’Esaias van de Velde, de Pieter Molijn ou encore de Jan van Goyen dont une Foire de village, réalisée en 1656, l’année même de la mort de l’artiste (55 000 euros, environ 360 776 francs). Des planches d’études botaniques et animalières, des portraits, des projets de décoration d’écoinçons, des miniatures sur vélin sont également exposés. La liste complète des styles et des écoles est ainsi déroulée, dressant un panorama presque complet de l’art du dessin ancien dans l’Europe du Nord. Une visite intéressante qui se complète par le volumineux catalogue qui accompagne l’exposition, dans lequel chaque œuvre bénéficie d’une notice extrêmement détaillée.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°138 du 7 décembre 2001, avec le titre suivant : Florilège des écoles du Nord

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