L’art en capitale

Par Henri-François Debailleux · Le Journal des Arts

Le 3 octobre 2012 - 863 mots

La Fiac Hors les murs essaime ses œuvres dans tout Paris et promet, du Jardin des plantes à l’île Seguin, un marathon aux passionnés d’art contemporain.

Lorsqu’elle est revenue au Grand Palais en 2006, après douze ans d’exil dû à des travaux de réfection de la grande nef, la Fiac s’est aperçue qu’elle disposait d’une surface d’exposition moindre qu’à la porte de Versailles. Pour ne pas perdre trop d’exposants, l’organisateur de la Foire (Reed-Expositions), sa directrice artistique Jennifer Flay (nommée juste après l’édition de 2003) et son commissaire général Martin Bethenod (arrivé en 2004 et parti en mai 2010) ont alors eu l’idée d’installer les jeunes galeries sous une tente au milieu de la Cour carrée du Louvre. Mais pour faire le lien entre les deux pôles de la foire, inscrire celle-ci encore plus au cœur de la ville et offrir aux artistes d’autres possibilités d’expression sous la forme d’œuvres monumentales – dans la lignée de la section Unlimited à Bâle –, le tandem Flay-Bethenod a cherché un lieu en extérieur et l’a trouvé avec le jardin des Tuileries.

C’est ainsi qu’est né son programme « Hors les murs ». Entre-temps, la Fiac a perdu la Cour carrée en 2010, pour des questions de travaux. Mais elle a continué, et même développé, son programme avec une extension en 2011, au Jardin des plantes et dans différents espaces du Muséum national d’histoire naturelle. Et ce programme, elle le renforce encore cet automne. Il faut dire que le parcours a comptabilisé quelque 480 000 visiteurs en octobre dernier.

Pour la 7e année consécutive, la Fiac renouvelle donc sa collaboration avec le Musée du Louvre pour installer, comme à chaque fois, une vingtaine d’œuvres aux Tuileries. Vingt et une exactement pour cette édition 2012, parmi lesquelles The Origin of the World (Cassis Madagascariensis) Indian Ocean de Marc Quinn, un coquillage en bronze de trois mètres de haut installé dans le grand bassin côté Louvre et proposé par la galerie Thaddaeus Ropac. Un peu plus loin Tadashi Kawamata, présenté par Kamel Mennour, montre Exchange Library qui comme l’évoque son titre, est une librairie installée dans un conteneur où chacun peut repartir avec un livre à condition d’être venu avec un autre pour l’échanger. Mircea Cantor de la galerie Yvon Lambert, lui, a fait reconstruire une petite maison en bois typiquement roumaine (son pays d’origine) sans toit, mais avec des motifs de corde gravés sur les murs symbolisant la ligne de vie. Avec son humour et son sens de l’absurde, Philippe Ramette de la galerie Xippas présente un mât sur lequel sont accrochés des panneaux de direction, difficiles à suivre puisqu’ils n’indiquent pas grand-chose. Comme l’indique l’intitulé Sans titre (Hésitation métaphysique), il y a de quoi se prendre et perdre la tête. En hommage à Denise René, sa galeriste récemment décédée, Carlos Cruz-Diez a installé Chromosaturation pour une allée publique, composée de trois modules qui dialoguent sur leur monochromie et nous invitent à une belle expérience de la couleur.

Avec en prime, des performances, des conférences et dans le jardin même, le « Cinéphémère », un cinéma de quatorze places installé en association avec la Fondation d’entreprise Ricard qui projette tous les jours des films d’artistes.

Jardin des plantes n° 2
De son côté le Jardin des plantes fête donc sa deuxième participation au parcours « Hors les Murs » et propose vingt-neuf réalisations (contre dix-huit en 2011). Autour d’une thématique en relation directe avec le lieu – le rapport à la nature, l’environnement, la biodiversité –, les œuvres sont ici à découvrir aussi bien à l’extérieur que dans les espaces intérieurs du Muséum national d’Histoire naturelle, les grandes serres, la ménagerie, la grande galerie de l’Évolution. L’occasion de découvrir notamment la réflexion de Yto Barrada de la galerie Polaris sur le marché des faux fossiles au Maroc ; de Mark Dion de la galerie In situ (Fabienne Leclerc), dont le travail prend régulièrement pour thème les cabinets de curiosité ; ou le poème sonore performatif, au côté sédatif avéré, de One Million Years de On Kawara (galeries Martine Aboucaya et Yvon Lambert) lu en alternance par une femme et un homme qui énumèrent respectivement des dates impaires et paires… Enfin, nouveauté de cette année, la Fiac étend encore ce programme « Hors les murs » à deux nouveaux sites, la place Vendôme avec trois sculptures monumentales de Jaume Plensa et l’esplanade des Invalides avec une œuvre de Jerémy Deller, ainsi qu’à des projets associés. Citons également le déjà fameux R4, futur nouveau pôle des arts plastiques et visuels de l’île Seguin (architecture de Jean Nouvel prévue pour 2015) avec en extérieur, des sculptures, installations, conférences…, le Silencio, un lieu hybride près de la Bourse imaginé par David Lynch. S’y ajoutent le Parcours Privé et le nombre considérable d’expositions importantes disséminées dans la ville  qui font indéniablement de Paris, en ce mois d’octobre, la capitale de l’art contemporain.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°376 du 5 octobre 2012, avec le titre suivant : L’art en capitale

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