Petite commune, grand musée

Par Maureen Marozeau · Le Journal des Arts

Le 20 juin 2012 - 556 mots

Ne pouvant compter que sur les touristes pour gonfler leur fréquentation, les musées dans les petites communes jouent la carte de la spécialisation et de la qualité.

Rares sont les musées à pouvoir se targuer d’accueillir,sur l’année, près de 28 fois le nombre total d’habitants de la commune qui les abrite. C’est précisément le cas du Musée national du château à Fontainebleau (15e au classement général), commune frôlant les 16 000 résidents qui voient défiler chaque année près de 440 000 visiteurs dont plus de la moitié sont des touristes étrangers.
Le premier Festival d’histoire de l’art qui s’est tenu au château en 2001 a largement contribué, il est vrai, à ces bons chiffres de fréquentation. Le succès obtenu par l’événement cette année (18 000 visiteurs contre 15 000 en 2011) devrait conforter cette hausse l’année prochaine. Également situé à moins d’une heure de Paris, Chantilly et ses 11 000 habitants ne sont pas en reste. Le Musée de Condé (48e rang) accueille près de 227 000 visiteurs(dont 88 % payants) venus découvrir des joyaux qui ne sortiront jamais de l’enceinte du château, dernières volontés du duc d’Aumale obligent. Nul doute que sa fréquentation (25 % de touristes étrangers) bénéficierait de journées gratuites que Fontainebleau lui organise régulièrement, ce avec le soutien d’un effectif bien plus important.

Des musées spécialisés exigeants 
Outre ces deux exemples de richesse patrimoniale judicieusement mise en valeur sur laquelle une ville peut bâtir sa réputation et son capital culturel, les autres institutions arrivant en tête de ce sous-classement des musées dans les villes de moins de 20 000 habitants contribuent chacune de manière précise au rayonnement de leur commune. Ainsi leur contenu est axé soit sur une période (historique ou artistique) donnée, soit sur un artiste originaire des lieux, ou encore sur un domaine spécifique. Les musées départementaux Matisse du Cateau-Cambrésis (24e) et Georges de La Tour à Vicsur-Seille (61e) capitalisent, par exemple, sur la fierté locale d’avoir donné naissance à un grand nom de la peinture, et recueillent de ce fait un public composé à 40 % de scolaires pour le Cateau. Idem pour le Musée des beaux-arts de Pont-Aven (52e) consacré à l’école menée par Gauguin et indissociable de la petite commune bretonne (moins de 3 000 habitants). Le fort ancrage local a convaincu les responsables du musée de lancer une souscription publique pour l’aider à financer ses travaux d’agrandissement. Dans un genre différent, le Centre national du costume de scène à Moulins (60e) est un exemple de décentralisation des collections et de réhabilitation d’un bâtiment historique particulièrement réussi. Preuve qu’un fonds exceptionnel, très ciblé, accessible aux chercheurs et présenté dans le cadre d’une programmation dynamique peut faire beaucoup pour une ville. Identité forte, fonds de qualité et valorisation active forment donc l’alliance idéale pour les musées de communes à faible nombre d’habitants.

À titre d’exemple, l’ancien musée d’art américain de la Terra Foundation à Giverny est désormais clairement identifié depuis qu’il a mué en Musée des impressionnismes – avec une collection, certes, au stade embryonnaire mais des expositions toujours plus ambitieuses. D’autant qu’il est désormais en phase avec le site historique sur lequel il est implanté. Placé 13e de ce sous-classement, le musée ne devrait pas tarder à faire partie des dix premiers.

Les dix premiers musées de villes de moins de 20 000 habitants

Les dix premiers musées de villes de moins de 20 000 habitants

NC : non classé

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°372 du 22 juin 2012, avec le titre suivant : Petite commune, grand musée

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