Architecture

Une maison pour des jours meilleurs

Par Armelle Malvoisin · Le Journal des Arts

Le 6 juin 2012 - 551 mots

La galerie Patrick Seguin présente un des cinq exemplaires d’un protype d’habitation conçu par Jean Prouvé pour répondre à la crise du logement des années 1950.

PARIS - Le galeriste parisien Patrick Seguin exposera, du 11 au 17 juin lors de la foire suisse Art Basel, la maison aluminium « Métropole » (1949) de Jean Prouvé, conçue sur le principe des bâtiments à portiques breveté dès 1939 et appliqué après guerre dans des programmes variés. Dans son espace parisien du quartier de la Bastille, il dévoile l’un des cinq exemplaires (et le seul répertorié) de la « Maison des jours meilleurs » (1956). Répondant aux besoins urgents de relogement dans l’après-guerre, ce prototype d’habitation d’environ 50 m2 correspond à un appartement normalisé F3 avec deux chambres, un vaste séjour prolongé par une cuisine et un bloc sanitaire ménager. Il était il y a peu la maison de week-end d’une famille de l’est de la France.

Son histoire remonte à l’hiver 1954, particulièrement rude, durant lequel l’abbé Pierre milite pour une construction de logements d’urgence et fonde les compagnons d’Emmaüs. Il fait appel à Jean Prouvé pour concevoir et construire une maison bon marché destinée à une famille standard (un couple et deux enfants), baptisée « Maison des jours meilleurs ». « Cette maison montée en sept heures devait servir de démonstration et inciter la fabrication de logements individuels ou collectifs suivant des procédés industriels, rappelle Patrick Seguin. Cependant, trop révolutionnaire pour son époque, elle n’obtiendra pas les homologations officielles pour une production en série, les fonctionnaires de l’homologation n’admettant pas qu’une salle d’eau puisse être située au cœur de l’espace d’habitation. »

Une Maison des sinistrés vendue en Asie
Chantre de l’architecture démontable de Jean Prouvé, Patrick Seguin montre depuis des années les réalisations de l’architecte. Il a vendu plusieurs de ces bâtiments partout dans le monde, notamment en Asie où une « Maison des sinistrés » est devenue la maison de thé d’un particulier. En 2003, il s’est associé pour la première fois à une grande galerie d’art contemporain, Sonnabend à New York, pour faire découvrir les principes architecturaux de Prouvé. L’expérience sera renouvelée en 2004, à la Galerie Gagosian de Los Angeles. En 2010, à l’occasion de la Fiac (Foire international d’art contemporain), il installe la « Maison Ferembal » (1948) de Prouvé, adaptée par Jean Nouvel après restauration, dans le jardin des Tuileries.

La « Maison des jours meilleurs » fera ensuite partie d’une grande exposition sur Prouvé organisée à la Galerie Gagosian à New York au printemps 2013, laquelle réunira une maison « Métropole » ; deux Maisons des sinistrés de Lorraine (1944) – le modèle en 6 x 6 m et un des rares en 8 x 8 m, ainsi que le seul prototype de la « Maison BCC » de Pierre Jeanneret et Jean Prouvé (1942). Patrick Seguin présentera une Maison des sinistrés de Lorraine (6 x 6 m) en 2013 et le prototype de la « Maison BCC » en 2014. Le prix pour une architecture démontable de Prouvé ? À partir de 200 000 euros jusqu’à plusieurs millions d’euros.

JEAN PROUVÉ. « MAISON DES JOURS MEILLEURS » POUR L’ABBÉ PIERRE, 1956

Jusqu’au 29 septembre, Galerie Patrick Séguin, 5, rue des Taillandiers, 75011, Paris, tél. 01 47 00 32 35, www.patrickseguin.com, du mardi au samedi 10h-19h.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°371 du 8 juin 2012, avec le titre suivant : Une maison pour des jours meilleurs

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