SVV Binoche

Au cœur de l’Amazonie

Par Armelle Malvoisin · Le Journal des Arts

Le 12 mai 2006 - 522 mots

Les pièces venant de cette région sont rarissimes en ventes publiques.

PARIS - « Le dépouillement des catalogues de ventes aux enchères conduites à New York et Paris dans les dernières décennies (en dehors de la vente Gérard Geiger [les 14 et 15 mars 2005 à Drouot]) montre à quel point les céramiques et les objets amazoniens de qualité sont rares », rapporte l’expert Jacques Blazy. C’est pourquoi la vente spéciale « Amazonie » prévue le 15 mai à Drouot est un événement.

Trois collections ont été réunies pour cette vacation par le commissaire-priseur Jean-Claude Binoche, parmi les rares promoteurs de l’art amérindien en France. L’un de ces ensembles, la collection de l’explorateur et cinéaste Marcel Isy-Schwart, comprend des objets ethnographiques composés de plumes d’oiseaux rares protégés par la convention de Washington du 1er juillet 1975, laquelle interdit le commerce de tout ou partie de spécimens menacés de la faune et de la flore sauvage. Les pièces présentées, collectées en Amazonie brésilienne entre 1954 et 1970, ne tombent pas sous le coup de l’interdiction de vente, car la convention est non rétroactive. 

Après avoir conservé son précieux trésor dans un grenier aménagé à la campagne, Marcel Isy-Schwart, 89 ans, décide aujourd’hui de se séparer de ses coiffes, tambours, colliers, bracelets, arcs et flèches garnies de plumes de perroquet, obtenus grâce au troc avec les Indiens, notamment contre des perles de verre et de la nivaquine. « Le bouquet de ce feu d’artifice d’objets de la “grande forêt”, c’est incontestablement les 67 coiffes et diadèmes de plumes venant des Indiens de cette terre d’Amazonie », précise l’expert. En très bon état, ces objets sont estimés entre 300 et 10 000 euros. Signalons un important masque en bois demi-circulaire et plumes « cara grande » jaunes, rouges et bleues, estimé 8 000 euros.

La vente est complétée par un ensemble de céramiques de l’Amazonie brésilienne provenant de l’ancienne collection Jean Lions, constituée à la fin des années 1970, soit de magnifiques urnes anthropomorphes venant de basse Amazonie (1000 apr. J.-C.), des plats, des récipients, des urnes funéraires, des cache-sexe en céramique de l’île de Marajó au Brésil, datés de 400 à 1 400 apr. J.-C, pièces « rares et faiblement représentées dans les collections publiques et privées européennes comme américaines », souligne l’expert. La plus haute enchère est attendue sur une urne funéraire de taille exceptionnelle (H. 89 cm) représentant quatre visages schématisés en relief, estimée 80 000 euros. Enfin, la troisième partie du catalogue concerne la collection Bianchi, constituée dans les années 1960, et exposée en 1999 au Centro Cultural Corp Group de Caracas. « Cet ensemble très rare de masques, armes, instruments de musique, bancs, pirogues, ornements et parures ainsi que de colliers et vanneries provient principalement des rives du Haut-Orénoque vénézuélien ainsi que de l’Amazonie équatorienne, des ethnies Yanomani, Piaroa, Panare, Ye’Kuana, Curripaco, et enfin Guajibo, indique Jacques Blazy. Malheureusement, la destruction des coutumes ancestrales par les évangélistes concourt aujourd’hui à la disparition définitive des témoignages ethnologiques du passé de cette région d’Amazonie. »

Amazonie

- Expert : Jacques Blazy - Estimation : 500 000 euros - Nombre de lots : 326

Amazonie

Vente le 15 mai à Drouot, 9, rue Drouot, 75009 Paris, SVV Binoche, tél. 01 47 42 78 01, exposition le 13 mai 11h-18h et le 15 mai, 11h-12h.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°237 du 12 mai 2006, avec le titre suivant : Au cœur de l’Amazonie

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