Trois questions à

Frédéric Chambre, commissaire-priseur associé de la SVV Pierre Bergé & associés (PBA)

« Nous allons insuffler un esprit PBA en Belgique »

Par Armelle Malvoisin · Le Journal des Arts

Le 12 mai 2006 - 738 mots

Comment progresse le groupe Pierre Bergé & associés (PBA) ?
La SVV Pierre Bergé & associés a été créée en juin 2002. Elle se situe face à l’hôtel Drouot, un lieu important qui a gardé sa magie. À l’origine, elle repose sur la réunion de quatre commissaires-priseurs : Raymond de Nicolaÿ, Éric Buffetaud, Antoine Godeau et moi-même. Aujourd’hui, sous l’impulsion de Pierre Bergé, la maison est dirigée par Antoine Godeau et Frédéric Chambre, deux commissaires-priseurs associés, et Olivier Ségot, directeur général. Le chiffre d’affaires du groupe Pierre Bergé & associés est de 36 millions d’euros en 2005 ( 230 % par rapport à 2002). La mise en route a pourtant été assez chaotique : l’association de quatre individus aux personnalités différentes a quelque peu brouillé les pistes, nuisant à notre visibilité. En 2003, nous avons pensé à une stratégie d’ouverture sur un marché plus international avec la création de PBA Suisse SA à Genève. Nous sommes la seule maison de ventes française à se développer à l’étranger. Notre implantation à Genève est principalement axée sur les ventes de bijoux. La ville, bien que très concurrencée par New York et Hongkong, reste la place centrale du marché international de la joaillerie. Notre première vente de bijoux a eu lieu en mai 2003. Dès le départ, nous avons souhaité apporter un label PBA et un goût français. Cela se concrétise par des ventes de charme d’objets, la plupart signés et anciens, dans des fourchettes de prix allant de 5 000 à plus de 1 million d’euros. Selon les saisons, nous nous positionnons à la troisième ou quatrième place (devant ou derrière Phillips, de Pury). En complément de vacations généralistes de bijoux, nous avons développé des ventes thématiques sur des créateurs : Suzanne Belperron, Mauboussin et René Boivin. À Paris, j’ai repris la direction du département des livres, domaine où nous sommes leaders en France. Pour 2005, la collection Bloch et les trois premières ventes de la dispersion du fonds du marchand Pierre Berès ont totalisé près de 15 millions d’euros (1). Nous nous sommes aussi lancés dans la nouvelle niche des ventes d’archéologie. Ce département est géré par Antoine Godeau avec la collaboration du cabinet Mariaud de Serres-Kunicki. La SVV Pierre Bergé & associés, pourtant généraliste, a su développer une compétence et une crédibilité internationalement reconnue dans ces différents domaines. Aujourd’hui, PBA a la réputation d’une maison sérieuse et dynamique.

Quels sont vos derniers coups de cœur artistiques ?
Dans notre vente du 16 mai à Genève, je reste admiratif d’une broche de Verdura des années 1940. Elle a été réalisée à partir d’une pièce ancienne de jeu d’échecs indien en os sculpté, entièrement habillée d’éléments anciens de joaillerie. J’apprécie également les sculptures de Pierre Székely que j’ai vues chez plusieurs marchands parisiens dont Jacques Lacoste.
 
Quelles sont vos ambitions à l’international ?
Nous renforçons notre stratégie de développement en Europe par la création de PBA Belgique. Le 20 avril, PBA a acquis auprès de MM. Georges et François de Jonckheere, 100 % de la société Servart Beaux-Arts, située place du Grand-Sablon à Bruxelles. Leader sur le marché belge des ventes aux enchères, cette société est réputée pour l’art belge, la peinture, le design moderne et contemporain. Les pourparlers ont débuté il y a trois mois, mais cela faisait longtemps que nous pensions à une implantation en Belgique. C’est un pays de collectionneurs où s’est installée depuis quelques années une partie de notre clientèle française : c’est à nous d’aller vers eux et non l’inverse. Je crois énormément au développement d’une maison de ventes belge. Les Jonckheere ont mis ce projet de salle des ventes sur les rails dans cet écrin magnifique qu’est l’ancien hôtel des princes de Masmines. Nous allons lui donner une nouvelle impulsion et insuffler un esprit PBA en Belgique. PBA Belgique ne sera pas une simple succursale, mais bien une maison de ventes destinée à être au même niveau que PBA Paris, dans des spécialités différentes. Nous allons mettre en place des ventes de design et d’art contemporain. Nous voulons maintenir les ventes d’art belge toutes spécialités confondues ainsi que celles de tableaux anciens, et ce, grâce au soutien de MM. de Jonckheere. Enfin, nous réfléchissons à un département des arts premiers à Bruxelles. Et j’espère que ce n’est que le début d’une expansion européenne…

(1) La collection privée de Pierre Berès sera dispersée le 20 juin à Drouot sur une estimation basse de 7 millions d’euros.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°237 du 12 mai 2006, avec le titre suivant : Frédéric Chambre, commissaire-priseur associé de la SVV Pierre Bergé & associés (PBA)

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