Art asiatique

Rouleaux de printemps

Le Journal des Arts

Le 12 mai 2006 - 476 mots

Le Musée Guimet dévoile une centaine d’œuvres souvent inédites de la dynastie Qing.

 PARIS - À eux seuls, les neuf rouleaux peints commandés par trois empereurs mandchous de la dynastie Qing (1662-1796), Kangxi, Yongzheng et Qianlong, méritent la visite de l’exposition du Muése Guimet, à Paris, « Les très riches heures de la cour de Chine ». Provenant des collections du musée, ils n’ont jamais été présentés entièrement déroulés. Ces œuvres majeures constituent le cœur de l’ensemble composé d’une centaine de peintures et de céramiques de grande qualité ici présentées.
Les rouleaux retracent l’histoire des règnes des empereurs Kangxi (1662-1723), leurs voyages dans le sud de la Chine, leurs chasses, leurs réceptions et cérémonies. Au-delà du récit, les œuvres, narratives et pittoresques, témoignent d’un art du paysage parvenu au sommet de son raffinement et de sa minutie. Un art qui aussi regarde vers l’Occident et commence à se soucier des règles de la perspective. Jusqu’ici exposés par fragments, ces chefs-d’œuvre de peinture sur soie (d’une longueur allant parfois jusqu’à 16 mètres) ont conservé tout l’éclat et la fraîcheur de leurs couleurs. Témoignages de la grandeur des empereurs et de la prospérité qui caractérise cette époque, les peintures réunissent les thèmes de prédilection des artistes chinois : les arbres, les ponts, les montagnes, les pavillons… Autant de motifs que l’on retrouve dans les albums et sur les objets en céramique exposés (pots à pinceaux, plats, vases où la scène s’organise également en rouleau), des pièces pour la plupart issues des collections du musée mais aussi d’autres institutions – dont le Musée national du Palais de Taïpeh – et de collections particulières.

Un art hybride
Autre point fort de cette exposition, l’ensemble d’œuvres du jésuite Giuseppe Castiglione (1688-1766), un artiste attaché un demi-siècle durant à la cour de Chine et qui joua un rôle fondamental au sein de l’atelier impérial. Le Musée Guimet dévoile parmi d’autres chefs-d’œuvre un Portrait de l’empereur Qianlong particulièrement expressif, se détachant sur un subtil fond bleu, et L’Impératrice surveillant les rites de la sériciculture, un rouleau horizontal aux perspectives complexes, prêté par le Musée national du Palais de Taïpeh.
Longtemps l’art des Qing a été considéré comme hybride, à la croisée incertaine des traditions chinoises et de l’influence occidentale. Moins connue que celle des Ming (1368-1664), la peinture de cette période fait depuis quelques années l’objet d’une attention nouvelle, avec la redécouverte de grands artistes tels que Shitao (1642-1718) ou Zhuda (1624-1705). Cette exposition arrive à point nommé pour proposer un vaste panorama de cette époque fondamentale de l’histoire de l’art chinois.

LES TRÈS RICHES HEURES DE LA COUR DE CHINE

Jusqu’au 24 juillet, Musée national des arts asiatiques-Guimet, 6, place d’Iéna, 750116 Paris, tlj sauf mardi 10h-18h. Catalogue, éd. RMN/Musée Guimet, 240 p., 298 ill., 45 euros, ISBN 2-7118-5064-1. À lire : Marie-Catherine Rey, Peintres à la Cour de Chine, hors-série Découvertes Gallimard/RMN, 7,90 euros.

Cour de Chine

- Commissaires de l’exposition : Marie-Catherine Rey et Jacques Giès - Nombre de pièces présentées : environ 100 - Mécène exclusif : Crédit Agricole

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°237 du 12 mai 2006, avec le titre suivant : Rouleaux de printemps

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