Art ancien

Découverte

L’invention du paysagisme lorrain

Par Sophie Flouquet · Le Journal des Arts

Le 8 septembre 2006 - 498 mots

Fidèle à sa mission scientifique, le Musée lorrain met à l’honneur Jean-Baptiste Claudot, un paysagiste méconnu actif à Nancy au XVIIIe siècle.

NANCY - Après l’hommage rendu en début d’année par le Musée des beaux-arts de Nancy à Jean-Baptiste Isabey (1767-1855), c’est à un autre enfant du pays, nettement moins connu celui-là, que le Musée lorrain a souhaité consacrer une exposition monographique. Très apprécié des amateurs locaux pour ses peintures de paysage, Jean-Baptiste Claudot (1733-1805) reste un artiste dont la vie et la carrière sont jalonnées de zones d’ombre.

Si elle n’apporte pas toutes les réponses, cette exposition, montée grâce à un partenariat avec l’université Nancy-II, a le mérite de rouvrir le dossier Claudot. En l’absence d’archives, le peintre suscite en effet maintes interrogations quant au nombre exact de ses tableaux. Il pose aussi la question d’une éventuelle participation de ses élèves – dont Isabey – dans le cadre d’un atelier, ce qui pourrait expliquer le caractère quelque peu répétitif de son travail.
Né en 1733, Claudot appartient à une génération qui profitera peu de l’âge d’or de la cour de Stanislas, mort en 1766. Le peintre a néanmoins pu bénéficier de l’enseignement de deux artistes du duc, Jean Girardet (1709-1778), qui l’initie à la peinture religieuse, et André Joly (1706-après 1781). Ceux-ci ne seront toutefois pas ses principaux inspirateurs. De 1767 à 1769, Claudot a vraisemblablement effectué un séjour à Paris, au cours duquel il aurait suivi l’enseignement de Joseph Vernet (1714-1789). Bien que cette période demeure non documentée, ses liens avec la peinture du maître du paysage sont indéniables. Car s’il a pratiqué de nombreux genres – décors de pompes funèbres, portraits, natures mortes –, c’est bien dans le paysage de fantaisie que Claudot excelle. Ce thème fut mis à la mode par un autre Lorrain, Claude Gellée (1600-1682), qui fit carrière à Rome et dont les gravures inspirèrent Claudot. Ce dernier ne s’est, pour sa part, jamais rendu en Italie, d’où la singularité de son œuvre. Alors qu’un Hubert Robert (1733-1806) livre des descriptions presque archéologiques des monuments antiques, les paysages de ruines de Claudot laissent libre cours à l’invention, non sans pittoresque lorsqu’il y ajoute un clocher traditionnel lorrain.

Interrompue par la Révolution, sa brillante carrière se poursuit avec des productions en série de qualité relative. Mort dans l’oubli, Claudot bénéficie avec cette exposition d’une véritable réhabilitation. Reste aujourd’hui à poursuivre la recension de son œuvre, entreprise par Juliette Laffon dans le cadre d’un travail universitaire pour les seules collections publiques. La tenue de l’exposition fera peut-être sortir quelques tableaux inconnus des salles à manger ou des greniers lorrains…

JEAN-BAPTISTE CLAUDOT. LE SENTIMENT DU PAYSAGE EN LORRAINE AU XVIIIE SIECLE


Jusqu’au 16 octobre, Musée lorrain, 64, Grande-Rue, 54000 Nancy, tlj sauf mardi 10h-12h30 et 14h-18h, tél. 03 83 32 18 74, www.nancy.fr Catalogue, éd. Serge Domini, Metz, 27 euros, 112 p., ISBN 2-912645-81-6. - Commissariat : Éric Moinet, directeur du Musée lorrain - Commissaires associés : Claude Bresson et Cécile Laffon, historiennes de l’art

Un musée en chantier

Hormis les échafaudages visibles sur les façades du palais ducal et le nouvel espace d’accueil, le chantier de rénovation et d’extension du Musée lorrain est à ce jour peu perceptible. Il se déroule encore en coulisses. Créé au milieu du XIXe siècle, le Musée lorrain sera en effet totalement rénové à l’horizon 2012-2013. Ses collections hétérogènes seront réorganisées pour transformer l’établissement en un « musée de synthèse » de la culture et des arts lorrains. Le projet scientifique et architectural ne sera toutefois dévoilé qu’en octobre. Pour l’heure, une petite salle présente l’une des facettes de ce chantier : le travail mené sur les collections. Entrepris depuis juin 2005, il consiste à procéder au récolement et à l’étude des quelque 70 000 pièces du musée.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°242 du 8 septembre 2006, avec le titre suivant : L’invention du paysagisme lorrain

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