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Le Musée-bibliothèque de l’Inguimbertine dévoile ses chefs-d’œuvre

Par Sophie Flouquet · Le Journal des Arts

Le 8 septembre 2006 - 444 mots

CARPENTRAS

CARPENTRAS - En prélude à d’importants travaux de redéploiement, l’Inguimbertine, prestigieuse bibliothèque-musée encore largement méconnue du public, propose à Carpentras (Vaucluse) une découverte exceptionnelle de ses richesses durant le week-end des Journées du patrimoine. Une exposition présentera ainsi les pièces majeures de la collection, alors que la réserve des fonds précieux sera accessible pour la première fois dans le cadre de visites guidées.

Fonds prestigieux
Cette belle endormie méridionale fut en effet l’une des premières collections privées à ouvrir ses portes au public, dès 1745, soit près de cinquante ans avant le « Museum central des Arts » du palais du Louvre. Regroupant une bibliothèque de 80 000 volumes anciens – dont 4 000 manuscrits – et un ensemble de quatre petits musées, l’Inguimbertine porte encore aujourd’hui le nom de son fondateur, l’évêque de Carpentras Joseph-Dominique d’Inguimbert (1683-1757). Après vingt-six années passées en Italie, dont plusieurs à la curie romaine où il occupe les fonctions de confesseur et de bibliothécaire du pape Clément XII, le prélat rentre en 1735 dans son Comtat Venaissin natal. Il ramène dans ses bagages une importante collection d’ouvrages de bibliophilie, mais aussi de peintures, sculptures, objets d’art ou d’archéologie et naturalia. Rapidement, il organise leur accessibilité au public dans le palais épiscopal puis dans un hôtel particulier voisin. L’ensemble est ensuite complété par quelques acquisitions majeures, dont celles du fonds de l’humaniste Pereisc (1580-1637), lequel entretint une correspondance avec Rubens. Désireux d’assurer la pérennité de la collection et sa présentation au public, l’évêque prend un certain nombre de dispositions visant à la création d’une fondation permettant de pourvoir à l’entretien de l’établissement, mais aussi de poursuivre les enrichissements. Cette prodigalité aura cours jusqu’à la Révolution, date à laquelle l’enclave pontificale est rattachée à la France et la fondation, dissoute. Échappant à la dispersion, l’ensemble connaît alors quelques vicissitudes, dont la plus regrettable, au milieu du XIXe siècle, est l’incroyable larcin d’un inspecteur général des bibliothèques peu scrupuleux. Profitant d’une tournée, Guillaume Libri subtilisa plusieurs livres précieux et en dépeça d’autres qu’il vendit par feuillets.
Enrichie depuis par de nombreuses donations, la collection sommeillait dans un hôtel particulier de Carpentras. Le projet de transfert dans l’ancien hôtel-dieu de la ville permettra dans les années à venir d’offrir enfin un cadre à la mesure de ce fonds prestigieux.

Bibliothèque Inguimbertine et Musée Comtadin-Duplessis, 234, boulevard Albin-Durand, 84200 Carpentras, tél. 04 90 63 04 92. Musée, « Les trésors de l’Inguimbertine », du 16 septembre au 16 octobre, tlj sauf mardi 10h-12h, 14h-18h jusqu’au 30 septembre, ensuite 10h-12h, 14h-16h. Bibliothèque, visites guidées gratuites des magasins le samedi et dimanche de 10 heures à 12 heures et de 14 heures à 18 heures.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°242 du 8 septembre 2006, avec le titre suivant : Le Musée-bibliothèque de l’Inguimbertine dévoile ses chefs-d’œuvre

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