Emploi

Conservateur départemental des antiquités et objets d’art

Par Sophie Flouquet · Le Journal des Arts

Le 22 septembre 2006 - 737 mots

Cet historien de l’art est responsable à l’échelle locale des objets mobiles et publics, à l’exception des collections des musées.

Ils sont les parents pauvres de la conservation. Nettement moins connus que leurs homologues des musées ou des monuments historiques, les conservateurs départementaux des antiquités et objets d’art (CAOA) demeurent marginalisés, historiquement et statutairement. Leur rôle n’est pourtant pas anodin, puisqu’ils ont la responsabilité, à l’échelle d’un département, de tous les objets mobiliers publics insignes, à l’exception des collections de musées.
L’imbroglio de leur statut s’apparente pourtant aujourd’hui à un véritable scandale. Créée à titre provisoire en 1908, soit quelques années après l’adoption de la loi de séparation de l’Église et de l’État, leur mission consistait à assurer la sécurité des dizaines de milliers d’objets mobiliers conservés dans les édifices cultuels, pour éviter que ceux-ci ne s’évanouissent dans la nature. Dans l’urgence, la charge a été confiée à des érudits locaux, dotés de connaissances en histoire de l’art. Or aujourd’hui encore, cette fonction est toujours assumée, dans certains départements, par des agents indemnitaires de l’État, à titre bénévole. Dans l’Ariège, Claude Aliquot, ancien officier de marine et passionné d’objets d’art, a été nommé CAOA voici dix-huit ans, après avoir assisté le précédent détenteur du poste. Doté de véritables compétences, ce dernier est assermenté – car il exerce une mission régalienne –, mais non salarié. Seul un maigre forfait annuel lui rembourse une partie de ses frais de déplacement, le reste étant intégralement à sa charge, pour un travail hebdomadaire de plus de cinquante heures. « Le taux de rémunération est d’environ 1 500 euros par an », confirme Servanne Desmoulins-Hemery, présidente de l’Association des CAOA. En poste dans l’Orne, cette dernière travaille dans des conditions plus enviables, son département ayant été le premier à créer un poste spécifique, en 1982, au sein du service des archives. Aujourd’hui, seule une trentaine de départements rémunèrent des CAOA professionnels.

Dans l’attente d’une reconnaisance
Leur statut n’en a pour autant pas été simplifié. Les CAOA sont en effet recrutés sur la base de leurs compétences en histoire de l’art, mais en dehors du circuit des conservateurs formés à l’Institut national du patrimoine. « Je relève du statut d’attaché de conservation, mais j’ai le titre de conservateur », indique Josiane Pagnon, qui exerce dans la Manche. Les CAOA sont par ailleurs placés sous tutelle de l’État, via la direction de l’Architecture et du Patrimoine du ministère de la Culture, et travaillent sous la responsabilité scientifique du conservateur régional des monuments historiques !
Malgré cette confusion statutaire et les inégalités qu’il génère, tous les CAOA, bénévoles ou professionnels, s’accordent sur un point : l’exercice du métier demeure passionnant. Leur mission consiste en effet à recenser le patrimoine mobilier de leur circonscription, autant d’objets conservés in situ, majoritairement dans des églises mais aussi dans des édifices publics ou quelques lieux privés. Il s’agit ainsi d’établir des fiches descriptives précises accompagnées de photographies – indispensables en cas de vol –, enrichies d’une étude esthétique, stylistique et historique. Le corollaire étant de procéder régulièrement à une vérification physique. « La loi de 1913 prévoit un récolement des objets classés tous les cinq ans, ce qui est souvent difficile à respecter compte tenu de la faiblesse de nos moyens humains », déplore un CAOA. Cet inventaire est aussi le préalable indispensable à la mise en œuvre de mesures de protection – classement ou inscription –, mais aussi au contrôle sanitaire des objets d’art. Le CAOA exerce également un rôle de conseil – conditions de conservation, prévention contre le vol, obtention de subventions… – , y compris auprès de propriétaires privés. Enfin, certains d’entre eux ont la charge de dépôts constitués d’objets voire de musées départementaux, et assument la publication ou l’organisation d’expositions temporaires
destinées à la valorisation de ce patrimoine mobilier. Autant d’actions qui mériteraient la reconnaissance de leur tutelle et la création d’un véritable corps professionnel. « L’avenir n’est pas au ministère de la Culture, confesse un CAOA, mais plutôt à la création de postes territoriaux. Tout dépend du bon vouloir des collectivités. »

L’Association des conservateurs des antiquités et objets d’art de France organise ses journées d’études annuelles du 5 au 7 octobre à Lyon, sur le thème « Patrimoine mobilier du XXe siècle ». Les actes de ces études seront publiés chez Actes Sud (Arles).

Formations

Une formation en histoire de l’art est requise. Les postes territoriaux sont en général ouverts au grade d’attaché de conservation.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°243 du 22 septembre 2006, avec le titre suivant : Conservateur départemental des antiquités et objets d’art

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