Histoire

Jean, Enguerrand et les autres

Par Daphné Bétard · Le Journal des Arts

Le 3 novembre 2006 - 427 mots

Les éditions Actes Sud publient une première synthèse sur la période foisonnante que fut le XVe siècle pour la production picturale en France.

Jean Fouquet, Barthélémy d’Eyck, Enguerrand Quarton, Nicolas Froment, Jean Bourdichon ou le Maître des Moulins… Souvent regroupés sous l’appellation générique de « primitifs français », ces artistes du XVe siècle ont su élaborer un art novateur, qui se distingue des productions des ateliers de Flandre et d’Italie auxquels ils sont trop souvent assimilés. Pour Yves Bottineau-Fuchs, auteur du premier ouvrage de synthèse sur le sujet, « certes, la France, géographiquement placée entre ces deux grands centres artistiques, emprunte aux uns et aux autres ; mais elle ne se contente pas du tout d’imiter ses voisins. Elle innove à partir de ses traditions propres et sait soumettre les emprunts qu’elle fait à son esprit au point que, dans l’ensemble, il est nécessaire de lui reconnaître une spécificité ». Démonstration est faite en une vingtaine de chapitres, servis par une abondante iconographie (de qualité malheureusement inégale). Se trouvent enfin réunies en un ouvrage des œuvres conservées au Musée du Louvre, au Petit Palais d’Avignon, au Musée national du Moyen Âge, Thermes de Cluny, au Musée Condé de Chantilly mais aussi dans les institutions étrangères tel le Metropolitan Museum of Art de New York. L’auteur de Peindre en France au XVe siècle insiste notamment sur les conditions matérielles et politiques de la commande. Princes, bourgeois ennoblis et ecclésiastiques font appel à ces peintres, virtuoses de la couleur et du détail, qui voyagent à leur demande à travers tout le royaume, faisant émerger de grands pôles artistiques, en Provence, en Lyonnais ou à Paris. Dépassant le strict domaine de la peinture, Yves Bottineau-Fuchs évoque une réelle « production artistique », puisque ces artistes réalisèrent aussi bien des cartons pour des vitraux et des tapisseries qu’ils peignirent des statues et des miniatures. Trois figures émergent de cette riche période : Enguerrand Quarton, avec ses compositions épurées, Jean Hey, totalement novateur dans son traitement de la lumière, et Jean Fouquet, auquel sont consacrés plusieurs chapitres. Miniaturiste hors pair, Fouquet fait « exploser les contraintes : celles du respect dû au commanditaire, celles du sujet, celles du cadre surtout ». Loin de vouloir dresser un catalogue exhaustif des peintres du XVe siècle, l’ouvrage se concentre sur quelques-uns des principaux protagonistes de cette époque. Et ce, afin de définir ce « goût français » élaboré par des artistes « libres dans leur créativité ».

Yves Bottineau-Fuchs, Peindre en France au XVe siècle, éditions Actes Sud, Arles, 2006, 330 p., 69 euros, ISBN 2-7427-6234-5.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°246 du 3 novembre 2006, avec le titre suivant : Jean, Enguerrand et les autres

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