Technique

Le vitrail en lumière

Par Daphné Bétard · Le Journal des Arts

Le 17 novembre 2006 - 429 mots

Le Musée de Cluny évoque le travail
des peintres-verriers du XIIe au début du XVIe siècle.

PARIS - Riche de deux cent trente pièces, panneaux, médaillons ou fragments, datant du XIIe au début du XVIe siècle, la collection de vitraux du Musée national du Moyen Âge, à Paris, est l’une des plus belles d’Europe. L’ensemble avait bénéficié d’une grande campagne de restauration entre 2000 et 2004 (lire le JdA no 177, 26 sept. 2003, p. 14) aboutissant à l’ouverture d’une salle des vitraux au cœur de l’établissement. À travers la sélection de pièces significatives, le musée se penche aujourd’hui sur les rapports étroits qu’entretenaient les peintres-verriers avec les enlumineurs, dessinateurs et graveurs de leur époque. Pour ce, les vitraux sont exposés en regard d’œuvres picturales, exécutées sur parchemin, papier ou toile. L’ensemble est présenté selon une scénographie savante : éclairés « de l’intérieur », les vitraux se détachent des cimaises rouges, révélant ainsi leur luminosité, tandis que les œuvres sur papier sont présentées sur des pupitres installés en dessous. Ce procédé visuel met parfaitement en relief le travail du peintre-verrier, qui, pour réaliser ses figures et motifs sur verre, s’inspirait largement de ses contemporains. Ainsi, les vitraux de l’abbaye de Gercy (Varennes-Jarcy, Essonne) sont associés au missel de l’abbaye de Saint-Corneille, à Compiègne (Oise), avec lequel ils partagent certaines caractéristiques stylistiques. L’œuvre la plus ancienne provient de l’entourage du comte de Champagne et remonte à 1170-1180. Avec trois autres ensembles datant du XIIIe-début du XIVe siècle, il atteste une parfaite maîtrise d’exécution, une rare iconographie, et témoigne du caractère prestigieux de leurs commanditaires. Au XVe siècle, comme le montre L’Adoration des Mages de l’église paroissiale Saint-Vivien (Paussac-et-Saint-Vivien, Dordogne), les peintres-verriers se mettent à utiliser le jaune d’argent – procédé à base d’argent qui, à la cuisson, colore le verre d’or – et affinent leur technique en utilisant les hachures pour mieux rendre les modelés des personnages. À la fin de cette période et au début du XVIe siècle, les vitraux s’immiscent dans les demeures médiévales. Plus décoratifs que didactiques, gagnant en transparence, ils prennent la forme de « rondels » et sont produits en série. Particulièrement bien construit, le parcours proposé au Musée de Cluny permet de saisir l’évolution de cet art, qui, aux dires d’Henri Focillon, reste « la plus belle invention du Moyen Âge ».

PINCEAUX DE LUMIÈRE. DU MODÈLE AU VITRAIL

Jusqu’au 15 janvier 2007, Musée national du Moyen Âge-Thermes de Cluny, 6, place Paul-Painlevé, 75005 Paris, tél. 01 53 73 78 00, www.musee-moyenage.fr, tlj sauf mardi, 9h15-17h45. Album, éd. RMN, 96 p., 18 euros, ISBN 2-7118-5256-3.

PINCEAUX DE LUMIÈRE

- Commissaires : Sophie Lagabrielle, conservatrice en chef au Musée du Moyen Âge - Scénographie : Karen Guibert - Nombre d’œuvres : 65

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°247 du 17 novembre 2006, avec le titre suivant : Le vitrail en lumière

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