Première pierre

Le Centre Pompidou s’arrime à Metz

Par Sophie Flouquet · Le Journal des Arts

Le 17 novembre 2006 - 802 mots

Ministre de la Culture et responsables du Centre ont entériné la construction
de l’antenne hexagonale de l’établissement parisien.

METZ - Alors que le projet chinois semble avoir subi un coup de froid lors du voyage présidentiel à la fin octobre, les responsables du Centre Pompidou se concentrent désormais sur une antenne qui, elle, ne tardera plus à se concrétiser : le Centre Pompidou-Metz (CPM). Le 7 novembre, la métropole lorraine a ainsi été le théâtre de la pose de la première pierre de cet établissement annoncé comme pionnier en matière de décentralisation culturelle, et dont l’ouverture est prévue en 2008. À la veille de la célébration des 30 ans de la maison mère du plateau Beaubourg (lire notre dossier p. 15 à 24), un hommage appuyé a été rendu à son initiateur, Georges Pompidou, en présence de sa veuve.
Sur le vaste site d’une cinquantaine d’hectares séparé du centre-ville par les voies ferrées et la gare, les travaux ont d’ores et déjà commencé pour l’équipe de l’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap), qui fouille les abords de l’ancien amphithéâtre, où un quartier d’habitation gallo-romain est progressivement mis au jour. La « Maison du projet », montée par Shigeru Ban et Jean de Gastines, les deux architectes lauréats du concours du CPM, présente quant à elle les traits du visage de ce futur quartier, vaste zone d’aménagement concerté (ZAC) confiée à l’architecte urbaniste Nicolas Michelin. S’y élèveront des îlots mixtes de logements, bureaux et commerces, ponctués de grands équipements dont le CPM sera la tête de pont.

Pâle copie
Implanté sur un triangle bordé par les voies ferrées, le bâtiment – conçu tel « un pavillon dans un jardin »  – sera ceinturé d’espaces verts dont le concepteur n’est pas encore connu. L’exposition de la Maison du projet résume l’évolution de la proposition de Ban et Gastines, initialement associés à Philip Gumuchdjian et désignés vainqueurs du concours international sur esquisse, en novembre 2003. Malgré son coût élevé – le plus important de tous –, leur projet avait séduit les membres du jury pour la légèreté de sa structure textile de couverture et la perméabilité proposée entre espaces intérieurs et extérieurs. Mais l’affaire s’est apparemment compliquée lorsqu’il a fallu produire un projet définitif à partir de cette séduisante esquisse. Après maintes études techniques confirmant le coût exorbitant de la toiture, celle-ci s’est muée en une lourde résille de lamellé-collé, protégée par une membrane en fibres de verre enduite de Téflon, couverture censée résister aux affronts du climat lorrain et conserver ses qualités d’opalescence pendant trente ans. Alourdie, cette couverture paraît désormais dissimuler les trois parallélépipèdes – les « tubes » – superposés en éventail, dans lesquels seront logées les galeries d’exposition. Vitrées uniquement sur leurs deux extrémités et ménageant des vues sur la ville, ces dernières ne faciliteront pas la tâche des muséographes qui devront installer les œuvres dans ces longs tunnels étroits et obscurs, pâle imitation du principe de la rue intérieure de Piano et Rogers pour Beaubourg. Enfin, alors que le projet initial adoptait un sobre profil horizontal, les dernières maquettes affublent le CPM d’une inutile flèche prolongeant la tour des circulations verticales et s’élevant à 77 mètres (en référence à l’année d’ouverture du Centre parisien !). Le tout pour une facture atteignant au final 45 millions d’euros pour le seul bâtiment – contre les 37 initialement prévus – auxquels s’ajouteront 15 millions pour l’aménagement des abords. Seuls 6 millions seront pris en charge par l’État, le reste des 60 millions devant être abondé par les collectivités. C’est encore dix de plus, a confié Jean-Marie Rausch, président de la communauté d’agglomération et maire de Metz (centre droit), que les 50 millions initialement envisagés lors d’une conversation informelle avec Jean-Jacques Aillagon, alors président du Centre Pompidou et initiateur du projet, après les refus des Villes de Lille, Caen, Montpellier et Nancy d’accueillir cette antenne.
Reste enfin à définir l’identité juridique du nouvel établissement, qui sera similaire à celle du Louvre-Lens (Pas-de-Calais). Pour Bruno Racine, président du Centre Pompidou, le CPM sera « détenteur du même code génétique que le Centre Pompidou sans être pour autant son clone ». Doté d’un budget de fonctionnement annuel estimé à 5-6 millions d’euros, le CPM, dont le projet
culturel est piloté par Laurent Le Bon, conservateur au Musée national d’art moderne, alternera présentations thématiques de la collection et expositions temporaires inédites. « Nous souhaitons qu’il y ait toujours du neuf à voir à Metz », a précisé Bruno Racine. La présence d’un studio de création est annoncée comme garante de la pluridisciplinarité du lieu. Ce concept fondateur pour le Centre parisien semble toutefois quelque peu battu en brèche à Metz, où le ministre de la Culture a promis de soutenir la construction prochaine d’une médiathèque, qui, étrangement, n’a pas été intégrée à l’onéreux projet du CPM.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°247 du 17 novembre 2006, avec le titre suivant : Le Centre Pompidou s’arrime à Metz

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