Christie’s

Paris dopée

Par Armelle Malvoisin · Le Journal des Arts

Le 15 décembre 2006 - 726 mots

Un Matisse a été adjugé 5,16 millions d’euros, confirmant la bonne santé du marché français.

 PARIS - Avec 16,8 millions d’euros de produit, les deux ventes d’art impressionniste et moderne conduites le 1er décembre à Paris sous le marteau de Christie’s ont donné des couleurs au marché parisien, même si New York joue dans une autre cour. Jeune fille aux anémones sur fond violet, un tableau de Matisse datant de 1944, resté dans la même famille depuis son acquisition à la fin des années 1940 et estimé 2 à 3 millions d’euros, s’est envolé à 5,16 millions d’euros au profit d’un collectionneur européen. Depuis 1998, aucun tableau n’avait réalisé un tel prix en France. Le propriétaire de l’œuvre a résisté au chant des sirènes new-yorkaises. Nonobstant les 138 000 euros payables par le vendeur en France au titre du droit de suite, il aura sans regret préféré le charme et la proximité de la place parisienne. Le marketing international de la maison de ventes a porté ses fruits. Six enchérisseurs au téléphone et plusieurs autres dans la salle (dont des marchands américains de New York et de Chicago) ont manifesté de l’intérêt pour cette toile.
Les œuvres du peintre néo-impressionniste belge Théo Van Rysselberghe ont aussi séduit les collectionneurs internationaux. La collection de la petite-fille du peintre, qui rassemblait des portraits de famille et quelques œuvres d’amis de l’artiste (28 lots), a triplé son estimation, avec un total de 2,8 millions d’euros. Œuvre emblématique de cet ensemble, Jeune fille au chapeau de paille (Élisabeth Van Rysselberghe), peinte en 1901 par l’artiste belge et estimée 200 000 à 300 000 euros, est partie dans une collection suisse pour 773 600 euros. Les enchères ont également été soutenues pour La Jeune Fille au parapluie, une huile sur toile de 1894 par Bonnard adjugée 527 200 euros à un particulier américain, ainsi que pour les Cyprès, une toile de 1904 par Henri-Edmond Cross vendue 437 600 euros, le double de son estimation, à un marchand européen. Avec un montant s’élevant à 1,5 million d’euros, la collection particulière composée de 35 œuvres d’artistes nabis et de l’école de Pont-Aven a enregistré quelques très beaux résultats. « L’Assiette de pommes, réalisée par Paul Sérusier, figure marquante de ces deux mouvements, a atteint 434 240 euros– deuxième prix le plus élevé pour une œuvre de l’artiste. Quant à La Dame en bleu, signée Maurice Denis, illustration parfaite des théories nabis, elle a plus que triplé son estimation avec 144 000 euros », commente Anika Guntrum, directrice du département parisien d’art impressionniste et moderne de Christie’s.

Contre Liz Taylor
Enfin, la vente du soir, qui réunissait la collection française du professeur René Küss, a tout autant retenu l’attention des acheteurs. L’Entrée de Giverny sous la neige, de Claude Monet, a fait l’objet d’une belle bataille d’enchères. Ce tableau a finalement été emporté par un amateur européen pour 1,4 million d’euros contre une estimation modeste de 600 000 euros. Les Arbres dénudés, exécuté par Gauguin en 1885, a été adjugé pour 460 000 euros à un collectionneur thaïlandais. Un particulier hollandais a payé 224 800 euros (dix fois l’estimation) L’Élégante (Alice Cocéa), une aquarelle de Kees Van Dongen du début des années 1930 qui devient la deuxième œuvre sur papier la plus chère pour l’artiste. Trois petites peintures de Renoir ont été achetées entre 100 000 et 500 000 euros (dans leur estimation) par des galeristes américains et japonais. « Sensible aux provenances, René Küss avait en 1957 à Paris fièrement remporté les enchères contre Liz Taylor pour une charmante vue de Trouville, les jetées à marée basse, réalisée par Eugène Boudin, provenant de la collection du prince Ali Khan. Ce tableau, estimé 25 000 euros, a été adjugé 84 000 euros à un collectionneur espagnol », rapporte encore Anika Guntrum. Cette dernière, confortée par ces résultats, entend organiser à Paris des ventes d’œuvres impressionnistes et modernes de plus en plus importantes.

CHRISTIE’S, le 1er décembre

- Experts : Anika Guntrum et Emmanuel Marty de Cambiaire ART IMPRESSIONNISTE ET MODERNE - Résultats : 12,7 millions d’euros - Nombre de lots vendus/invendus : 207/27 - Lots vendus : 88,5 % - Pourcentage en valeur : 96,2 % COLLECTION DU PROFESSEUR RENÉ KÜSS - Résultats : 4,1 millions d’euros - Nombre de lots vendus/invendus : 34/2 - Lots vendus : 94,5 % - Pourcentage en valeur : 97,5 %

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°249 du 15 décembre 2006, avec le titre suivant : Paris dopée

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