Bauhaus

Faire école

Par Philippe Régnier · Le Journal des Arts

Le 15 décembre 2006 - 457 mots

Les Éditions Place des Victoires publient une somme sur cette aventure qui a marqué la première partie du XXe siècle.

Fondé en 1919 en Allemagne par Walter Gropius, le Bauhaus a été davantage qu’une école d’art. L’institut, qui ouvrit d’abord à Weimar avant de s’installer, de 1925 à sa fermeture par les nazis en 1933, à Dessau, a posé les bases d’un vocabulaire dans le domaine de l’architecture et des arts décoratifs qui a marqué tout un pan de la modernité. L’excellence de ce lieu doit beaucoup à ses professeurs dont la liste des noms est éloquente : Johannes Itten, Lyonel Feininger, Oskar Schlemmer, Paul Klee, Wassily Kandinsky, Lázló Moholy-Nagy, Josef Albers, Marcel Breuer, Mies Van der Rohe, Peter Behrens…
Plusieurs expositions sur le Bauhaus sont en projet actuellement en France, à Paris et en régions, et, pour patienter, un ouvrage important sur le sujet vient de paraître aux Éditions Place des Victoires. Traduit de l’allemand et fruit de la collaboration d’une trentaine d’auteurs, ce dernier se caractérise surtout par la multiplicité de ses entrées. Il offre par exemple des chapitres monographiques consacrés aux principales personnalités qui ont fait le Bauhaus et évoque leurs rapports à l’enseignement. La section nommée « œuvres » permet de se plonger dans les créations de chacun des ateliers de l’école : menuiserie, sculpture sur bois et sur pierre, métal, céramique, peinture murale, tissage, imprimerie, tout en explorant les domaines de la photographie, de la scène, de l’architecture… La partie introductive propose une approche des origines et influences du Bauhaus, jusque dans les deux Allemagne de l’après-guerre ; elle revient aussi sur son importance pour des lieux d’enseignements postérieurs comme le Black Mountain College en Caroline du Nord, le New Bauhaus et la School of Design à Chicago ou la Hochschule für Gestaltung d’Ulm. Le livre ne passe pas sous silence les connexions entre le Bauhaus et le national-socialisme dont la lecture a beaucoup évolué ces vingt dernières années. L’auteur de ce chapitre, Paul Betts, rappelle en particulier que « les rapports de Mies Van der Rohe avec les nazis furent particulièrement nébuleux », et que Speer « admit que le bureau du département [nazi] Schönheit der Arbeit avait régulièrement plagié les idées du Bauhaus ».
Le livre se termine par un intéressant chapitre qui répertorie les produits conçus au Bauhaus et encore disponibles dans le commerce. Ainsi du fauteuil Wassily de Marcel Breuer, édité par Thonet, du cendrier de Marianne Brandt, édité par Alessi, ou de la moquette de Gertrud Arndt et al., éditée par Vorwerk, des objets pour lesquels sont mentionnés jusqu’aux prix ! Très richement illustré, cet ouvrage est d’emblée incontournable.

Bauhaus

Sous la direction de Jeanine Fiedler et Peter Feierabend, Éditions Place des Victoires, 640 p., 40 euros, ISBN 2-84459-107-8

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°249 du 15 décembre 2006, avec le titre suivant : Faire école

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