États-Unis - Foire & Salon

Le design flambe à Miami

Par Christian Simenc · Le Journal des Arts

Le 3 août 2007 - 869 mots

Pour sa deuxième édition, Design Miami a annoncé un total de ventes de 14 millions de dollars, le double de son premier opus.

Miami - Comment accéder, en un an à peine, au rang de plus grande foire de design au monde ? La recette est simple. Sélectionner d’abord une ville ad hoc – Miami (Floride, États-Unis), climat tempéré surtout en hiver. Puis choisir une date idoine – exemple : début décembre, au moment de la foire Art Basel Miami Beach, 40 000 visiteurs au compteur parmi lesquels les collectionneurs les plus fortunés du monde entier. Enfin, séduire les grandes galeries de design internationales – une vingtaine en l’occurrence (1), un nombre à faire pâlir d’envie la FIAC (Foire internationale d’art contemporain) qui, lors de sa dernière édition, en octobre 2006, avait eu grand mal à rassembler… huit participants. Tels sont les ingrédients de « Design Miami », événement concocté par le promoteur immobilier et collectionneur Craig Robins, 43 ans, et sa compagne Ambra Medda, 25 ans, avec la bénédiction de Samuel Keller, directeur d’Art Basel. La deuxième édition s’est déroulée du 7 au 10 décembre, en parallèle donc avec la 5e foire Art Basel Miami Beach.
Outre le salon proprement dit, Design Miami 2006 proposait plusieurs expositions satellites. La galerie R 20th Century (New York) a montré un duo allègre, Paula Hayes (États-Unis) et Hugo França (Brésil) et, sous l’intitulé « New Objects : USA », un quatuor nord-américain plutôt pesant : Wendell Castle, Michele Oka Doner, Ted Muehling et Jeff Zimmerman. De son côté, le galeriste new-yorkais Barry Friedman a opté pour la fantaisie européenne de Droog Design avec « Smart Déco », sorte de
« period room du XXIe siècle ». Le fabricant anglais Established & Sons, a, lui, exhibé le tout dernier « meuble » de la star de l’architecture Zaha Hadid, qui doit normalement servir de… fauteuil. Enfin, la galerie Moss (New York) a livré un show intitulé « Live ! From our studios », méli-mélo de pièces de créateurs en vogue parmi lesquelles un vase géant de la Néerlandaise Hella Jongerius à un prix qui ne l’est pas moins (60 000 dollars, 46 000 euros). Son nom : Jackpot. Tout un symbole !

« Le Jeff Koons du design »
Décrocher le jackpot n’aura été qu’une simple formalité pour les marchands de Design Miami 2006. Car, comme sur Art Basel Miami Beach, les prix ont flambé, frisant parfois le non-sens. Aussi bien la création actuelle que « l’ancien » : 90 0000 dollars – toujours en négociations – pour une banquette du Brésil de Charlotte Perriand (Galerie Downtown, Paris). On peut au passage s’interroger sur cette exposition organisée par la fondation américaine Georges-Pompidou Art & Culture et intitulée « French Modern Sources » : une cinquantaine de meubles et objets modernistes français issus du Centre Pompidou. Outre qu’elle a servi d’alibi culturel, cette présentation, en entérinant la valeur « muséale » des Prouvé, Perriand et consorts, pouvait être perçue comme le faire-valoir de la manifestation marchande.
Selon les organisateurs, les ventes s’élèvent cette année à 14 millions de dollars, soit le double de la première édition. Vedette toutes catégories confondues : Marc Newson, 43 ans. La galerie Kreo (Paris) a vendu l’édition complète – 8 exemplaires – de sa table Chop Top (170 000 euros pièce), dessinée en 1988 mais jamais fabriquée. Le créateur australien, propulsé « Designer de l’année » par la foire, n’a évidemment pas été choisi au hasard. Sa cote est au plus haut depuis la vente, en juin 2006 chez Sotheby’s (New York), d’un prototype de sa fameuse chaise longue Lockheed Lounge au prix de 968 000 dollars, record absolu pour une pièce de mobilier d’un designer vivant. Ce même siège était à nouveau ici proposé par la galerie Sebastian Barquet (New York) pour une somme oscillant, cette fois, entre 2 millions (pendant la foire) et 2,5 millions de dollars (de retour à New York). Ladite assise se négociait à l’époque, en 1986, « quelque 1 000 dollars », comme l’a avoué Newson lors d’une conférence en public. Le créateur a dévoilé sa dernière collection de montres Ikepod, qui devrait sortir en février, lors d’un cocktail organisé par le propriétaire de la marque, Adam Lindemann, dans une luxueuse résidence de Miami Beach. Les nouveaux modèles Horizon, en platine, or ou titane, coûtent entre 12 000 et 39 000 dollars. Le commercial : « C’est un bon achat, la cote de Newson ne cesse de grimper. » Une invitée : « Oh oui ! il est parfaitement installé. C’est le Jeff Koons du design ! » Tout est dit.
À partir du 25 janvier (et jusqu’au 3 mars), le galeriste new-yorkais Larry Gagosian présentera une douzaine de pièces nouvelles de Marc Newson, en édition limitée évidemment. Le magazine Design Miami/Hiver 2006-2007 est d’ores et déjà sûr qu’« elles devraient atteindre des prix stratosphériques (sic ) » .

(1) Les 19 galeries qui ont participé à Design Miami 2006 sont : Antik, Barry Friedman, Cristina Grajales, Demisch Danant, Espasso, Magen H., Phurniture, R20th Century et Sebastian Barquet (États-Unis), Dansk Mobelkunst, Downtown, Galerie italienne, Kreo, Patrick Seguin et Jousse Entreprise (France), Nilufar (Italie), Philippe Denys (Belgique), David Gill (Grande-Bretagne) et Contrasts (Chine).

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°251 du 19 janvier 2007, avec le titre suivant : Le design flambe à Miami

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