Profession

Staffeur-stucateur

Par Sophie Flouquet · Le Journal des Arts

Le 2 août 2007 - 812 mots

Plâtrier d’élite, cet artisan réalise ou restaure des décors en staff et en stuc, deux techniques souvent appréciées pour la réalisation de décors intérieurs. Un métier en plein essor.

Ils n’ont de cesse de répondre à une même question : quelle est la différence entre le stuc et le staff ? Plus connu, le stuc est une technique ancienne, très utilisée au cours des périodes antiques et dont certaines traces auraient été retrouvées en Mésopotamie. Après une période d’oubli, celle-ci réapparaît au XIIIe siècle en Italie du Nord, en complément de la fresque – comme en témoignent les décors de Civate près de Côme. Puis elle se diffuse en Europe avant de connaître son heure de gloire avec l’art baroque. Très utilisé pour les décors intérieurs, notamment dans les galeries, le stuc a également été employé en revêtement de façade, imitant la pierre ou la brique. La plupart des façades des hôtels particuliers de la place des Vosges ont ainsi été traitées en « stuc-brique », imitant à la perfection la brique. Le stuc est donc plutôt une technique qu’un matériau. Il s’agit en effet d’un amalgame de mortier qui peut être de composition variable – terre, sable, chaux, calcaire, ciment, plâtre, poudre de marbre… –, travaillé à frais et appliqué en enduit sur une surface ou un support quelconque. Très habiles dans ce domaine, les artisans italiens ont multiplié les techniques : stucs à la chaux imitant le marbre, stucs modelés en relief ou encore stucs lustrés, proche du tadelakt marocain, dont l’un des constituants, une chaux spéciale, lui confère une forte résistance à l’humidité.

Un métier en pleine expansion
Le staff n’a en revanche été inventé qu’au milieu du XIXe siècle, par un Français dénommé Mezier. Il aurait toutefois lui aussi existé dès l’Antiquité. Renforcé, à l’origine par de la toile de jute, il est devenu l’équivalent moulé du stuc, un mélange de plâtre armé de fibres végétales ou de fibres de verre, préparé en atelier et posé sur le chantier. Corniches, moulures, chutes de feuilles, coquilles et rosaces qui constituent le décor de nombreux appartements sont donc des éléments de staff, préfabriqués en atelier. Si le staff domine le marché, les deux techniques sont souvent combinées, sans possibilité pour l’œil d’opérer une quelconque distinction. Resté principalement artisanal (à 85 %), le métier de staffeur-stucateur connaît un nouvel essor. On dénombre ainsi plus de 650 entreprises travaillant dans le secteur, dont l’implantation géographique correspond souvent aux régions productrices de gypse, la matière première du plâtre.
Les clients se rencontrent dans l’hôtellerie, le spectacle et le commerce, mais aussi chez les particuliers, le travail s’effectuant souvent en liaison avec des architectes ou des décorateurs. « À l’époque des studios, les décors de cinéma étaient entièrement réalisés en staff », raconte Christian Baumann, staffeur installé à Fénay (Côte-d’Or), qui, avec son entreprise composée de quatre employés, travaille principalement en direction de particuliers. L’industrie aéronautique et la construction navale sont également demandeuses d’éléments de décoration ou de produits techniques (tels que des cloisons thermiques ou acoustiques), et ce malgré la concurrence des matériaux synthétiques.
Profession manuelle interdite aux asthmatiques, comme tous les métiers du plâtre, celle-ci exige une certaine dextérité mais aussi des connaissances en dessin ainsi qu’en histoire de l’art, afin de différencier les styles historiques, aptitudes auxquelles s’ajoute un talent de coloriste, notamment pour le stuc. En fonction de la technique employée, les pièces sont produites en atelier ou sur le terrain. Le professionnel exécute au préalable une maquette ou des esquisses, qui servent à la fabrication d’un moule dans lequel est coulé le plâtre et installée une armature. La mise en œuvre du stuc est cependant plus exigeante, puisqu’elle implique de travailler le plâtre frais. L’activité de restauration de monuments anciens, plus spécifique, est en revanche l’apanage de quelques rares professionnels. « Il y a quelques mois, nous avons restauré un plafond d’époque Napoléon III, explique Christian Baumann. Nous avons réalisé des relevés de tous les profils puis des estampages sur les pièces existantes. Toutes ont ensuite été répertoriées puis fabriquées à l’identique en atelier, avant d’être remontées sur place. » Du fait de la fragilité du plâtre, il est en effet fréquent que restauration signifie fabrication à neuf.

Formation

- CAP staffeur-ornemaniste : durée deux ans ; niveau : 3e ou équivalent. - BMA volumes, option « staff et matériaux associés » : durée deux ans. Accès à l’issue d’un CAP. Les titulaires de ce diplôme peuvent préparer une formation spécialisée en restauration, notamment au sein de l’Institut national du patrimoine. - Institut supérieur des métiers du plâtre (ISMP), 48, quai Malakoff, 44000 Nantes, tél. 02 40 47 02 65, www.institut-platre.com - Association pour la promotion des métiers du plâtre (APMP), 9, rue La Pérouse, 75784 Paris Cedex 16, tél. 01 40 69 52 14 - Écomusée du plâtre, 13, rue Thibault-Chabrand, 95240 Cormeilles-en-Parisis, tél. 03 39 97 29 68

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°257 du 13 avril 2007, avec le titre suivant : Staffeur-stucateur

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