Entretien

Cyrille Cohen, vice-président de Sotheby’s, France

« Sotheby’s rassure du fait de sa transparence »

Par Armelle Malvoisin · Le Journal des Arts

Le 2 août 2007 - 651 mots

 Vous venez d’intégrer la direction de Sotheby’s France comme vice-président. Quel va être votre rôle ?
J’intègre l’équipe de business getters [prospecteurs de clientèle] de Sotheby’s France dans le cadre du développement de la maison de ventes à Paris. Mon activité est fortement attachée aux départements d’art impressionniste et moderne, d’art contemporain et des arts premiers, trois spécialités que j’ai toujours défendues. Et bien sûr, il est prévu que je tienne le marteau.

Quel a été votre parcours professionnel ?
J’ai passé mon examen de commissaire-priseur en 1981. Mais j’ai très vite pris un autre cap, celui de la direction de la galerie Artcurial de 1983 à 1992. En 1993, j’ai rejoint mon épouse Laurence Calmels à Drouot.

Comment êtes-vous passé de Drouot à Sotheby’s ?
À l’issue d’un déjeuner en octobre 2006, une amie de longue date, Melanie Clore, vice-présidente de Sotheby’s Europe et codirectrice du département international d’art impressionniste et moderne de Sotheby’s, m’a proposé de venir travailler chez Sotheby’s.

Cela correspond-il à un changement professionnel souhaitable de votre part ?
Oui, complètement. J’ai fait beaucoup chez Calmels-Cohen. Mais j’étais sans cesse confronté aux limites de mon métier dans le cadre d’une structure relativement modeste et face aux grosses sociétés de ventes multinationales. C’était parfois un peu frustrant. Je me suis fréquemment posé la question de l’opportunité de trouver une activité plus internationale, à l’exemple de ce que j’avais connu précédemment.

Qu’est-ce qui vous a plu chez Sotheby’s ?
Son échelle internationale, son poids et son image. C’est une maison qui rassure parce qu’il s’agit d’une société cotée en Bourse, mais aussi du fait de sa très grande transparence et par la qualité des gens qui y travaillent.

Votre statut de chef d’entreprise ne va-t-il pas vous manquer ?
On a beaucoup de pression quand on est entrepreneur. Quand j’étais mon propre patron, je faisais souvent tout de A à Z. Par exigence et aussi par obsession, je me retrouvais par exemple à faire des relectures de catalogues jusqu’au milieu de la nuit ! Chez Sotheby’s, je me concentre aujourd’hui sur les collectionneurs, tout en me reposant sur une équipe efficace de professionnels.

Que devient la SVV Calmels-Cohen, maintenant propriété de Sotheby’s ?
Elle existe toujours. Il y a d’une part Calmels-Cohen SAS, qui continue son activité de ventes volontaires et, d’autre part, la SCP Calmels-Cohen, étude judiciaire indépendante qui, sous la direction de Laurence Calmels, envisage la possibilité d’une collaboration avec la maison Sotheby’s. Comme vous le savez, une législation mise en place au 1er janvier 2007 restreint la tenue d’inventaires de succession aux seuls commissaires-priseurs judiciaires. Une coopération de Sotheby’s avec l’étude judiciaire Calmels-Cohen rend donc possible une action dans des situations d’inventaire où intervient un mandataire de justice.

Avec la SVV Calmels-Cohen, c’est un peu Sotheby’s qui entre à Drouot, non ?
La SVV Calmels-Cohen est une filiale qui garde son identité. Et les clients de Sotheby’s font le distinguo entre les œuvres majeures qu’ils confient à la maison de ventes et les fonds de maison qu’ils dispersent vers d’autres réseaux adaptés.

Comment avez-vous vécu l’évolution de votre profession à la suite de la réforme des ventes publiques ?
J’ai vécu de façon un peu hors norme la réforme de ma profession, étant en plein préparatif de la vente André Breton, qui a eu lieu en 2003. Cela dit, j’ai pris conscience que l’on jouait désormais dans un marché global. L’ouverture du marché a été très positive. Des maisons comme Sotheby’s ont drainé à Paris des acheteurs étrangers qui se sont ensuite mis à suivre les ventes à Drouot. J’ai également constaté une amélioration frappante de la communication chez l’ensemble de mes confrères, sans doute poussés par la concurrence internationale.

Auriez-vous des critiques à formuler sur l’organisation de Drouot ?
Je ne suis plus en position d’émettre des commentaires à ce sujet. Je préfère laisser à d’autres, toujours à l’intérieur de Drouot, le soin de le faire s’il y a lieu.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°257 du 13 avril 2007, avec le titre suivant : Cyrille Cohen, vice-président de Sotheby’s, France

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