Internet, un outil pour les galeries

Par Roxana Azimi · Le Journal des Arts

Le 2 août 2007 - 516 mots

La dématérialisation est dans l’air du temps, sur le plan aussi bien des pratiques artistiques que des démarches commerciales. Parce que les clients fréquentent de moins en moins les galeries, celles-ci doivent trouver de nouveaux ressorts pour vendre.

Outre une participation à des salons, certaines optent pour Internet via des sites personnalisés ou collectifs. Sur la Toile comme dans une foire, une galerie bénéficie ainsi de la notoriété de ses voisins. Aux États-Unis, 1stdibs.com avait déjà pris les devants en proposant des petites annonces dans le domaine du mobilier du XVIIIe à nos jours.
En France, Artprice, base de données fondée par Thierry Ehrmann, a ouvert la voie depuis mars 2005 en engrangeant quelque 380 000 annonces pour des œuvres dont le prix moyen s’élevait en 2006 à 9 200 euros. Ce site héberge actuellement quelque 12 000 marchands et 20 % de particuliers.

En 10 langues
En 2005, selon le rapport d’activité du Conseil des ventes volontaires, l’offre s’élevait à 1,3 milliard d’euros en œuvres d’art. En 2006, ce chiffre a grimpé à 2,7 milliards d’euros, l’ambition étant d’atteindre une offre de 4,5 milliards d’euros cette année. Un peu trop présomptueux, Artprice prétend se positionner comme leader des maisons de ventes mondiales en Fine Art. Or ses 2,7 milliards d’euros ne correspondent qu’à un volume d’offre, et non à un chiffre d’affaires ! Car les transactions effectives ne dépassent pas encore les 36 %. « Ce chiffre n’est pas faible quand les salles des ventes atteignent 60 % de transaction sur des ventes médiatisées, défend-on chez Artprice. D’autre part, le galeriste associe au site une mise en vente classique en galerie ou sur les foires. Certaines pièces ne trouvent pas preneur sur Artprice car elles sont achetées ailleurs. Nous sommes dans un modèle complémentaire, et non pas exclusif. » Les petites annonces d’Artprice ont ainsi permis à la galerie rennaise Oniris de rencontrer de nouveaux collectionneurs en province. Ce nouveau mode de contact génère près de 10 % du chiffre d’affaires de la galerie.
L’idée fait des petits, puisqu’un nouvel intervenant, Artfinding.com, entre aujourd’hui en lice. S’il ne bénéficie pas de la visibilité d’Artprice, il veut toutefois jouer les bons élèves. « J’ai fait traduire 178 matériaux et 75 techniques en dix langues, alors qu’Artprice ne fonctionne qu’en cinq langues, indique Guillaume Champavère, créateur du site. Seuls les professionnels du marché peuvent exposer, car je ne veux pas devenir une brocante en ligne comme eBay. » Pour l’heure, des noms comme Camille Bürgi et Jacqueline Boccador sortent de la mêlée. Le site a mis en ligne quelque 329 lots pour une valeur moyenne de 9 421 euros.
Ces deux sites relèvent de l’information et non de la vente en ligne. De fait, ils ne sont pas responsables de la provenance ou de l’authenticité de l’offre, même si l’un comme l’autre déclarent effectuer un premier toilettage. La donne changera toutefois s’ils décident de prélever un jour des commissions. Ce sera sans doute le cas d’Artprice qui ambitionne de devenir une chambre de compensation dans le marché de l’art, sur le modèle d’Euronext pour les marchés financiers.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°257 du 13 avril 2007, avec le titre suivant : Internet, un outil pour les galeries

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