Ventes aux enchères

Entretien

Mathieu Lamoure, directeur du département automobiles pour l'Europe continentale chez Bonhams à Paris

"Ventes en France : nous y viendrons un jour"

Par Armelle Malvoisin · Le Journal des Arts

Le 1 août 2007 - 650 mots

Quels sont les goûts des collectionneurs ?
Tout est question de génération : les collectionneurs sont attirés par les voitures qu’ils admiraient lorsqu’ils étaient enfants. En Europe, les acheteurs disposant d’un budget suffisamment conséquent
pour se faire plaisir ont plutôt entre 40 et 60 ans. Leurs préférences vont aux véhicules des années 1960-1970 dont la cote est actuellement en hausse.

Comment le marché international de l’automobile de collections se porte-t-il ?
Ce marché se porte très bien pour les voitures en parfait état, dans leur jus ou totalement restaurées.
Les voitures de compétition arrivent toujours à la première place du classement des résultats de ventes. Cela tient au développement depuis cinq ans des courses historiques, telles que « Le Mans Classic » ou les « Mille Milles » (Italie). Les gens veulent utiliser leur voiture et se font plaisir en participant à ces courses.

Dans votre domaine, n’êtes-vous pas spécifiquement concurrencé par Internet ?
Les petites annonces des magazines et la multiplication des sites spécialisés sur le Net nous font certes concurrence, bien que les prix fixés par les vendeurs soient bien souvent largement supérieurs aux prix du marché. Cependant, la vente aux enchères reste la référence en matière de cote, sans compter la magie de l’événement en lui-même. Les écuries italiennes dominent, avec Ferrari située bien au-dessus des autres. Mais il y a aussi de l’intérêt pour les marques anglaises comme Jaguar et Aston Martin, ainsi que pour l’Allemand Mercedes. Le marché est différent aux États-Unis où les fortunes se font plus vite. Très chauvins, les collectionneurs achètent principalement leurs marques, Ford ou GM, faisant grimper à des prix colossaux leurs puissantes « muscle cars » des années 1970-1980.

Le département des véhicules de collection est très important chez Bonhams. Comment s’organise- t-il ?
La maison Bonhams, rachetée en 2000 par Robert Brooks, grand spécialiste des voitures de collection, est leader européen dans ce domaine avec 54 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2006, soit une part d’activité « auto » qui avoisine 40 % du chiffre d’affaires annuel de Bonhams. Installé depuis un an, le bureau de Paris, que je dirige dans cette spécialité, organise deux ventes de prestige annuelles, à Monaco et à Gstaad en Suisse, pour un chiffre d’affaires de 12 millions d’euros en 2006.

À quand les ventes de voitures en France ?
C’est un projet en discussion. Le Salon Rétromobile, qui se tient tous les ans en février à Paris, serait le lieu approprié. Mais la direction anglaise de Bonhams n’a pas nécessairement très envie d’investir en France, de monter une SVV. La législation française est compliquée (fiscalité, droit du travail…). Mais nous y viendrons certainement un jour. En attendant, nous venons de recruter un spécialiste, Pierre Novikoff, basé depuis novembre à Paris. Il parle couramment russe, ce qui est très utile, en particulier à Monaco où nous acceuillons une clientèle russe de plus en plus active.

À quelle date se tient votre prochaine vente ?
Elle aura lieu le 21 mai à Monaco, pour la 18e année consécutive, traditionnellement le lundi précédent le Grand Prix de F1. 80 lots seront proposés pour un montant global de 10 millions d’euros. La vacation comprend la collection hollandaise « Gran Turismo Classic », soit 11 voitures présentées sans prix de réserve (une Ferrari 365 GTC, une Bugatti EB110, une rarissime Iso Grifo 7-Litre…) et une collection française de neuf Aston Martin dont une DB5 (modèle mythique de James Bond !). Celle-ci est entièrement d’origine, exposée au Salon de Paris de 1964 et estimée 200 000 euros. Parmi les pièces phares, j’attire votre attention sur une Jaguar XK120 Supersonic avec une carrosserie spéciale réalisée par l’Italien Ghia, estimée 370 000 euros ; une Ferrari FXX, estimée 1,7 million d’euros, et deux Mercedes CLK GTR – un coupé édité à 25 exemplaires et un roadster réalisé à 5 exemplaires
–, estimées 700 000 et 800 000 euros.

 

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°259 du 11 mai 2007, avec le titre suivant : Mathieu Lamoure, directeur du département automobiles pour l'Europe continentale chez Bonhams à Paris

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