Polémique

L’IMA dans la tourmente

Par Sophie Flouquet · Le Journal des Arts

Le 1 août 2007 - 440 mots

Un récolement mené trop vite pourrait avoir de fâcheuses conséquences.

 PARIS - Excès de prudence ou de zèle ? Pour quelles raisons, Dominique Baudis, président de l’Institut du monde arabe (IMA) depuis le 1er février 2007, a-t-il choisi de communiquer avec tant d’empressement sur une affaire qui aurait pu rester cantonnée aux bureaux feutrés de l’institution ? En cette année de son vingtième anniversaire, l’IMA fait décidément bruyamment parler de lui. Après la révélation de sa désastreuse situation financière (lire le JdA no 249, 15 décembre 2006, p. 5), voici donc que des soupçons de trafic d’œuvres d’art planeraient au-dessus du navire de la culture arabe construit par Jean Nouvel en bordure de Seine. De quoi largement décrédibiliser une institution jusque-là réputée pour le succès de ses expositions temporaires. Tout est parti d’un contrôle d’inventaire effectué le 23 avril par un magistrat de la Cour des comptes, à la demande d’un président désireux de remettre de l’ordre dans un établissement où ses prédécesseurs n’avaient souvent tenu qu’un rôle honorifique. Plus de quatre-vingts pièces manquent alors à l’appel. Au lieu d’attendre patiemment une seconde vérification et de consulter le directeur du musée, Brahim Alaoui, Dominique Baudis porte plainte contre X… et alerte la presse sur l’affaire. Le directeur est mis à pied immédiatement à titre conservatoire, sans avoir connaissance de la liste des œuvres manquantes. Il sera convoqué quelques jours plus tard par la police judiciaire et placé quelques heures en garde à vue. Or, rapidement, Dominique Baudis admet que la plupart des œuvres ont été retrouvées – dont certaines dans son bureau. Aujourd’hui, seuls deux petits tissus coptes seraient encore portés disparus ; ils auraient été mal répertoriés et classés dans des livres. Le président fait par ailleurs état de la présence de plusieurs pièces non répertoriées, mises sous clef dans un local. « Des dépôts d’artistes entreposés après des expositions de manière provisoire », précise-t-on aujourd’hui à l’IMA. En somme, pas de quoi s’affoler, si ce n’est de l’absence de précautions en termes d’assurance.

Confrontation
Si Brahim Alaoui, qui dirige le musée de l’IMA depuis sa création, reconnaît certains manquements en termes de gestion administrative, il s’accommode mal de la manière dont a été traitée l’affaire. Une confrontation a eu lieu à l’IMA le 29 mai entre le directeur et son président. Pour l’heure, aucun des protagonistes ne souhaite commenter cet entretien. Au sein de l’établissement, l’affaire laisse néanmoins un goût amer. Qui connaît le monde des musées sait en effet que la rigueur n’est pas toujours de mise dans la tenue des inventaires, faute de personnel. En faire la publicité n’est en revanche jamais une stratégie avantageuse pour l’institution. À moins de vouloir discréditer l’équipe en place. Pour la remplacer plus facilement ?

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°261 du 8 juin 2007, avec le titre suivant : L’IMA dans la tourmente

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