Arts premiers

Bruxelles riposte

Par Roxana Azimi · Le Journal des Arts

Le 30 juillet 2007 - 396 mots

Face au dynamisme de la place parisienne, Bruneaf contre-attaque à Bruxelles du 6 au 10”¯juin en organisant l’exposition de la collection Willy Mestach.

 BRUXELLES - Occultée l’an dernier par le double effet de la Vente Vérité et de l’ouverture du Musée du quai Branly, la Brussels non European Art Fair (Bruneaf) n’entend pas passer à la trappe. Cette foire d’arts primitifs a compris qu’il fallait plus que sa légendaire bonhomie et ses prix doux pour compenser le basculement du marché vers Paris. Elle se ressaisit cette année en misant encore sur les synergies. Après celle initiée depuis deux ans avec les foires Brussels Oriental Art Fair (Boafair) et Brussels Ancient Art Fair (BAAF), elle s’attelle à une autre collaboration avec la maison de ventes Pierre Bergé & Associés Bruxelles (lire p. 26). Cette dernière organise deux ventes d’art africain au moment de l’événement, mais surtout abrite l’exposition de l’importante collection Willy Mestach (cf. encadré). Ce soubresaut n’est pas étranger au retour de Bernard Dulon (Paris). Profitant d’une année sans biennale, il renoue avec le salon en présentant notamment le célèbre fétiche à clous de la collection Arman. Les Parisiens Yann Ferrandin et Renaud Vanuxem, qui s’étaient dérobés l’an dernier en raison des festivités parisiennes, lui emboîtent aussi le pas. Fidèle parmi les fidèles, Maine Durieu (Paris) affiche des bronzes gan et une collection d’or baoulé, tandis que Marc Felix (Bruxelles) ne déroge pas à ses accrochages aussi pointus qu’esthétiques en présentant les sous-groupes des Luba. Même s’il concocte une exposition sur le Nigeria pour Kaos-Parcours des Mondes à Paris, Patrick Claes (Bruxelles) ne joue pas petit bras avec un beau masque fang, proche du type Derain conservé au Musée du quai Branly. Cette édition marque aussi le retour de Joseph Gerena (New York) avec une exposition transversale dédiée à l’océan. Ce dernier avoue préférer l’èthos bruxellois à la frénésie parisienne de Kaos. « Paris devient de plus en plus cher. Les gens ont plus de pression pour faire du business, observe-t-il. De fait, Bruxelles est un meilleur endroit pour faire des affaires. Sur Bruneaf, j’achète même plus que je ne vends. » Rappelons-le, la majorité des transactions sur Bruneaf s’effectue entre marchands.

BRUNEAF

Du 6 au 10 juin, place du Grand Sablon, Bruxelles, tél. 32 2 514 02 09 www.bruneaf.com, tlj 11h-19h. - Président : Patrick Mestdagh - Nombre d’exposants : 49 - Tarif : 2 500 euros en moyenne par exposant

Mestach l’Africain

Bruneaf et Bergé & Associés se donnent la main pour dévoiler du 6 au 29 juin 111 chefs-d’œuvre d’art africain, issus de la collection du peintre Willy Mestach. Si la moitié a déjà été présentée voilà une quinzaine d’années à Minneapolis, les organisateurs ont pu sortir des placards 50 pièces inédites. « C’est une collection d’artiste, observe Patrick Mestdagh, président de Bruneaf. Willy est un précurseur qui, dans les années 1950, a préféré à la sculpture classique l’art de la forêt comme les [pièces] Songye et Lega, qu’il a pu acheter avec peu d’argent parce que les gens ne s’y intéressaient pas. » Pour le marchand Marc Felix, « Willy essaye de désenclaver l’art africain pour le lier aux grands symboles de l’humanité. » Aussi, cet ensemble a-t-il inspiré sa peinture. L’intéressé, qui confie un attachement particulier à une canne nyamwezi de Tanzanie, s’oriente aujourd’hui vers des objets chamaniques. Si cette exposition réjouit les exposants de Bruneaf, la perspective des deux ventes publiques menées par Bergé suscite quelques grincements. « Qu’on se soit associé ou non à Bergé, ces ventes auraient eu lieu, remarque Patrick Claes. C’est plus intelligent de jouer avec elles, que contre elles. »

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°260 du 25 mai 2007, avec le titre suivant : Bruxelles riposte

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