Arts Premiers

Glissement de terrain

Par Armelle Malvoisin · Le Journal des Arts

Le 30 juillet 2007 - 769 mots

La maison Pierre Bergé & Associés se lance dans les arts premiers à Bruxelles, pour mieux concurrencer les ventes de Sotheby’s et Christie’s à Paris.

 PARIS/BRUXELLES - 2007 est un peu une année test pour la maison Pierre Bergé & associés (PBA) qui déserte Paris dans diverses spécialités pour développer l’activité de sa filiale bruxelloise. Les arts premiers dont les Belges sont très friands, figurent en première ligne. Deux ventes inaugurales ont été programmées dans le contexte euphorisant et synergique du salon Bruneaf, avec l’exposition commune Mestach, l’Africain comme catalyseur (lire p. 28). Elles débuteront le 5 juin avec la collection de Serge et Monique Holtz, rare ensemble d’art des Indiens des plaines incluant une robe de femme crow de la fin du XIXe siècle, en coton et dents d’élan, estimée 4 000 euros.

Le « Maître de Mobaye »
La vente d’art premier du 7 juin comprend la collection Francine Maurer qui amassa pendant plus de 25 ans des objets africains et indonésiens, dans une fourchette d’estimation comprise entre 500 et 15 000 euros. Parmi les pièces importantes appartenant à divers amateurs, on notera un beau masque Mukuye Punu provenant du sud du Gabon, tirant sa grande originalité de sa puissante morphologie. Il est estimé 100 000 euros comme le couple vedette de la vente, une paire de statues magiques Yanda attribuées à l’atelier du « Maître de Mobaye », originaires du nord du Congo et provenant de l’ancienne collection Raymond Dauvin, administrateur des colonies en poste en Afrique Équatoriale Française de 1914 à 1929. C’est un des rares lots venant de Belgique. Le but de PBA est d’inciter les amateurs belges à confier leurs collections à sa filiale bruxelloise. Bruxelles sera-t-elle amenée à concurrencer Paris ?

Sotheby’s domine le marché
C’est sans compter sur l’occupation écrasante de Sotheby’s sur le terrain des arts premiers à Paris. Avec 8,89 millions d’euros de recette pour sa vente du 23 juin 2006 à Paris, l’auctioneer a réalisé son record historique dans cette spécialité, qui est presque passé inaperçu dans le fol enthousiasme de la vente Vérité (44 millions d’euros) quelques jours plus tôt à Drouot.

Grandes statues africaines
Le 8 juin, Sotheby’s est en passe de battre sa performance de 2006 avec un catalogue de 9 millions d’euros d’objets en estimation haute. La vente est articulée autour de deux ensembles majeurs : les collections Andreas et Kathrin Lindner de Munich et Hans et Suzanne Greub de Bâle. Attirés par les formes puissantes, les Lindner ont réuni de grandes statues africaines, telles une statue Yombé ou Vili du Congo, estimée 250 000 euros ; un rare masque anthropozoomorphe Kwélé du Gabon daté des années 1920-1930, estimé 200 000 euros ; une très ancienne sculpture Dogon Djennenké du Mali qui remonterait au XIIe siècle, estimée 150 000 euros, ou encore une importante statue commémorative d’un roi Bangwa, de la vallée de Fontem dans la région du Grassland au Cameroun, estimée 300 000 euros.
L’Océanie dans toute sa monumentalité a également séduit les Lindner à l’instar d’une rare statue d’homme dansant du groupe Kiwai du Golfe de Papouasie en Nouvelle-Guinée, estimée 100 000 euros ou d’une grande figure à crochets Yipwon provenant du Moyen Sepik en Papouasie-Nouvelle-Guinée, incarnant un esprit-gardien de la guerre et de la chasse, datant du XVIIe siècle et estimé 300 000 euros.

La collection des Greub
Demeurée confidentielle depuis son exposition en 1985 à Bâle, la collection des Greub est essentiellement constituée d’œuvres de la région du fleuve Sepik, en Papouasie-Nouvelle-Guinée. Une partie importante est issue de la collection du célèbre marchand berlinois Arthur Speyer, et certaines pièces, collectées lors des grandes expéditions scientifiques allemandes sur le fleuve Sepik avant 1914, proviennent des musées de Stuttgart et de Munich. Cette collection compte plusieurs objets Iatmul du Moyen Sepik dont une sculpture monumentale représentant un personnage féminin assis au visage très expressif, estimée 50 000 euros. Enfin, quelques lots insignes attireront l’attention le 11 juin chez Christie’s tel un masque en écailles de tortue provenant du détroit de Torres au nord de la Nouvelle-Guinée, estimé 400 000 euros. Il est issu de l’ancienne collection Nelson Rockefeller et a fait partie des collections du Metropolitan Museum of Art de New York.

- ART INDIEN D’AMÉRIQUE DU NORD et ARTS PRIMITIFS, ventes les 5 et 7 juin, Salle des beaux-arts, 40, place du Grand Sablon, Bruxelles, SVV Pierre Bergé & Associés, tél. 32 2 504 80 30, expositions publiques : du 1er au 6 juin 10h-18h et le 7 juin 10h-15h, www.pba-auctions.com - ART D’AFRIQUE ET D’OCÉANIE, vente le 8 juin, Sotheby’s, 76, rue du Faubourg Saint-Honoré, 75008 Paris, tél. 01 53 05 53 05, expositions publiques : du 3 au 7 juin 10h-18h, www.sothebys.com - ART AFRICAIN ET OCÉANIEN, ventes le 11 juin, Christie’s, 9, avenue Matignon, 75008 Paris, tél. 01 40 76 85 85, expositions publiques : les 8, 9 et 10 juin, 10h-18h, www.christies.com

PIERRE BERGÉ & ASSOCIÉS, ventes les 5 et 7 juin - Experts : Jacques Blazy (arts amérindiens), Pierre Amrouche et Alain de Monbrison (art africain et océanien) - Estimation : 150 000 1,5 million d’euros - Nombre de lots : 188 463 Sotheby’s, vente le 8 juin - Experts :Marguerite de Sabran et Patrick Caput (consultant) - Estimation : 6 à 9 millions d’euros - Nombre de lots : 275 CHRISTIE’S, ventes le 11 juin - Experts : Tim Teuten - Estimation : 1,5 million d’euros - Nombre de lots : 311

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°260 du 25 mai 2007, avec le titre suivant : Glissement de terrain

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