Art contemporain

L’Est à Vienne

Par Philippe Régnier · Le Journal des Arts

Le 30 juillet 2007 - 482 mots

Viennafair, organisée du 26 au 29”¯avril,
manque encore de souffle.

VIENNE - Cousine de la FIAC (Foire internationale d’art contemporain de Paris) puisqu’elle est aussi organisée par une filiale de Reed Exhibitions, la foire d’art contemporain Viennafair, à Vienne, n’en est pourtant, du point de vue du contenu, qu’une lointaine parente. Lancée en 2005, la manifestation en est encore, il est vrai, à ses prémices, même si de grandes tendances se font aujourd’hui clairement jour. Ainsi, profitant d’une position centrale en Europe depuis son élargissement à l’est, le salon se focalise sur les scènes des anciens pays du bloc soviétique, avec 27 exposants sur un total de 107. Ici, les propositions sont extrêmement diverses, à l’image du stand bondé de la galerie Zvono (Belgrade) sur lequel les visiteurs pouvaient découvrir, horrifiés, des artistes serbes post-pop et néo-géo, pâles déclinaisons de Jeff Koons et Takashi Murakami. Heureusement, d’autres relevaient le niveau, à l’instar de la galerie Podmar, de Ljubljana (Slovénie), avec des pièces de Primož Bizjak, Dan Perjovschi ou Yuri Leiderman, ou de la galerie Raster (Varsovie) et ses photographies de Zbigniew Libera ainsi que les bibliothèques aux étranges effets d’optique du Franco-Polonais Nicolas Grospierre. De son côté, la galerie XL (Moscou) proposait une installation multimédia d’Aristarkh Chernyshev et Vladislav Efimov sombrement intitulée Kill the Artist. Cette ouverture vers l’est dépassait l’aspect marchand avec toute une section de la foire ouverte aux institutions, musées et centres d’art, qui y présentaient leur programme, faisant de Viennafair une véritable vitrine pour les scènes de ces pays.
Intitulé « Zone 1 », un espace destiné à des projets d’artistes se déployait au centre de la foire. Ici, Shahryar Nashat (Elisabeth Kaufmann, Zurich) exposait une grande installation convaincante tandis que Zenita Komad (Suzanne Tarasiève, Paris/Galerie Krinzinger, Vienne) offrait une composition organique et colorée.
En dépit de ces ouvertures, Viennafair se révèle être, du point de vue du marché, une foire locale. Sur les 107 galeries, 37 sont ainsi viennoises. Les œuvres exposées, proposées dans une fourchette de prix très raisonnables, traduisent aussi la présence d’une clientèle avant tout autrichienne, puisque, malgré un programme d’événements alléchants organisés dans la ville pendant la foire, le pourcentage de visiteurs étrangers reste modéré. À collectionneurs locaux, artistes du cru : même auprès des galeries les plus réputées, les créateurs autrichiens étaient en vedette, depuis les dernières œuvres de Hermann Nitsch chez Ernst Hilger (Vienne) à d’autres d’Arnulf Rainer (Lelong, Zurich), d’Otto Muehl (Hummel, Vienne) ou de Bruno Gironcoli (Judith Walker, Weizelsdorf, Autriche). Le second marché était aussi de la partie, à l’exemple des pièces sans surprise de Warhol chez Benden & Klimczak (Cologne) comme chez son voisin sur la foire, Budja (Salzbourg). Enfin, à côté de ses Günther Uecker, la galerie Tazl. (Graz) présentait trois petits Klein, en écho à la présentation viennoise de la rétrospective de l’artiste organisée l’hiver dernier au Centre Pompidou. Mais ces respirations restaient insuffisantes pour une foire qui manque encore de souffle.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°259 du 11 mai 2007, avec le titre suivant : L’Est à Vienne

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