Présidentielle

Quel ministre pour la Culture ?

Par Sophie Flouquet · Le Journal des Arts

Le 30 juillet 2007 - 734 mots

Alors que Nicolas Sarkozy envisage la suppression d’un ministère uniquement dédié à la culture, les candidats au poste se bousculent dans les deux camps.

PARIS - Le ministère de la Culture, dans ses attributions actuelles, vit-il ses derniers jours ? Claire sur ce sujet, la position de Nicolas Sarkozy, candidat leader à l’issue du premier tour de scrutin, le 22 avril, prévoit en effet la dilution du ministère de la Culture au sein d’un grand pôle réunissant Éducation nationale et Culture. Une annonce qui n’a pourtant pas refréné les prétendants à la charge, qui jouent des coudes avec d’autant plus de fébrilité que Nicolas Sarkozy a annoncé vouloir constituer un gouvernement resserré à quinze ministres de plein exercice – ce qui n’exclut pas de multiplier les postes de secrétaires d’État – dont une moitié issue de la gent féminine. Parmi les engagés de première heure dans cette course à la Rue de Valois, l’actuel titulaire du poste, Renaud Donnedieu de Vabres, n’a eu de cesse de répéter publiquement qu’il était candidat à sa propre succession, quitte à agacer son nouveau mentor. Son bilan peu convaincant, notamment sur les dossiers-clefs de l’intermittence et de la loi sur le droit d’auteur sur Internet (DAVSI), tout comme son ralliement tardif au candidat de l’UMP, plaident pourtant peu en sa faveur. Au mieux, ce dernier pourrait se voir proposer une charge de secrétaire d’État d’un maigre standing pour un ancien ministre.

Prétendants illégitimes ?
Autre candidat pressenti : Xavier Darcos, actuel maire de Périgueux. Proche d’Alain Juppé, cet ancien professeur agrégé de lettres et inspecteur général de l’Éducation nationale a pour net avantage d’avoir été ministre délégué à l’Enseignement scolaire des deux premiers gouvernements Raffarin (2002-2004). Il connaît donc la fonction pour un ministère qui serait inévitablement dominé par l’Éducation nationale. Parmi les prétendants, un temps envisagés, figure aussi le jeune Laurent Hénart, premier adjoint au maire de Nancy, député de Meurthe-et-Moselle et membre de la garde rapprochée de Jean-Louis Borloo, dont il a été un éphémère secrétaire d’État. Le ralliement de son parti, les radicaux valoisiens, négocié par le ministre de la cohésion sociale, a toutefois fait récemment bouger les lignes. Jean-Louis Borloo semble, en effet, désormais briguer la Mairie de Paris. Or, il lui faudra pour cela en débouter sa prétendante légitime, Françoise de Panafieu, députée-maire du 17e arrondissement de Paris, désignée par les militants de l’UMP lors des primaires de février 2006. En contrepartie, celle-ci pourrait se voir proposer un poste ministériel, ou tout au moins une charge de secrétaire d’État. Mais Panafieu, organisatrice de la Convention culture de l’UMP, en janvier 2006, et ancienne adjointe à la Culture de Jacques Chirac à la Mairie de Paris, n’a jamais caché son intérêt pour ce sujet.
Côté socialiste, où l’on envisage au contraire un renforcement du ministère de la Culture, les choses ne sont pas davantage jouées. Si Ségolène Royal entend « renouer avec le souffle de 1981 », l’inoxydable Jack Lang a peu de chances de retrouver sa place Rue de Valois. Celui-ci pourrait se voir confier une charge de conseiller culturel à l’Élysée, tout comme Laure Adler, qui occupa jadis ce poste auprès de François Mitterrand. Le respect du fonctionnement de l’appareil du parti voudrait que soit désignée Anne Hidalgo, secrétaire nationale à la Culture et aux médias, et première adjointe du maire de Paris. Toutefois, l’inimitié réciproque que les deux femmes nourrissent, récemment révélée au public dans le cadre du débat sur la licence globale, penche peu en sa faveur. L’important travail réalisé par Anne Hidalgo et son équipe en amont du grand raout sur la culture de Nantes, le 26 mars, a ainsi été royalement ignoré par la candidate. La désignation de Jean-Marc Ayrault, maire de Nantes – une municipalité vitrine de la politique socialiste en matière de culture –, reste toutefois peu probable, ce dernier étant pressenti à Matignon. Un autre nom pourrait toutefois sortir du chapeau : celui de Jean-Jack Queyranne, ancien ministre, président de la région Rhône-Alpes, qui s’est affiché précocement en faveur de la candidate. Ce dernier a multiplié les interventions sur la culture, et s’est même fendu d’un ouvrage en forme de programme, intitulé sobrement « Pour la culture ! De Jean Vilar à Bénabar, réussir la suite de l’histoire ». Il semble donc bien placé pour l’emporter. Toutefois, d’un côté comme de l’autre, le jeu des ralliements de dernière heure pourrait venir brouiller les pistes. La campagne ne fait donc que commencer, y compris pour les aspirants ministres de la culture.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°258 du 27 avril 2007, avec le titre suivant : Quel ministre pour la Culture ?

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