Maastricht

Tefaf, les ventes en poupe

Par Roxana Azimi · Le Journal des Arts

Le 27 juillet 2007 - 739 mots

Malgré un rythme moins électrique, la foire a confirmé sa réussite du 9 au 18 mars à l’occasion de ses vingt ans.

 MAASTRICHT - Fidèle à sa réputation, Tefaf Maastricht a confirmé sa suprématie sur ses concurrentes. Suprématie en termes de ventes, mais surtout en qualité. Décliné chez trois exposants, l’artiste Simon Vouet a tenu la vedette. Mais entre sa Sainte Catherine d’Alexandrie, achetée en septembre dernier dans une petite vente à Detroit et proposée pour 5 millions de dollars par Richard Green (Londres), et la Vierge à l’enfant de Coatalem (Paris), le cœur penchait en faveur du second. Aussi belle soit-elle, la Sainte Catherine avait été quelque peu « aplatie » par une restauration à l’anglo-saxonne. Le regard était aussi capté par le magnifique portrait du Comte Honoré de la Riboisière par le baron Antoine-Jean Gros, vendu par Jean-François Heim (Paris), et par le Christ de Jacques Blanchard, redécouvert chez Didier Aaron et Cie (Paris). À elle toute seule, la galerie Downtown (Paris) valait le détour, avec un stand où la qualité de l’architecture le disputait à celle des meubles, parmi lesquels quelques inédits, comme la table gainée d’inox conçue par Pierre Jeanneret en 1941. La cuvée fut marquée par deux visites surprenantes. Retour de l’enfant prodigue, le Cheikh Saoud Al Thani du Qatar a multiplié les emplettes du côté de l’archéologie. Plus people, Silvio Berlusconi a fait couler l’encre des gazettes locales, en emportant notamment un tableau chez Berko (Knokke-le-Zoute). Mais c’est grâce à une autre clientèle que les pièces phares de l’édition ont trouvé preneur, tel le Nautile d’Augsbourg de la galerie Kugel (Paris), acquis par un musée. Malgré les doutes des spécialistes quant à sa datation, le récipient à vin en forme de tapir a été cédé à un acheteur chinois par Littleton & Hennessy (Londres-New York). Adjugé dans une vente suisse en décembre dernier et doté d’un test de thermoluminescence du laboratoire d’Oxford, ce bronze affichait la coquette somme de 12 millions de dollars. Konrad Bernheimer (Munich-Londres) a, quant à lui, liquidé toutes ses toiles de Jean-François de Troy. La paire de couples mythologiques, issue de la vente Segoura, a gagné une collection anglaise, tandis que le Pâris et Œnone, vu et revu de salon en salon, a rejoint la collection d’un Hollandais. « Le rythme n’est pas aussi vif que l’an dernier, objecte toutefois Nana Dekking, de la galerie Wildenstein & Company (New York). Bien que les gens disent qu’ils ne se soucient guère des vicissitudes de la bourse, il faut se demander si l’économie est aussi bonne que tout le monde le prétend. L’an dernier, nous avons vendu pour 20 millions de dollars en peu de temps. Ce n’est pas le cas cette année. » Même si certains ont pu se griser du rythme électrique de 2006, Maastricht a toujours été une foire de longue haleine.
Pour ce qui est de la présence déguisée de Christie’s et Sotheby’s via King Street Fine Art (Londres) et Noortman (Maastricht), elle n’a pas changé grand-chose au cours des affaires. « C’est une tempête dans un verre d’eau, souligne Michael Findlay, directeur de la galerie Acquavella (New York). Mais par principe, les galeries ne vont pas installer des stands dans le hall d’une maison de vente lorsqu’elle y tient ses vacations… » Pour avoir misé davantage sur le XXe siècle que sur l’art ancien, King Street Fine Art pourrait rejoindre l’an prochain le parterre moderne et contemporain de la foire. Un parterre qui cette année a joué la carte de l’artillerie lourde mais sans charme. Les résultats ont d’ailleurs été mitigés. Forts d’un arsenal classique, PaceWildenstein (New York) et Hauser & Wirth (Zurich-Londres) ont fait un carton.
De même, la galerie Odermatt-Vedovi (Paris-Bruxelles) a cédé sans coup férir trois beaux Magritte inédits sur le marché. Acquavella présentait, quant à elle, un tableau de Renoir, Dans les roses, confié par le milliardaire Steve Wynn. Celui-ci l’avait acheté pour 23,5 millions de dollars en 2003. Il en attendait sur Tefaf 45 millions de dollars. Les marchands cherchent souvent à appliquer à Maastricht les mêmes méthodes qu’à Bâle en gonflant les prix. Mais dans une foire généraliste, il y a matière à comparaison. Qui serait prêt à acheter un autoportrait de 1932 de Max Beckmann pour la somme délirante de 30 millions de dollars chez Marlborough (Londres), alors que pour 440 000 euros on peut emporter un magnifique portrait par Philippe de Champaigne chez Jack Kilgore (New York) ?

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°256 du 30 mars 2007, avec le titre suivant : Tefaf, les ventes en poupe

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